Author: Roudy Bernadin Economiste Roudy

  • Haiti et le Rwanda… deux choix différents

    Haiti et le Rwanda… deux choix différents

    Sur les cendres de la campagne de génocide qui a choqué le monde en 1994, le Rwanda parvient à réaliser le miracle économique de l’Afrique. Sous la direction de Paul Kagame, le rétablissement du Rwanda après le génocide a été remarquable. Haïti, entre-temps, n’a pas connu de croissance économique malgré des milliards de dollars d’aides,  un allègement de dette de 1,2 milliard de dollars auprès de la Banque mondiale, du Fonds Monétaire International et d’autres créanciers et environ 2 milliards de dollars de nouvelles dettes.

    Alors que les deux pays semblent être des mondes à part, l’un se situe en Amérique et l’autre en Afrique, les deux pays sont très similaires à bien des égards. Les deux pays ont presque la même superficie. La superficie d’Haïti est de 27 750 kilomètres carrés, dont 38,5% de terres arables et 18 426 kilomètres carrés de terres agricoles, contre 26 338 kilomètres carrés pour le Rwanda, dont 47% de terres arables et 19 622 kilomètres carrés de terres agricoles. Haïti a une superficie de 190km2 d’eau de surface, contre 1 670 km2 pour le Rwanda. Cependant, le Rwanda est un pays enclavé sans littoral et Haïti a 1 771 km de littoral.

    La nature dote les deux pays de manière relativement similaire avec les ressources naturelles. Les ressources naturelles d’Haïti comprennent la bauxite, le cuivre, le carbonate de calcium, l’or, le marbre et les terres arables. Les ressources naturelles du Rwanda comprennent l’or, la cassitérite (minerai d’étain), la wolframite (minerai de tungstène), le méthane et les terres arables.

    Rwanda Haïti
    Superficie des terres 24,668 km2 27,560 km2
    Zone d’eau 1,670 km2 190 km2
    Superficie totale 26,338km2 27,750km2
    Population 12,988,423 10,485,800
    Littoral 0 Km 1,771km
    Terres irriguées (2012) 970km2 96km2
    Terre agricole 66,4% 74,5%
    Terres arables 38,5% 47%
    Récoltes permanentes 10,2% 10,1%
    Pâturage permanent 17,7% 17,4%

    Bien qu’Haïti soit classé comme un État fragile, les fondamentaux sont plus favorables à Haïti que le Rwanda. Selon un rapport de l’ONU, Haïti ne fait pas partie d’une région troublée comme l’Afrique centrale où se situe le Rwanda. Cette partie du monde est confrontée à de graves problèmes de voisinage. Le seul problème de voisinage significatif pour Haïti est l’utilisation faite du pays par les trafiquants de drogue colombiens comme point de transit pour l’Amérique du Nord. Ceci est simplement une affaire de criminalité internationale, non liée à un agenda politique ; Haïti est utilisé parce qu’il est le seul État fragile de la région et qu’il est donc le lieu de transit de choix pour les criminels internationaux.

    Haïti n’a pas les problèmes sociopolitiques structurels insolubles qui ont submergé la plupart des autres États fragiles. Contrairement au Rwanda, Haïti n’est pas ethniquement divisé, il n’a pas d’histoire de clivage idéologique profond. Si certains considèrent l’élite économique à la peau claire comme une classe privilégiée qui empêche le pays d’aller de l’avant, c’est simplement une tension de classe qui existe dans toutes les sociétés du monde, y compris les pays les plus prospères. Haïti n’a pas de groupe politique armé et organisé prêt à se rebeller et n’a plus d’établissement militaire en quête de rôles politiques.

    Bien qu’Haïti ne souffre pas de violence à motivation ethnique, la longue histoire de fragilité socio-économique, associée à l’instabilité politique, sont les principaux problèmes en Haïti. Pendant au moins quatre décennies, les Haïtiens n’ont connu aucune amélioration de leur revenu par habitant. Entre-temps, le revenu par habitant au Rwanda n’a cessé d’augmenter année après année depuis le génocide qui a coûté la vie à 800 000 personnes et déplacé plus de 2 millions de personnes.

    À la même époque, le Rwanda avait son génocide, il y a eu une période de bouleversement politique et un embargo économique sévère en Haïti. Le 30 septembre 1991, le gouvernement haïtien a été renversé par un coup militaire. Ce bouleversement politique a abouti à un embargo commercial draconien sur tous les biens, à l’exception des médicaments et les denrées alimentaires.

    Avec 2,7 milliards de dollars américains, Haïti dispose d’un budget national plus important que celui du Rwanda, qui dispose d’un budget de 2,1 milliards de dollars pour l’exercice 2018-2019. Alors que le Rwanda devrait faire avancer son économie avec son budget, les dirigeants haïtiens ont choisi une voie différente pour Haïti. Le Rwanda consacre 57% de son budget à la transformation économique avec l’objectif primordial d’accélérer la croissance économique inclusive et le développement fondé sur le secteur privé, le savoir et les ressources naturelles du Rwanda.  Haïti, d’autre part, n’a pas fait du bon travail dans la gestion de ses ressources et, historiquement, les budgets du pays ne reflètent pas ses priorités. Pour l’exercice fiscal 2018-2019, la plupart des ressources nationales d’Haïti serviront à financer les dépenses d’administration du gouvernement, telles que les salaires et autres avantages généreux des fonctionnaires, les subventions, les dépenses en capital et les autres dépenses.

