Category: Gouvernance

  • Un milliard de gourdes pour aider les familles en crise

    Le gouvernement haïtien a annoncé un programme d’une valeur de plus d’un milliard de gourdes pour aider les familles confrontées à des moments difficiles. Cette initiative de fin d’année vise à relever les défis persistants en matière de sécurité et de santé, à apporter un soutien aux ménages en difficulté et à promouvoir l’unité à travers le pays. Voici ce que vous devez savoir sur le programme et ses objectifs.

    Ce que comprend le programme

    Le gouvernement a défini plusieurs actions clés pour faire une différence dans la vie des gens :

    1. Aide alimentaire et financière : des kits alimentaires et de l’argent seront distribués aux ménages dans le besoin, en mettant l’accent sur l’aide aux personnes âgées, aux personnes handicapées et aux mères célibataires. Via des restaurants communautaires et des cantines mobiles, le gouvernement fournira des repas chauds dans les quartiers.
    2. Villes plus propres et routes améliorées : Un vaste effort de nettoyage aura lieu dans les villes, y compris la collecte des ordures et la réparation des routes. Cela contribuera à rendre les zones urbaines plus propres et plus sûres tout en créant des emplois temporaires pour les résidents.
    3. Meilleure sécurité : la police et l’armée s’efforceront de protéger les zones importantes et de garantir que les marchandises telles que le carburant et la nourriture puissent être livrées sans interruption.
    4. Accès amélioré à l’électricité : Le gouvernement prévoit d’augmenter la production d’électricité pour aider les familles et les entreprises pendant cette période critique.
    5. Soutien aux agriculteurs : Une aide spéciale sera accordée aux agriculteurs et aux groupes agricoles pour contribuer à stimuler la production alimentaire et soutenir les communautés rurales.
    6. Renforcement des soins de santé : Les hôpitaux et les centres de santé recevront un soutien supplémentaire pour répondre aux besoins médicaux accrus pendant cette période difficile.

    Avantages économiques

    Le programme vise également à donner un coup de pouce temporaire à l’économie en mettant de l’argent directement entre les mains des citoyens et en finançant des projets publics. En injectant des fonds dans tout le pays, le gouvernement espère alléger le fardeau financier des familles et encourager l’activité économique.

    Préoccupations concernant le programme

    Même si les objectifs du programme sont ambitieux, certains sont sceptiques quant à son succès. La corruption et l’insécurité généralisée restent des défis majeurs en Haïti, et nombreux sont ceux qui se demandent si l’aide parviendra à ceux qui en ont le plus besoin.

    Ces inquiétudes sont exacerbées par le souvenir de programmes similaires mis en place pendant la pandémie de COVID-19, qui n’ont pas apporté les avantages promis à de nombreux ménages. Des problèmes tels que les transferts monétaires qui ne parviennent pas à atteindre les destinataires prévus et le détournement de l’aide alimentaire jettent encore plus de doutes sur la capacité de cette nouvelle initiative à obtenir de meilleurs résultats.

    Un appel à l’unité

    Malgré ces inquiétudes, le gouvernement exhorte tout le monde, y compris les institutions publiques, les entreprises et les organismes communautaires, à travailler ensemble pour assurer le succès du programme. Ils espèrent que cette initiative apportera un soulagement aux familles vulnérables et inspirera un sentiment de résilience et de solidarité à travers Haïti.

    À mesure que ce programme se déroulera, la véritable mesure de son succès dépendra de sa capacité à surmonter les défis de la corruption et de l’insécurité pour avoir un réel impact sur la vie de ceux qui en ont besoin.

  • Indice de l’État de droit 2024 : Haïti classée 139e sur 142 pays et territoires

    Indice de l’État de droit 2024 : Haïti classée 139e sur 142 pays et territoires

    Dans l’indice sur l’état de droit 2024 du World Justice Project (WJP), Haïti se classe au 139e rang sur 142 pays, reflétant une baisse de son score en matière d’état de droit de 2,6 % par rapport à l’année précédente.

    Le rapport du WJP met en évidence une tendance mondiale au déclin de l’État de droit, 57 % des pays ayant connu un ralentissement au cours de l’année écoulée. Néanmoins, la position d’Haïti au bas de l’échelle met en évidence des défis importants en matière de gouvernance, d’intégrité juridique et d’efficacité institutionnelle.

    Au niveau régional, en Amérique latine et dans les Caraïbes, Haïti se classe au 31e rang sur 32 pays, surpassant seulement le Venezuela, qui se classe au 142e rang mondial.

    En revanche, les pairs régionaux obtiennent de meilleurs résultats. L’Uruguay est en tête de la région, se classant au 24e rang mondial, démontrant une forte adhésion à l’État de droit. Le Costa Rica suit de près, en établissant un cadre juridique et une gouvernance solides.

    L’État de droit joue un rôle crucial pour garantir la justice, l’égalité et la stabilité en tenant les gouvernements et les individus responsables du respect des lois établies. Il s’agit d’un facteur clé pour protéger les droits fondamentaux, réduire la corruption et, surtout, promouvoir la confiance dans les institutions. Cette confiance est essentielle pour créer un environnement propice à la croissance économique et à l’harmonie sociale.

    En l’absence d’État de droit, une gouvernance arbitraire peut compromettre le progrès sociétal. Au cours de la dernière décennie, Haïti s’est régulièrement classé parmi les plus bas dans l’indice de l’État de droit du World Justice Project, reflétant des défis persistants en matière de gouvernance, d’intégrité juridique et d’efficacité institutionnelle.

    Ce mauvais classement a un impact direct et négatif sur la vie des citoyens haïtiens. Il est donc crucial de résoudre ces problèmes afin qu’Haïti puisse renforcer ses cadres juridiques et institutionnels, améliorant ainsi sa position dans les évaluations futures.

  • Revue du portefeuille de la Banque mondiale en Haïti dans un contexte de crise

    La Banque mondiale a récemment mené une revue de la performance du portefeuille pays en Haïti, en collaboration avec le gouvernement haïtien pour évaluer l’efficacité de ses programmes dans un contexte de défis sociaux, politiques et sécuritaires persistants. Cette évaluation vise à améliorer l’alignement des initiatives de la Banque mondiale sur les priorités d’Haïti, à améliorer la transparence et à renforcer la responsabilité.

    La Banque mondiale, aux côtés de partenaires internationaux comme l’UE et l’ONU, réalise également une évaluation rapide de l’impact de la crise (RCIA) pour évaluer les effets de la crise, notamment dans la région de Port-au-Prince et dans la région de l’Artibonite. Le RCIA est conçu pour identifier les besoins urgents en matière de reprise économique, d’infrastructures, de services sociaux et d’état de droit pour les deux prochaines années.

    La Banque mondiale rapporte que plus de 80 % de ses initiatives en Haïti ciblent les communautés en dehors de Port-au-Prince, où la sécurité est plus stable. Entre 2023 et 2024, la Banque déclare avoir décaissé 180,7 millions de dollars en Haïti, son plus gros investissement dans le pays depuis une décennie.

    L’institution internationale a également souligné des réalisations, telles que la mise en œuvre de programmes d’alimentation scolaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire, l’élargissement de l’accès aux énergies propres pour les hôpitaux régionaux et la fourniture de transferts monétaires aux ménages vulnérables touchés par le tremblement de terre de 2021. Pour l’avenir, la Banque mondiale a déclaré qu’elle entendait préserver les progrès dans des domaines clés, soutenir la création d’emplois et renforcer la résilience face aux nouveaux défis.

  • La douane Haïtienne a atteint 99 % de son objectif de recettes

    L’Administration générale des douanes (AGD) a atteint 99 % de son objectif de recettes pour l’exercice 2023-2024, collectant 103,6 milliards de gourdes contre un objectif de 104,1 milliards, malgré les difficultés économiques.

     Les solides performances en matière de fiscalité des produits pétroliers, qui ont dépassé les objectifs de 8 %, ont largement contribué à ce succès. Les revenus des marchandises générales ont toutefois été légèrement inférieurs, atteignant 97 % de l’objectif en raison de la réduction des importations et des perturbations du commerce international.

     Les recouvrements sur comptes tiers ont dépassé les attentes, atteignant 101 % de l’objectif. L’administration douanière attribue son succès à l’amélioration des contrôles, aux efforts de lutte contre la contrebande et à la modernisation des procédures douanières.

  • Indice de perception de la corruption 2023 : Haïti classée 172e sur 180 pays et territoires

    Dans son rapport annuel de l’indice de perception de la corruption (IPC) 2023, Transparency International classe Haïti au 172e rang mondial sur 180 pays et territoires. Selon la Transparency International, Haïti ainsi que trois autres pays se classent ex aequo en 172e position, avec un score de 17 sur 100.

    L’IPC est utilisé pour évaluer les pays sur le degré de corruption de leurs gouvernements. Le score d’un pays peut aller de zéro à 100, zéro indiquant des niveaux élevés de corruption et 100 indiquant des niveaux faibles. Tout score en dessous de 50 indique que les gouvernements ne parviennent pas à s’attaquer à la corruption.

    Alors que des progrès ont été réalisés à l’échelle mondiale pour criminaliser la corruption et créer des institutions spécialisées pour la combattre, Haïti se distingue, car peu de ces mesures n’ont été mises en œuvre, ce qui a entraîné une détérioration rapide de la justice et de l’État de droit dans le pays. Ainsi, le pays s’est régulièrement classé parmi les pays les plus corrompus au monde.

    Le classement le plus élevé d’Haïti au cours des deux dernières décennies était de 154 en 2010, et il n’y a eu aucune amélioration depuis lors. En fait, la situation s’est aggravée avec l’afflux de nouveaux fonds provenant d’initiatives telles que Petrocaribe et les injections de secours suite au tremblement de terre. La situation s’est détériorée davantage depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. Par exemple, Haïti perd une place par rapport à l’année précédente et huit places par rapport à 2021.