    Voici un aperçu des performances économiques des deux pays. Tous les chiffres sont basés sur les données de la Banque mondiale.

    Croissance du PIB Haïti vs Rwanda

    Depuis 1997, la performance économique du Rwanda a dépassé celle d’Haïti en termes de croissance du produit intérieur brut (PIB). Au cours des 20 dernières années, la croissance du PIB rwandais a atteint en moyenne 7,98%, alors que la croissance du PIB haïtien est en moyenne de 1,39%. À un taux de croissance de 6,10% en 2017 par rapport à l’année précédente, l’économie du Rwanda a progressé 5 fois plus vite que l’économie haïtienne, qui n’a progressé que de 1,20% la même année.

    Comparaison du PIB Haïti vs Rwanda

    Le produit intérieur brut (PIB) au Rwanda s’élevait à 9,14 milliards de dollars en 2017. Le PIB du Rwanda était en moyenne de 2,28 milliards de dollars de 1960 à 2017, atteignant un record historique de 9,14 milliards de dollars en 2017. Le PIB en Haïti était de 8,41 milliards de dollars américains en 2017. Le PIB en Haïti s’est établi en moyenne à 5,06 milliards de dollars de 1991 à 2017, atteignant un record historique de 8,78 milliards de dollars en 2014.

    Comparaison du PIB par habitant en Haïti et au Rwanda

    Avec un PIB par habitant de 479,55 dollars, Haïti se portait beaucoup mieux que le Rwanda, qui avait un PIB par habitant de 271,08 dollars en 1991. En 2017, le produit intérieur brut par habitant en Haïti était de 765,68 dollars et le PIB par habitant du Rwanda était de 748,39 dollars américains. Ajusté par la parité de pouvoir d’achat (PPA), qui correspond au produit intérieur brut converti en dollars internationaux en utilisant les taux de parité du pouvoir d’achat, le produit intérieur brut par habitant en Haïti a été enregistré à 1814,94 US, et 2035,65 US au Rwanda.

    Inflation, prix à la consommation (% annuel) Comparaison entre Haïti et le Rwanda

    Au cours des deux dernières décennies, Haïti a enregistré un taux d’inflation annuel moyen deux fois supérieur à celui du Rwanda. Le taux d’inflation annuel moyen entre 1996 et 2016 est de 12,70%, contre un taux d’inflation moyen de 6,36% au Rwanda.

    20 ans après le génocide, le Rwanda a réalisé une croissance économique remarquable avec une tolérance zéro pour la corruption, la stabilité politique et un objectif déclaré d’éliminer l’aide étrangère. En proie à l’instabilité politique et à la corruption, Haïti, en revanche, a connu une croissance misérable au cours des 20 dernières années. Selon les modèles de Tradingeconomics et les attentes des analystes, le taux de croissance annuel du PIB rwandais devrait croître à 7,40 en 12 mois. À long terme, le taux de croissance annuel du PIB du Rwanda devrait se situer autour de 6,60% en 2020, tandis que le taux de croissance annuel du PIB haïtien devrait avoisiner 1,40% en 2020.

  • La Monnaie Haïtienne En Prend Pour Son Rhume

    La Monnaie Haïtienne En Prend Pour Son Rhume

    Depuis la dernière intervention monétaire de la Banque Centrale Haïtienne en mai de l’année dernière qui a renforcé temporairement la gourde par rapport au dollar américain, la monnaie locale continue à se déprécier, approchant les taux observés avant l’injection de 116 millions de dollars de la banque centrale sur le marché des changes locale.

    Mercredi, la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt. Cela signifie que la monnaie haïtienne peut se déprécier encore plus par rapport au dollar, car les hausses du taux des fonds fédéraux entraînent un renforcement du dollar américain. Lorsque la Réserve fédérale augmente les taux, elle réduit normalement les pressions inflationnistes et travaille à l’appréciation du dollar.

    Les taux d’intérêt seuls ne déterminent pas la valeur d’une monnaie. Deux autres facteurs tels que la stabilité politique et économique et la demande de biens et de services d’un pays sont souvent plus importantes. Des facteurs tels que la balance commerciale d’un pays entre les importations et les exportations peuvent être un facteur crucial pour déterminer la valeur de la monnaie.

    Les États-Unis ont longtemps été l’un des principaux partenaires commerciaux d’Haïti pour les exportations et les importations. En 2017, le commerce total entre les deux pays s’élève à 2,33 milliards de dollars avec un déficit commercial de 490,9 millions selon le Census Bureau des États-Unis. Par conséquent, le déficit commercial affaiblit la monnaie.