    Dans la région des Amériques, le Canada, l’Uruguay et la Barbade sont les plus performants. Ils marquent respectivement 76, 73 et 69. En revanche, Haïti, le Nicaragua et le Venezuela sont les moins performants. Leurs scores respectifs sont de 17, 17 et 13 sur l’indice de perception de la corruption.

    En Haïti, le manque de responsabilité et d’impartialité parmi les autorités d’enquête et de poursuite et les juges mine la confiance du public dans le système judiciaire, décourageant les rapports et perpétuant la perception de corruption et de manque de fiabilité au sein de l’institution.

    Selon une publication en 2002 dans le Journal of Business Ethics, les pays et territoires qui ont un faible classement IPC ont également ce que les auteurs de l’étude ont appelé une surabondance de réglementation et un marché noir florissant. Les pays ou territoires ayant un produit intérieur brut réel par habitant élevé avaient également un classement IPC élevé.

    De plus, dans les États défaillants, la corruption est faite souvent sur une échelle exceptionnellement destructrice. Dans de telles situations, les élites dirigeantes corrompues investissent surtout leurs gains à l’étranger, rendant l’échec économique de leur état beaucoup plus sévère.

    En tête de l’indice de perception de la corruption se trouvent le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande, avec respectivement 90, 87 et 85 sur 100, suivis de près par la Norvège (84), Singapour (83), ainsi que la Suède et la Suisse (82 chacune). Au bas du classement, la Somalie est identifiée comme le pays le plus corrompu, avec un score de 11 sur l’IPC, suivie du Venezuela et de la Syrie, chacun avec un score de 13.

  • Le Conseil des Ministres approuve le budget 2023-2024

    Le Conseil des Ministres a approuvé, le jeudi 28 septembre, le budget 2023-2024. Il sera en application à partir du 1er octobre 2023, selon les prescrits légaux, ce qui ne s’était pas produit depuis l’exercice 2020-2021.

    Le budget 2023-2024 reflète les grandes orientations contenues dans la lettre de cadrage du Premier Ministre transmise aux ordonnateurs, le 2 août dernier, et s’inscrit dans la continuité des efforts initiés depuis l’année dernière pour l’élaboration du deuxième cadre budgétaire à moyen terme 2023-2026.

    Le budget 2023-2024 est élaboré autour de 3 priorités : Renouer avec la croissance économique, améliorer la stabilité sociale, améliorer les conditions sécuritaires.

    L’enveloppe globale du budget pour l’exercice fiscal 2023-2024 se chiffre à 320.64 milliards de gourdes dont 75.3 proviennent des ressources domestiques ;
    Les dépenses projetées hors amortissement de la dette sont de l’ordre de 283.21 milliards de gourdes, soit une hausse de 19.51% par rapport au budget antérieur ; 50.6% des dépenses seront consacrées à la gestion des affaires courantes ;
    Les dépenses d’investissements publics dans le budget de l’exercice fiscal 2023-2024 s’estiment à 158.41 milliards de gourdes et seront financées à hauteur de 28.8% par le Trésor public (33.92milliards gourdes), 68.5% par des dons et emprunts (77.2 milliards de gourdes). Les immobilisation corporelles et incorporelles sont projetées à 2.7% des dépenses de capital.

    Les hypothèses de base des projections de 2024 s’appuient essentiellement sur le renforcement du climat de sécurité, la construction d’infrastructures résilientes identifiées dans le PRIPS (Plan de relèvement intégré de la péninsule sud), la stabilité du taux de change et la disponibilité des produits pétroliers à la pompe.

    -Fin-

    Ministère de la Culture et de la Communication Haïti

  • Réunion à la Jamaïque de la CARICOM sur Haïti: Lettre de Josué Mérilien à la Caricom

    L’urgence d’une grande vision caribéenne décolonisée : Lettre de Josué Mérilien à la Caricom

    Port-au-Prince, vendredi 9 juin 2023

    Monsieur Philip Brave DAVIS
    Président
    Conférence des Chefs de Gouvernement
    CARICOM 

    Monsieur le Président de la Conférence, 

    Nous accusons réception de votre correspondance et tenons à vous remercier de nous avoir invités à participer à ce sommet sur la crise haïtienne prévu du 11 au 13 juin en cours. Nous félicitons la CARICOM en tant que communauté dont Haïti est membre d’avoir manifesté la volonté d’apporter sa contribution dans la recherche d’une solution à la crise multidimensionnelle sévère cyniquement entretenue qui risque de basculer ou d’enfoncer notre pays dans le chaos total. 

    Permettez-nous de formuler, en la circonstance, quelques remarques générales et certaines réserves relatives particulièrement aux conditions minimales à réunir en vue de garantir la réussite d’une telle initiative, réserves résultant d’un constat d’une certaine inadéquation entre l’objectif visé et la manière de procéder.