    Lorsque l’économie se porte bien, la banque centrale peut augmenter les taux d’intérêt. La dernière augmentation place le taux des fonds fédéraux dans une fourchette entre 1,75 et 2 pour cent. Le marché du travail a continué de se renforcer, et l’activité économique a augmenté à un rythme solide, selon le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.



    Cependant, il y a de grandes inquiétudes concernant l’escalade d’une guerre commerciale. Président Trump a refusé ce samedi dernier de signer un communiqué conjoint avec six les plus proches alliés économiques et partenaires commerciaux des Etats-Unis après s’être disputé avec les dirigeants sur des tarifs douaniers. Selon un rapport de la Banque mondiale, une escalade de la guerre commerciale mondiale pourrait se traduire par une baisse des flux commerciaux mondiaux de l’ordre de 9%, similaire à la baisse observée pendant la crise financière mondiale de 2008-2009. Un déclin mondial affectera toutes les économies, même l’économie haïtienne.

    De plus, du côté haïtien, les choses ne vont pas mieux non plus. Plusieurs partis politiques ont uni leurs forces et ont signé un accord – « la coalition du secteur national démocratique et populaire ». Le but de cet accord est de lancer des mobilisations plus efficaces à travers le pays contre le gouvernement actuel. Ce qui signifie que nous sommes susceptibles de voir plus d’instabilité politique en Haïti, ce qui affaiblira d’avantage l’économie moribonde du pays. Nous ne nous aidons donc pas non plus comme l’ont montré d’innombrables études, des degrés plus élevés d’instabilité politique sont associés à des taux de croissance du PIB par habitant plus faibles.

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  • Le riz et L’Insécurité Alimentaire En Haïti

    Le riz et L’Insécurité Alimentaire En Haïti

    L’évaluation internationale de la sécurité alimentaire du Service de Recherche Économique (ERS), indique qu’environ 70% de la population haïtienne était en insécurité alimentaire en 2014. Les autorités haïtiennes estiment que les importations représentent 80 à 90% de la consommation de riz en Haïti. Les importations de riz ont augmenté depuis 1986, quand Haïti a commencé à ouvrir son marché au riz importé. Avant cela, le pays ne consommait que de petites quantités de riz et était autosuffisant. Si beaucoup pensent que l’agriculture est un secteur clé pour Haïti, avec la possibilité de réduire la pauvreté rurale et d’accroître la sécurité alimentaire, le secteur est confronté à de nombreux défis, tels que l’ouverture du marché à des importations bon marché, le manque d’accès au fonds de roulement et des infrastructures insuffisantes.

    Selon le Département de l’agriculture des États-Unis, Haïti est l’un des plus grands marchés pour le riz usiné à grains longs du Sud des États-Unis. Haïti, pays le moins développé à intégrer pleinement dans la CARICOM a le tarif le plus bas sur les importations alimentaires dans la région. Les facteurs macroéconomiques ont créé un avantage de prix significatif pour le riz importé sur le marché haïtien. Le pays a ouvert son marché aux importations de riz en 1986 et en 1995.

    En 1986, Haïti a d’abord éliminé les restrictions quantitatives sur les importations de riz, mais l’a remplacé à un droit d’importation spécifique de 70 dollars la tonne par un droit ad valorem de 50 pour cent. Les importations sont passées de seulement 7 000 tonnes métriques en 1985 à 25 000 tonnes métriques en 1986, les États-Unis étant le principal fournisseur (USDA, base de données PSD).

    En 1995, Haïti a réduit ses droits de douane sur le riz étranger de 50% à 3%. En outre, un petit nombre d’importateurs politiquement influents dominent le marché. Les importations de riz d’Haïti représentent maintenant 80% de la consommation. Peu d’efforts sont en cours pour améliorer les performances agricoles locales. Les importations de riz sont ensuite passées à 207 000 tonnes métriques pour 140 000 tonnes métriques. La production nationale a stagné pendant la même période. La consommation de riz a presque quintuplé depuis 1985, tandis que la production a baissé.

    En outre, la production de riz en Haïti n’a montré aucune croissance à long terme au cours des 30 dernières années, après avoir légèrement augmenté entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980, selon le rapport du Service de recherche économique.

    Alors qu’Haïti a ouvert son marché aux importations, qu’il n’offre que peu de soutien aux agriculteurs. De plus, les agriculteurs sont confrontés à des contraintes sévères en raison du manque d’accès au fonds de roulement. Le financement privé n’est disponible qu’à des taux d’intérêt excessivement élevés. De plus, les pertes dues aux capacités techniques et aux catastrophes naturelles, d’autres contraintes incluent la petite taille des exploitations, les conflits permanents sur la propriété foncière qui bloquent toute expansion ou consolidation des exploitations en unités plus efficaces, et enfin l’accès à l’eau incluant des canaux d’irrigation inadéquats sont également des problèmes majeurs auxquels les agriculteurs sont confrontés. Toutes ces contraintes sont quelques-unes des raisons du manque de compétitivité d’Haïti dans la production alimentaire, ce qui fait que le riz domestique est plus élevé que le riz importé.