    En effet, outre quelques réserves, cette réunion sur Haïti à la Jamaïque suscite un ensemble de considérations pertinentes. Soulignons, tour à tour : 

    1— L’ADMISSION D’HAÏTI COMME ETAT-MEMBRE DE LA CARICOM

    La CARICOM a vu le jour le 4 juillet 1973 à travers le Traité de Chaguaramas et Haïti a intégré l’organisation caribéenne comme membre provisoire le 4 juillet 1998 et en est devenu un membre de plein droit en 2002, soit 29 ans après sa création Le Traité joint à l’annexe créant le marché commun caribéen a été ratifié par le Parlement haïtien, le 13 mai 2002.

    2— LES RELATIONS OBSERVÉES ENTRE LA CARICOM ET HAÏTI DEPUIS SON ADMISSION COMME ETAT-MEMBRE

    a— En 2004, la CARICOM a refusé de reconnaitre le gouvernement intérimaire du Premier ministre Gérard Latortue pour déficit de légitimité et inconstitutionnalité. La participation d’Haïti au sein de la Communauté Caribéenne a donc été suspendue et sa réintégration s’est produite deux ans plus tard, à la suite de l’élection de René Préval et de l’installation de son gouvernement reconnu constitutionnel. Cette réadmission s’est officialisée en juillet 2006 lors de la 28e Conférence des Chefs de Gouvernement de la CARICOM tenue à Saint-Kitts-et-Nevis.

    b-Après son refus de reconnaitre, en 2004, le gouvernement Latortue pour vice de constitutionnalité, 19 ans plus tard, en 2023, la CARICOM, contre toute attente, a accepté de reconnaitre le gouvernement inconstitutionnel, illégitime d’Ariel Henry et collabore étroitement avec ce prétendu Premier ministre placé par un simple tweet du Core Group, un syndicat de diplomates indécents, violateurs du droit international et saboteurs attitrés d’Haïti.

    De plus, il s’agit d’un gouvernement corrompu, insensible aux problèmes de la population en général et des élèves, étudiants, enseignants en particulier ; ces derniers sont en grève depuis tantôt deux mois pour réclamer des conditions décentes d’enseignement et d’apprentissage. Leurs revendications sont de fait ignorées par le gouvernement, notamment par le ministre de l’Éducation de facto, Nesmy Manigat prétextant l’absence de moyens. Pourtant, des informations recueillies de source sure indiquent que ce gouvernement est de connivence avec les gangs et de surcroit les finance. Ces mêmes gangs tuent, kidnappent, assassinent au quotidien parents, élèves, étudiants et autres membres de la population en toute impunité.

    Il est à souligner, en outre, qu’au Titre 17 de la Charte de la Société Civile sur la bonne gouvernance adoptée en 1997 par la CARICOM, il est stipulé à l’article premier : « Les États adoptent et mettent en œuvre les mesures appropriées pour assurer une bonne gouvernance juste, ouverte et responsable. »

    L’actuel gouvernement reconnu tout à fait corrompu, s’inscrit-il dans une telle logique ? Comment expliquer qu’il soit reconnu par la CARICOM et qu’il bénéficie d’une aussi grande collaboration ?

    3— LES RELATIONS ENTRE LA CARICOM ET HAÏTI DEPUIS SA MISE SOUS TUTELLE EN 2004 PAR LE CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES, SOIT DEPUIS 19 ANS :

    a — La Cour Caribéenne de Justice et l’inconstitutionnalité des missions onusiennes en Haïti

    Il convient de noter que c’est en référence à la Résolution 1542 que le Conseil de Sécurité de l’ONU décida d’établir des troupes étrangères en Haïti, regroupées dans une mission dite Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Pourtant, au regard des prescrits de la Convention de Vienne sur le Droit des Traités (Art.14) la présence de la MINUSTAH était d’emblée illégale ; frappée d’une part du vice de non consentement par le pouvoir législatif haïtien (Art.98-3 et 276 Const), et d’autre part, de la non-qualification de l’une des parties signataires (Art.139). Quelle a été la position de la Cour Caribéenne de Justice sur l’inconstitutionnalité des missions onusiennes dans un État membre de la CARICOM, Haïti ?

    Par ailleurs, la Cour a-t-elle jugé opportun de saisir le dossier du crime de choléra engendrant plus de trente mille morts et huit cent mille personnes infectées au sein d’un État membre de la Communauté Caribéenne ?

    b-Réaction de la Conférence des Chefs de Gouvernement de la CARICOM au regard des traitements dégradants réservés à Haïti par des chefs d’État états-uniens

    En janvier 2018, un chef d’État états-unien qualifie un État membre de la CARICOM, Haïti, de « shithole ». Quelle a été l’attitude d’un organe de décision de la CARICOM, comme la Conférence des Chefs de Gouvernement par rapport à un tel affront ? En septembre 2021, des migrants ressortissants d’Haïti, donc d’un Etat-membre de la CARICOM, sont repoussés et fouettés sauvagement à Rio Grande par des gardes-frontières américains à cheval. Cela a-t-il entrainé une quelconque réaction de la part de la CARICOM ? Y a-t-il eu une note officielle dénonçant ce traitement avilissant et défendant ainsi l’honneur d’Haïti ?

    c-Participation d’un État membre de la CARICOM à l’administration des troupes onusiennes d’occupation

    Le 15 juillet 2015, une ressortissante d’un État membre de la CARICOM, Trinidad & Tobago, ancienne Directrice de la CARICOM et des affaires des Caraïbes en 2005, a accepté d’assumer un haut poste de direction des troupes d’occupation, en tant que Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti.

    Est-il excessif d’imaginer qu’elle écrira un jour ses mémoires en toute sincérité et conscience en tant que fille de la Caraïbe, elle qui eut à déclarer à la 8068e Séance du Conseil de Sécurité des Nations Unies tenue le 12 octobre 2017 : « Lorsque la MINUSTAH avait été établie, Haïti connaissait une profonde instabilité, une violence politique endémique et un climat d’anarchie et d’impunité. Aujourd’hui, les gangs armés ne tiennent plus la population en otage, grâce à une police nationale forte de 14 000 éléments et toutes les branches du pouvoir sont en place, les pouvoirs exécutif et législatif étant de nouveau fonctionnels ». 

    Moins de dix ans plus tard, en 2023, comment se présente le panorama sécuritaire en Haïti ? Où est passée cette police forte ? N’y a-t-il pas lieu d’organiser une session spéciale d’évaluation au sein de la CARICOM en ce qui a trait à l’absence de résultats en termes de stabilisation des missions militaires onusiennes à répétition et donc de leur inutilité dans ce pays caribéen ?

    4— LE DOSSIER DE LA CRISE HAITIENNE : INTERVENTIONS DE LA CARICOM AU PREMIER SEMESTRE 2023

    Du 15 au 17 février 2023 s’est tenue à Nassau, Bahamas, la 44e Réunion de la Conférence des Chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Cette Conférence a été marquée par la présence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, à titre d’invité spécial et celle d’Ariel Henry, Premier ministre de facto très décrié imposé au peuple haïtien par le Core Group.

    Auparavant, il avait été annoncé dans un communiqué officiel daté du 11 février 2023 que « Cette rencontre offrira aux dirigeants l’occasion d’explorer des moyens qui permettraient à la région de continuer d’aider le peuple haïtien sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire… En tant que partenaire indéfectible, le Canada est intervenu en réponse à cette situation flagrante. Il a notamment fourni de l’aide à la police nationale haïtienne et déployé un avion de patrouille à long rayon d’action pour perturber les activités des gangs. »

    Au terme de cette 44e réunion ordinaire des Chefs de gouvernement de la CARICOM, il a été décidé de l’envoi en mission d’une délégation en Haïti.

    Le 27 février 2023, ladite délégation s’est retrouvée dans la capitale haïtienne sous la direction du Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness. Elle était composée de représentants des Bahamas, de Trinité-et-Tobago, de la ministre jamaïcaine des Affaires étrangères et du commerce extérieur, de l’ambassadeur jamaïcain et des membres du secrétariat de l’organisation caribéenne.

    Cette mission spéciale de la CARICOM avait pour objectif d’évaluer la situation en Haïti et a, en ce sens, réalisé des réunions préliminaires avec un certain nombre d’acteurs jugés importants. Là encore, des discussions ont porté sur les moyens qui permettraient à la région des Caraïbes de continuer d’aider le peuple haïtien « sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire. »

    Les questions d’importance :

    1) Quatre mois après ces différentes rencontres et missions d’exploration précédées de plusieurs autres déjà, qu’est ce qui a été réalisé de concret dans le sens d’une solution à la terrible crise qui secoue notre pays?

    2) Quels sont les moyens déjà explorés, comme promis par la CARICOM ou le Canada qui permettraient d’aider réellement le peuple haïtien «sur les plans politique, sécuritaire, humanitaire» et autres ? Le Canada, membre du CORE Group contribuant activement à la déstabilisation d’Haïti mais qui s’est malgré tout déclaré «partenaire indéfectible» d’Haïti, prétend avoir intervenu en réponse à cette situation flagrante et aurait notamment «fourni de l’aide à la police nationale haïtienne et déployé un avion de patrouille à long rayon d’action pour perturber les activités des gangs.» 

    Quel a été le résultat obtenu à partir du déploiement de cet avion de patrouille en ce qui concerne les activités criminelles des gangs ? Le Canada a-t-il ainsi permis de freiner l’action des gangs ou plutôt en a-t-il profité pour faire du théâtre pendant que les membres de la population continuent d’être massivement et quotidiennement victimes ? A-t-il, par ce théâtre, contribué à rassurer les gangs ou à les combattre réellement ?

    Partant de ce constat, le peuple Haïtien est-il en droit d’espérer quelque chose de positif ou de différent de ce sommet annoncé à la Jamaïque ? Ne sera-t-il pas un sommet de plus ajouté à la kyrielle de sommets déjà organisés rien que pour jeter de la poudre aux yeux du peuple ou faire semblant de vouloir aider à résoudre la crise qui est en train de l’engloutir ?