    Incapable de parvenir à l’autosuffisance, Haïti importe la majeure partie de sa nourriture contrôlée par un petit nombre d’importateurs politiquement influents, laissant sa population vulnérable et fortement exposée à l’insécurité alimentaire.

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  • La Banque de la République d’Haïti (BRH) Annonce La vente de 100 Millions de Dollars US

    La Banque de la République d’Haïti (BRH) Annonce La vente de 100 Millions de Dollars US

    L’inflation est au centre de l’économie haïtienne ces jours-ci. En 2017, le taux d’inflation moyen en Haïti s’élevait à environ 14,74% par rapport à l’année précédente. Face à la perspective d’une crise monétaire, la BRH a dû intervenir pour contenir la dépréciation lente mais régulière des gourdes face au dollar. La BRH intervient sur le marché des changes formel pour vendre le dollar tiré de ses réserves de change.

    Dans le cadre des mesures visant à améliorer l’offre de devises sur le marché local des changes, la Banque de la République d’Haïti (BRH) annonce aux banques, aux agents de change régulièrement enregistrés et au public en général la vente de 100 millions de dollars US pour le reste de l’exercice fiscal 2017-2018.

    Le taux d’inflation moyen a été enregistré à 13,10% entre janvier et mars 2018 (13,20% en janvier et 12,90% en mars). Cette dernière lecture de l’inflation met en évidence que la BRH a décidé de faire une intervention monétaire pour renforcer la gourde en déclin.

    Bien que la banque centrale ait activement surveillé la valeur de la monnaie nationale sur le marché des changes, la dernière fois qu’elle a dû entreprendre une telle action massive pour stabiliser la gourde était en mai 2017 quand elle a vendu 116 millions de dollars pour protéger la gourde.

    Face à la perspective d’une crise monétaire, les banquiers centraux peuvent essayer de maintenir un taux de change stable en utilisant les réserves de change du pays ou en laissant fluctuer le taux de change, ce qui peut entraîner une perte de pouvoir d’achat insoutenable. Toutefois, lorsque la banque vend une partie de ses réserves de change, elle reçoit un paiement sous la forme de la monnaie nationale, qu’elle détient hors de la circulation en tant qu’actif.

    En plus de réduire la masse monétaire en vendant des réserves de change, ce qui à son tour augmente la demande pour la monnaie, elle ne peut vraiment être compensée que par une augmentation du taux d’intérêt. Ainsi, la BRH annonce également une extension des échéances de ses factures, jusqu’à 364 jours. La banque centrale invite donc le public à acquérir des obligations par le biais des institutions financières à hauteur de 7,5% contre 6% au cours de la période précédente. Les Obligations BRH sont des titres d’emprunt à court terme ayant pour rôle de contrôler de la liquidité bancaire.



    En intervenant sur le marché des changes, la banque centrale soutient artificiellement le taux de change et soutient la gourde. Cela peut aider à court terme comme nous l’avons vu après l’intervention de mai 2017, mais il ne peut pas durer trop longtemps car il épuise ses réserves étrangères.

    Entre autres choses, la balance commerciale d’Haïti est chroniquement déficitaire. C’est la principale cause de la dépréciation de la gourde. La balance commerciale est la différence entre les importations et les exportations d’un pays. Un déficit commercial se produit lorsqu’un pays achète ou importe plus de biens d’autres pays qu’il n’en vend ou n’exporte. En 2017, Haïti avait un déficit commercial de 2,57 milliards de dollars américains. Lorsqu’on a un déficit commercial, la gourde s’affaiblit.

    Pour les entreprises d’importer des biens et services, ils utilisent leurs gourdes pour acheter des dollars. Ce processus génère une demande de dollars tout en réduisant la demande pour la gourde.

    BRH ne sera pas en mesure d’endiguer ce déclin continuel de la gourd simplement en dépensant des réserves de change. Les dirigeants doivent promouvoir la production locale et transformer le déficit en équilibre ou excédent commercial.

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  • La corruption à grande échelle en Haïti

    La corruption à grande échelle en Haïti

    Si deux ou plusieurs personnes se réunissent et commencent à parler de la société actuelle d’Haïti, ils arrivent rapidement à la conclusion que la corruption étend ses tentacules dans tous les secteurs de la vie publique. La corruption va du vol des budgets publics utilisés pour construire des hôpitaux et des écoles à la construction de structures inférieures à cause du sous-financement causé par des acteurs corrompus où l’influence politique permet aux individus d’aider à façonner le droit public qui profite à quelques-uns au détriment de la majorité. La corruption est devenue si courante que les gens sont maintenant opposés à penser à la vie publique sans ce phénomène.

    Haïti se classe 157e sur 180 pays sondés

    Selon Transparency International, l’indice de perception de la corruption mesure les niveaux perçus de corruption du secteur public dans les pays du monde entier. Dans leur dernier rapport publié en février 2018, Haïti se classe 157e sur 180 pays sondés. Haïti est aussi le plus corrompu des Amériques après le Venezuela.

    Indice de perception de la corruption

    L’indice de perception de la corruption (IPC) s’appuie sur 13 sources de données, y compris :

    • Le versement de pots-de-vin
    • Le détournement de fonds publics
    • L’utilisation de la fonction publique à des fins privées
    • Le népotisme dans la fonction publique, et
    • La captation de l’État

    Certaines sources examinent également les mécanismes disponibles pour prévenir la corruption dans un pays, tels que :

    • La capacité du gouvernement à faire appliquer des mécanismes d’intégrité
    • La poursuite en justice efficace des fonctionnaires corrompus
    • La paperasserie et le fardeau bureaucratique excessif
    • L’existence de lois adéquates sur la divulgation financière
    • La prévention des conflits d’intérêts et l’accès à l’information
    • La protection juridique pour des lanceurs d’alerte, les journalistes et les enquêteurs

    La corruption n’est pas uniquement un phénomène Haïtien

    La corruption n’est pas uniquement un phénomène Haïtien ; on en voit partout dans le monde. En 2017, l’indice a révélé que plus des deux tiers des pays obtiennent un score inférieur à 50. Avec un score de 89 sur 100, la Nouvelle-Zélande est le pays le moins corrompu du monde, alors que la Somalie est la plus corrompue, n’obtenant que 9 sur 100.

    L’indice de perception de la corruption (IPC) 2017: Moyenne régionale

    Region IPC Score 2017
    OCDE 68
    Europe de l’Ouest 66
    G20 54
    Asie et Pacifique 44
    Amériques 44
    BRICS 38
    Moyen-Orient et Afrique du Nord 38
    Europe de l’Est et Asie centrale 34
    États arabes 33
    Union africaine 32
    Afrique sub-saharienne 32
    Haiti 22

    La Grande corruption

    L’administration actuelle du pays a promis de s’engager dans la lutte contre la corruption comme un moyen d’améliorer le développement social et économique du pays, car depuis quelque temps, Haïti est en proie à ce que les experts appellent «la grande corruption ». Grande Corruption selon Transparency International est l’abus de pouvoir de haut niveau qui profite à quelques-uns au détriment de la majorité, et qui cause des dommages graves et étendus aux individus et à la société.

    Beaucoup soutiennent que la Grande corruption devrait être désignée comme un crime international. Les pays pourraient exercer une compétence universelle, semblable au traitement des crimes de guerre, car les autorités nationales sont souvent incapables ou réticentes à traduire en justice les grands corrompus. Dans ces cas, la communauté internationale a l’obligation d’agir, collectivement et par l’action des États individuels.

    Tous les domaines d’intervention du gouvernement, tels que la conception de politiques, l’octroi de licences, les franchises douanières, la réglementation, les monopoles naturels, l’application de la loi et la participation commerciale, présentent des risques majeurs de corruption. Selon l’OCDE, les services publics et les infrastructures, la santé et l’éducation, et les industries extractives sont particulièrement vulnérables à la corruption.

    Les services publics et les infrastructures

    L’OCDE a expliqué que l’une des caractéristiques qui rend le secteur des services publics et des infrastructures particulièrement vulnérables à la corruption est la situation de monopole fréquente, dans laquelle ceux qui contrôlent les entités perçoivent des rentes élevées.

    Les gouvernements allouent une part importante des ressources (ou intrants de la production) aux entreprises à la recherche de rente pour la production de l’énergie, la construction, le transport, l’exploitation minière, les communications et le développement.

    Un comportement de recherche de rente est une compétition pour un prix artificiel ou un avantage créé soit par a) prendre de l’argent aux contribuables et essayer de « le donner» soit b) une restriction de concurrence qui permet une augmentation artificielle des prix des produits vendus. C’est aussi le processus de lobbying auprès du gouvernement pour obtenir des profits économiques substantiellement plus élevés que les profits normaux obtenus par la concurrence sur le marché économique. La recherche de rente n’ajoute aucune valeur nationale. C’est un commerce forcé et ne profite qu’à un côté.

    En outre, en raison de la nécessité d’une intervention constante du gouvernement dans le secteur des services publics et des infrastructures, il existe de nombreuses possibilités d’abus de pouvoir et de demandes de pots-de-vin, d’échec systématique de la planification, et de dépassement des coûts.

    Santé et éducation

    Investir dans la santé augmente la croissance du PIB d’un pays à long terme. Mais les abus tels que la corruption dans les achats, l’abus de postes de haut niveau, la fraude et le détournement de médicaments et de matériel médical faussent ce secteur. Les principales préoccupations concernant la corruption systémique ont également contribué à la réticence des donateurs internationaux à canaliser les fonds par l’intermédiaire du gouvernement. Une telle pratique affaiblit davantage les institutions nationales car les aides sont en train d’être acheminées par le biais des opérations des ONG.