    5— REUNION DE LA CARICOM DU 11 AU 13 JUIN SUR HAÏTI : QUEL AGENDA

    Est — ce que l’agenda de ce sommet va dans le sens de l’appui aux solutions dirigées par les Haïtiens ? À quelques jours de la tenue du sommet,  cet agenda de discussion n’est pas encore finalisé et rendu public ? À quoi peut-on s’attendre ?

    Honorables organisateurs/trices

    À notre avis, si vous voulez témoigner du respect pour le peuple Haïtien en général et pour les acteurs concernés en particulier ; si vous voulez organiser un sommet sérieux sur la crise haïtienne actuelle et apporter une contribution certaine allant dans le sens d’une solution haïtienne à la crise haïtienne, vous devriez réviser votre stratégie, réviser la méthodologie inefficace et inutile habituelle utilisée lors de sommets précédents.   

    Nous persistons à espérer que la CARICOM ne se fera pas complice des anciennes puissances coloniales, esclavagistes et racistes aujourd’hui puissances impérialistes qui entretiennent cyniquement la crise actuelle, oppressent le peuple haïtien ; et surtout que la CARICOM ne se fera pas leur caisse de résonance. Sinon, tout sommet inter-caribéen sur Haïti risque de se convertir en une sorte de session extraordinaire du Core Group, version CARICOM. Nous souhaitons, plutôt, l’organisation par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) d’un sommet qui sera l’occasion de poser les vrais problèmes qui font perdurer cette crise et de trouver ensemble les solutions appropriées attendues avec la participation effective des acteurs Haïtiens. 

    Nous proposons, en ce sens, que soient figurés à l’agenda du sommet les points suivants : 

    1) Haïti : Recouvrement de la souveraineté nationale pour mettre fin à l’ingérence des puissances impérialistes ;

    2) Nécessité de la fin du soutien indécent de l’international en particulier des USA, du Canada et de la France au gouvernement criminel PHTK d’Ariel Henry et la mise en place d’un gouvernement de transition crédible ;

    3) Urgence de l’accompagnement solidaire de la CARICOM vis-à-vis d’Haïti pour l’application effective de la Résolution 2653 (2022) adoptée par le Conseil de Sécurité le 21 octobre 2022 ;

    4) Mise sur pied d’une Commission d’enquête indépendante pour évaluer ces dix-huit années d’accompagnement de l’ONU pour mettre à jour ses responsabilités et son lien direct avec les causes qui ont conduit à la situation chaotique actuelle ;

    5) Appui de la Cour Caribéenne de Justice pour l’obtention de dédommagements et réparations en faveur d’Haïti et en particulier des familles des trente mille morts et des huit cent mille (800 000,00) infectés-es du choléra introduit par les soldats de la MINUSTAH ; 

    6) Prise de position de la CARICOM pour un support concret à Haïti en vue de la non intervention militaire internationale ;

    7) Dans la perspective d’élections crédibles, recommandations de la CARICOM pour la suspension par les États-Unis de l’approvisionnement en armes et en munitions des gangs pareillement à la récupération rapide des armes déjà introduites ;

    8) Mise en garde contre le plan de développement de dix (10) ans pour Haïti imposé par le Département d’État américain ;

    9) Solidarité avec Haïti pour la Récupération de l’ile haïtienne de la Navase et la réclamation de dédommagements ;

    10) Nécessité d’un soutien ferme de la CARICOM en vue de la restitution et de la réparation pour les torts et les graves injustices subies par Haïti au cours de l’histoire, notamment la dette historique de l’esclavage, le vol de ses ressources, la scandaleuse rançon de l’indépendance, la séquestration de ses réserves d’or par les États-Unis d’Amérique ;

    11) Engagement de la CARICOM dans le processus de Décolonisation totale de l’espace caribéen ;

    12) Vote d’une résolution de la CARICOM demandant l’octroi d’une autre décennie des Afro-descendants 2024-2033 au nom d’Haïti. À noter qu’Haïti, la première à briser les chaines de l’esclavage et pour cela considérée par le poète Victor Hugo et bien d’autres comme étant une lumière [1], a été reléguée au dernier rang dans le cadre de la célébration de cette Décennie Internationale des personnes d’ascendance africaine alors que l’ONU aurait dû lui accorder une place d’honneur. 

    Monsieur le Président de la Conférence des Chefs de Gouvernement,

    tout sommet sur la crise haïtienne qui ne tient pas compte de ces préoccupations majeures du peuple haïtien va passer à côté. C’est pourquoi, si vous voulez vous tenir éloigné d’un échec prévisible et si en tant que communauté caribéenne de pays frères, la CARICOM veut effectivement offrir une contribution certaine à la résolution de cette crise multidimensionnelle et complexe, il faudra construire, en collaboration avec les acteurs haïtiens, l’agenda de discussion. Il s’agit d’un agenda intégrant les préoccupations fondamentales du peuple haïtien. Il importe aussi d’impliquer l’ensemble des acteurs haïtiens concernés, de s’entendre à l’avance sur le format de la rencontre, d’établir de concert la liste des éventuels acteurs internationaux à inviter et décaler pour au moins deux semaines ce sommet prévu du 11 au 13 juin en cours, ce pour assurer sa pleine réussite.