    Des études macro-économiques ont démontré une relation positive entre les dépenses publiques d’éducation et la croissance économique. La corruption dans ce secteur fausse les investissements, les allocations budgétaires, la localisation et la construction des écoles, la gestion des ressources humaines, l’achat et la distribution d’équipements (manuels, matériels et nourriture), l’inscription scolaire et universitaire, etc. Selon un rapport de l’OCDE, les distorsions les plus graves sont liées aux fuites de fonds publics, aux écoles fantômes et aux enseignants, ainsi qu’à l’absentéisme généralisé.

    Les conséquences de la corruption dans ce secteur pour la société comprennent moins de personnes formées, moins de qualifications, moins de productivité des travailleurs, plus d’inégalités sociales et une diminution de la capacité du pays à bénéficier des investissements directs étrangers ou à développer des industries compétitives.

    Les Industries Extractives

    Les pays riches en ressources doivent lutter contre la corruption dans les industries extractives. Le département du Commerce des États-Unis a rapporté que le territoire d’Haïti pourrait contenir d’importants gisements d’argent, de cuivre et d’or qui pourraient valoir des milliards de dollars. Néanmoins, le secteur minier haïtien est en sommeil et est resté sous-développé pendant de nombreuses années. Récemment, le gouvernement haïtien a désigné le développement des ressources minières comme l’un des secteurs prioritaires susceptibles de contribuer au développement économique d’Haïti.

    Pour revitaliser le secteur, le Gouvernement haïtien, avec l’assistance du Mécanisme consultatif technique sur les industries extractives de la Banque mondiale, avait lancé une nouvelle législation visant à réformer la loi minière (système de convention) datant de 1976. Dans le projet de loi actuel, permis d’exploration et projets miniers ne nécessitera plus l’approbation du Parlement haïtien, mais seulement une autorisation du Premier ministre avec le ministre des Finances et le Bureau des mines.

    Pour l’instant, cependant, l’exploitation minière en Haïti est en attente. Alarmé par l’absence de dialogue public sur l’exploitation minière et ce qu’il considérait comme des irrégularités dans l’octroi de permis miniers, le Sénat haïtien a adopté en 2013 une résolution demandant un moratoire sur l’activité minière.

    Les compagnies minières en Haïti ont placé leurs activités sur le statut de soin et d’entretien, peut-être en réponse aux risques politiques perçus et aux fluctuations des prix des matières premières. Mais ce statu temporaire pourrait prendre fin à tout moment ; la résolution du Sénat n’a pas force de loi. Bien que le projet de loi minière n’ait pas encore été présenté au Parlement, l’exécutif pourrait adopter le projet de loi par décret (Human Rights and Environmental Risks of Gold Mining In Haiti – 2015).

    Conclusion

    Avec un score de 22 sur 100. Haïti est le pays le plus corrompu des Amériques après le Venezuela. La corruption à grande échelle (grande corruption) réduit la capacité de l’Etat à promouvoir le développement. Le pouvoir public est exercé à des fins privées, y compris les formes mineures et majeures de corruption, ainsi que dans la «capture» de l’État par les élites et les intérêts privés. Les industries extractives, les services publics et les infrastructures, la santé et l’éducation sont particulièrement vulnérables à la corruption. Les institutions haïtiennes “doivent être considérablement renforcées pour s’assurer que la mauvaise gouvernance et la corruption”, qui restent des “défis critiques” pour le développement, “ne font pas obstacle à la réalisation des objectifs d’Haïti” (Banque Mondiale). Le népotisme, le vol et le gaspillage des biens publics, et la négligence du devoir ont des conséquences majeures pour le développement économique du pays. Robert Klitgaard, un professeur de développement international et de sécurité a affirmé que la corruption prospère quand quelqu’un a le pouvoir de monopole sur un bien ou un service, a le pouvoir discrétionnaire de décider ce que vous obtenez ou pas, et où la responsabilité est faible. Les incitations positives et négatives affectent la corruption. Ainsi, les combattants de la corruption doivent réduire le monopole, limiter et clarifier la discrétion, et augmenter la transparence.

  • Qu’est-ce que le PIB et pourquoi est-il si important ?

    Qu’est-ce que le PIB et pourquoi est-il si important ?

    Le produit intérieur brut (PIB) est l’un des indicateurs économiques essentiels utilisés pour évaluer l’économie nationale. Le PIB mesure la richesse créée par les agents économiques résidant dans un espace donné au cours d’une période de temps.

    Au fil du temps, le PIB s’est imposé comme le principal instrument de mesure de l’activité économique d’un pays. Puisqu’il représente le pouvoir d’achat disponible dans un territoire, il permet d’évaluer la puissance économique de ce dernier et le niveau de vie de ses habitants. C’est pourquoi le classement PIB des pays permet de savoir quels sont les pays les plus riches.

    Comment Calculer Le PIB

    Mesurer le PIB est compliqué, mais à la base, le calcul peut être fait de deux façons : soit en additionnant ce que tout le monde a gagné en une année (approche du revenu), soit additionner ce que tout le monde a dépensé (méthode des dépenses). Logiquement, les deux mesures devraient arriver à peu près au même total. On peut le considérer comme la mesure de l’économie.

    L’approche du revenu est calculée en additionnant la rémunération totale des salariés, les bénéfices bruts des entreprises constituées et non constituées en sociétés et les impôts moins les subventions. La méthode des dépenses est l’approche la plus courante et est calculée en additionnant la consommation totale, l’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes.

    Croissance Économique

    Si le PIB renseigne sur la richesse d’un pays, sa variation permet de mesurer le taux de croissance économique sur une période donnée. Plus souvent qu’autrement, le PIB est communiqué comme une corrélation avec le dernier trimestre ou l’année. Par exemple, le PIB de 2016 était en hausse de 1,40%, ce qui signifie que l’économie a augmenté de 1,4% par rapport à l’année précédente (2015). Le PIB annuel sont régulièrement considérés comme la référence pour l’étendue de l’économie. Le produit intérieur brut (PIB) en Haïti valait 8,02 milliards de dollars américains en 2016. La valeur du PIB d’Haïti représente 0,01% de l’économie mondiale. Le PIB en Haïti a atteint en moyenne 4,94 milliards de dollars entre 1991 et 2016, atteignant un record absolu de 8,78 milliards de dollars en 2014 et un creux historique de 1,88 milliards de dollars en 1993.

    La croissance économique signifie une augmentation du PIB réel ; cela signifie effectivement une augmentation du revenu national, de la production nationale et des dépenses totales. La croissance économique devrait permettre une élévation du niveau de vie et une plus grande consommation de biens et de services. En conséquence, La croissance économique peut être considérée comme l’un des indicateurs les plus importants.

    Le taux de croissance annuel réel du PIB en Haïti a été en moyenne de 2.52% entre 2012 et 2016. En revanche, le taux de croissance annuel réel du PIB des pays les moins avancés (PMA) a été en moyenne de 4.94% entre 2012 et 2016. Ce qui signifie que nous sommes à la traîne. Faibles taux de croissance sont des signes d’instabilité macroéconomiques. Ce qui peut peser lourdement sur les pauvres.

    PIB Comme Outil de Comparaison des Economies

    Le stade de développement d’une économie est crucial pour comparer deux économies. Les économies développées ont un rythme de croissance beaucoup plus lent en glissement annuel (en glissement annuel) que les économies émergentes ou en développement. Par conséquent, la comparaison des taux de croissance économique du Chili et d’Haïti ne sera pas exacte. Au lieu de cela, comparer la croissance économique des pays au même stade de développement – de préférence la même région géographique – fournit une image plus comparable. Par exemple, on peut comparer Haïti avec les pays les moins avancés (PMA).

    PIB par habitant

    Le PIB par habitant est le produit intérieur brut divisé par la population en milieu d’année. Le PIB par habitant est particulièrement utile lorsqu’on compare un pays à un autre, car il montre la performance relative des pays. Une augmentation du PIB par habitant signale la croissance de l’économie et tend à refléter une augmentation de la productivité.

    Ce graphe ci-dessous représente le PIB par habitant d’Haïti et les pays les moins avancés entre 2006 et 2016.

  • Pourquoi y a-t-il plus de pauvreté en Haïti qu’en République dominicaine

    Pourquoi y a-t-il plus de pauvreté en Haïti qu’en République dominicaine

    La République dominicaine et la République d’Haïti partagent l’île d’Hispaniola et sont largement similaires en termes de géographie et d’institutions historiques, mais leur performance de croissance a considérablement divergé. Les économistes Laura Jaramillo et Cemile Sancak explorent certaines des raisons.

    En 1960, la République dominicaine et Haïti avaient le même PIB réel par habitant à un peu moins de 800 dollars américains. En 2015, la République dominicaine a augmenté son PIB par habitant de huit fois, alors que le PIB par habitant d’Haïti reste plat. Haïti a été freiné par des instabilités politiques et macroéconomiques, ainsi que par des investissements plus bas dans les infrastructures et le capital humain, en plus de la détérioration de l’environnement.

    La République dominicaine et Haïti ont été aux extrémités opposées du spectre en Amérique latine et dans les Caraïbes en termes de taux de croissance au cours des 45 dernières années, la République dominicaine atteignant l’un des taux de croissance du PIB réel les plus élevés au plus haut 5% et Haïti le plus bas à environ 1%.

    Compte tenu des conditions initiales, à savoir la géographie et les institutions historiques, de grandes similitudes ont été observées entre la République dominicaine et Haïti, ce qui implique que les conditions initiales ne peuvent expliquer leur divergence dans les revenus réels par habitant. En outre, la déforestation du côté haïtien peut être considérée comme un phénomène plus récent car, même en 1960, la quantité de terres arables dans les deux pays était comparable à environ 20 hectares par personne. 