    Condamnés à se soutenir mutuellement dans la lutte pour une Caraïbe unie et totalement décolonisée, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président de la Conférence, nos salutations caribéennes et fraternelles.

    Josué MÉRILIEN
    Coordonnateur général de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) et
    Membre du Directoire de KONBIT des Organisations Syndicales, Politiques et Populaires  

  • Constitution d’Hayiti : Constitution du 20 mai 1805

    Nous, Henry Christophe, Clervaux, Vernet, Gabart, Pétion, Geffrard, Toussaint Brave, Raphaël, Lalondrie, Romain, Capoix, Magny, Cangé, Daut, Magloire Ambroise, Yayou, Jean-Louis François, Gérin, Moreau, Férou, Bazelais, Martial Besse,

    Tant en notre nom particulier, qu’en celui du peuple d’Hayiti qui nous a légalement constitués les organes fidèles et les interprètes de sa volonté,

    En présence de l’Être Suprême, devant qui les mortels sont égaux, et qui n’a répandu tant d’espèces de créatures différentes sur la surface du globe, qu’aux fins de manifester sa gloire et sa puissance, par la diversité de ses oeuvres,

    En face de la nature entière dont nous avons été si injustement et depuis si longtemps considérés comme les enfants réprouvés,

    Déclarons que la teneur de la présente Constitution est l’expression libre, spontanée et invariable de nos cœurs et de la volonté générale de nos constituants,

    La soumettons à la sanction de Sa Majesté l’empereur Jacques Dessalines, notre libérateur, pour recevoir sa prompte et entière exécution.

    Déclaration préliminaire.

    Article premier.

    Le peuple habitant l’île ci-devant appelée Saint-Domingue, convient ici de se former en État libre, souverain et indépendant de toute autre puissance de l’univers, sous le nom d’Empire d’Hayiti.

    Article 2.

    L’esclavage est à jamais aboli.

    Article 3.

    Les citoyens Hayitiens sont frères entre eux ; l’égalité aux yeux de la loi est incontestablement reconnue, et il ne peut exister d’autre titre, avantages ou privilèges, que ceux qui résultent nécessairement de la considération et en récompense des services rendus à la liberté et à l’indépendance.

    Article 4.

    La loi est une pour tous, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège.

    Article 5.

    La loi n’a point d’effet rétroactif.

    Article 6.

    La propriété est sacrée, sa violation sera rigoureusement poursuivie.

    Article 7.

    La qualité de citoyen d’Hayiti se perd par l’émigration et par la naturalisation en pays étranger, et par la condamnation à des peines afflictives et infamantes. Le premier cas emporte la peine de mort et la confiscation des propriétés.

    Article 8.

    La qualité de citoyen Hayitien est suspendue par l’effet des banqueroutes et faillites.

    Article 9.

    Nul n’est digne d’être Hayitien, s’il n’est bon père, bon fils, bon époux, et surtout bon soldat

    Article 10.

    La faculté n’est point accordée aux pères et mères de déshériter leurs enfants.

    Article 11.

    Tout citoyen doit posséder un art mécanique

    Article 12.

    Aucun blanc, quelle que soit sa nation, ne mettra le pied sur ce territoire, à titre de maître ou de propriétaire et ne pourra à l’avenir y acquérir aucune propriété.

    Article 13.

    L’article précédent ne pourra produire aucun effet tant à l’égard des femmes blanches qui sont naturalisées Hayitiennes par le gouvernement, qu’à l’égard des enfants nés ou à naître d’elles. Sont compris dans les dispositions du présent article, les Allemands et Polonais naturalisés par le gouvernement.

    Article 14.

    Toute acception de couleur parmi les enfants d’une seule et même famille, dont le chef de l’État est le père, devant nécessairement cesser, les Hayitiens ne seront désormais connus que sous la dénomination génériques de Noirs.

    De l’Empire.

    Article 15.

    L’Empire d’Hayiti est un et indivisible ; son territoire est distribué en six divisions militaires.

    Article 16.

    Chaque division militaire sera commandée par un général de division

    Article 17.

    Chacun de ces généraux de division sera indépendant des autres, et correspondra directement avec
    l’empereur ou avec le général en chef nommé par Sa Majesté.

    Article 18.

    Sont parties intégrantes de l’Empire les îles ci-après désignées : Samana, la Tortue, la Gonâve, les Cayemites, l’île à Vache, la Saône, et autres îles adjacentes.

    Du Gouvernement.

    Article 19.

    Le gouvernement d’Hayiti est confié à un premier magistrat qui prend le titre d’empereur et Chef suprême de l’armée.

    Article 20.

    Le peuple reconnait pour Empereur et Chef suprême de l’armée, Jacques Dessalines, le vengeur et le libérateur de ses concitoyens ; on le qualifie de Majesté ainsi que son auguste épouse l’impératrice.

    Article 21.

    La personne de Leurs Majestés est sacrée et inviolable.

    Article 22.