    Les décisions politiques depuis 1960 ont joué un rôle central. En particulier, la République dominicaine a toujours surclassé Haïti et le reste de l’Amérique latine en termes de mesures structurelles et de politiques de stabilisation, alors qu’Haïti a subi de nombreux chocs politiques qui ont gravement affecté sa croissance.

    Mats Lundahl (Suède – Professeur d’économie du développement) (Essais de 2001 sur le sous-développement haïtien) soutient qu’Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental en raison de l’interaction entre la croissance de la population et la destruction des terres arables. Il explique que l’augmentation de la main-d’œuvre rurale a entraîné une expansion des cultures vivrières de subsistance au détriment des cultures d’exportation, dans le contexte de la baisse des prix internationaux des produits alimentaires.

    Manifestation anti-gouvernementale exigeant la démission de Michel Martelly
    Manifestation anti-gouvernementale exigeant la démission de Michel Martelly

    D’autres études ont révélé que la performance économique en République dominicaine a été favorisée par la stabilité politique et macroéconomique. Bulmer-Thomas (Angleterre – Professeur spécialisé en Amérique latine et Caraïbes, 2001) constate que, pour les Caraïbes en général, les améliorations du PIB par habitant sont liées à l’augmentation des exportations par habitant, à la qualité des institutions et à la stabilité macroéconomique. La Banque mondiale (2006) soutient également que la République dominicaine a connu un environnement plus propice à l’investissement privé qu’Haïti en raison de la stabilité politique et des conditions macroéconomiques stables sur des périodes prolongées qui lui ont permis de suivre une stratégie de croissance plus diversifiée et orientée vers l’extérieur.

    En outre, le FMI (2001) soutient que la croissance de la République dominicaine au cours des années 1990 était basée sur la formation de capital et sur une forte croissance de la productivité, tandis que la libéralisation du commerce a encouragé l’investissement privé et la croissance de la production. En Haïti, toutefois, on observe une destruction continue des capitales en raison de la violence politique et des catastrophes naturelles, entraînant une baisse considérable des investissements privés.

    Les institutions historiques de la République dominicaine et d’Haïti étaient très similaires, ce qui implique que cela ne peut pas expliquer pleinement la divergence de croissance. En ce qui concerne l’impact du pouvoir colonial, la littérature ne témoigne pas de différences significatives entre les dominations coloniales espagnoles et françaises.

    La qualité des institutions était médiocre dans les deux pays jusqu’au début du XXe siècle jusqu’au moment de l’occupation militaire des États-Unis – avec une plus grande instabilité politique en République dominicaine. Entre l’indépendance de 1804 et l’occupation militaire des États-Unis en 1915, Haïti compte 33 chefs d’État d’une durée moyenne de 3,4 ans. Entre l’indépendance de 1844 et l’occupation militaire américaine de 1916, la République dominicaine comptait 61 chefs d’État, pour un mandat moyen de seulement 1,2 an.

    En termes généraux, les résultats de l’intervention des États-Unis dans les deux pays étaient semblables : l’ordre a été largement restauré ; les budgets des pays étaient équilibrés et la dette diminuée ; et l’infrastructure a été développée, y compris les nouvelles routes, les connexions téléphoniques, les installations portuaires et les services de santé publique et d’éducation. Cependant, les gouvernements qui ont suivi en Haïti n’ont pratiqué que des comportements de recherche de « rentes » sans effort pour maintenir l’infrastructure publique et les services sociaux, tandis que le régime de Trujillo en République dominicaine a favorisé l’agriculture, l’industrie et les travaux publics.

    La richesse dans une économie de rente dépend généralement du financement des contribuables. Il s’agit d’un commerce contraint qui ne profite qu’à une partie (entreprises à la recherche de rente) et n’ajoute aucune valeur nationale.

    Ministère du tourisme de la République dominicaine - Santo Domingo
    Ministère du tourisme de la République dominicaine – Santo Domingo

    La République dominicaine avait des tendances de croissance favorables entre 1960 et 2000, principalement alimentées par des gains de productivité et l’accumulation de capital. En revanche, la performance économique en Haïti a été sombre, avec une productivité du facteur total négative en quatre décennies. La croissance réelle dans les années 1970, la seule période durant laquelle Haïti a eu une croissance positive du PIB par habitant a été réalisée grâce à de solides efforts d’investissement.

    Au cours de cette période, l’infrastructure en République dominicaine a augmenté à un rythme plus rapide que la moyenne de la région. Au-delà de l’expansion des lignes téléphoniques (la mesure utilisée dans la régression), il y a eu une amélioration générale de l’infrastructure dans les années 1990, avec l’expansion de la production d’électricité et la construction dans les zones touristiques (y compris un aéroport international et des routes).

    En général, les politiques structurelles ont été le principal facteur déterminant de la croissance en République dominicaine et en Haïti, suivies par la stabilité politique et les politiques de stabilisation. L’amélioration des taux de croissance en République dominicaine s’explique en grande partie par les progrès réalisés dans les mesures structurelles, en particulier l’éducation et le crédit au secteur privé, et par une stabilité politique accrue.