    L’État accordera un traitement fixe à Sa Majesté l’impératrice dont elle jouira même après le décès de l’empereur, à titre de princesse douairière.

    Article 23.

    La couronne est élective et non héréditaire.

    Article 24.

    Il sera affecté, par l’État, un traitement annuel aux enfants reconnus par Sa Majesté l’empereur.

    Article 25.

    Les enfants mâles reconnus par l’empereur seront tenus, à l’instar des autres citoyens, de passer successivement de grade en grade, avec cette seule différence que leur entrée au service datera dans la quatrième demi-brigade de l’époque de leur naissance.

    Article 26.

    L’Empereur désigne son successeur et de la manière qu’il le juge convenable, soit avant, soit après sa mort.

    Article 27.

    Un traitement convenable sera fixé par l’État à ce successeur, au moment de son avènement au trône.

    Article 28.

    L’Empereur, ni aucun de ses successeurs, n’aura le droit, dans aucun cas, et sous quelque prétexte que ce soit, de s’entourer d’un corps particulier et privilégié à titre de garde d’honneur, ou sous toute autre dénomination.

    Article 29.

    Tout successeur qui s’écartera des dispositions du précédent article ou de la marche qui lui aura été tracée par l’empereur régnant, ou des principes consacrés par la présente Constitution, sera considéré et déclaré en état de guerre contre la société. En conséquence, les conseillers d’État s’assembleront, à l’effet de prononcer sa destitution, et de pourvoir à son remplacement par celui d’entre eux qui en aura été jugé le plus digne, et s’il arrivait que ledit successeur voulût s’opposer à l’exécution de cette mesure, autorisée par la loi, les généraux conseillers d’État feront un appel au peuple et à l’armée, qui de suite leur prêteront main-forte et assistance pour maintenir la liberté.

    Article 30.

    L’Empereur fait, scelle et promulgue les lois, nomme et révoque, à sa volonté, les ministres, le général en chef de l’armée, les conseillers d’État, les généraux et autres agents de l’Empire, les officiers de l’armée de terre et de mer, les membres des administrations locales, les commissaires du gouvernement près les tribunaux, les juges et autres fonctionnaires publics.

    Article 31.

    L’Empereur dirige les recettes et dépenses de l’État, surveille la fabrication des monnaies ; lui seul en ordonne l’émission, en fixe le poids et le type.

    Article 32.

    A lui seul est réservé le pouvoir de faire la paix ou la guerre, d’entretenir des relations politiques et de contracter au dehors.

    Article 33.

    Il pourvoit à la sûreté intérieure et à la défense de l’État, distribue les forces de terre et de mer suivant sa volonté.

    Article 34.

    L’Empereur, dans le cas où il se tramerait quelque conspiration contre la sûreté de l’État, contre la Constitution ou contre sa personne, fera de suite arrêter les auteurs ou complices, qui seront jugés par un conseil spécial.

    Article 35.

    Sa Majesté seule a le droit d’absoudre un coupable ou de commuer sa peine.

    Article 36.

    L’Empereur ne formera jamais aucune entreprise dans la vue de faire des conquêtes ni de troubler la paix et le régime intérieur des colonies étrangères.

    Article 37.

    Tout acte public sera fait en ces termes : « L’Empereur d’Hayiti et le chef suprême de l’armée, par la grâce de de Dieu et la loi constitutionnelle de l’État. »

    Du Conseil d’État.

    Article 38.

    Les généraux de division et de brigade sont membres-nés du conseil d’État et le composent.

    Des ministres.

    Article 39.

    Il y aura dans l’Empire deux ministres et un secrétaire d’État :
    Le ministre des finances ayant le département de l’intérieur ;
    Le ministre de la guerre ayant le département de la marine.

    Article 40. Du ministre des finances et de l’intérieur.

    Du ministre des finances et de l’intérieur : Les attributions de ce ministre comprennent l’administration générale du Trésor public, l’organisation des administrations particulières, la distribution des fonds à mettre à la disposition du ministre de la guerre et autres fonctionnaires, les dépenses publiques, les instructions qui règlent la comptabilité des administrations et des payeurs de division, l’agriculture, le commerce, l’instruction publique, les poids et mesures, la formation des tableaux de population, les produits territoriaux, les domaines nationaux, soit pour la conservation, soit pour la vente, les baux à ferme, les prisons, les hôpitaux, l’entretien des routes, les bacs, salines, manufactures, les douanes, enfin la surveillance et la fabrication des monnaies, l’exécution des lois et arrêtés du gouvernement à ce sujet.

    Article 41.

    Du ministre de la guerre et de la marine : Les fonctions de ce ministre embrassent la levée, l’organisation, l’inspection, la surveillance, la discipline, la police et le mouvement des armées de terre et de mer, le personnel et le matériel de l’artillerie et du génie, les fortifications, les forteresses, les poudres et salpêtres, l’enregistrement des actes et arrêtés de l’empereur, leur renvoi aux armées et la surveillance de leur exécution ; il veille spécialement à ce que les décisions de l’empereur parviennent promptement aux militaires ; il dénonce aux conseils spéciaux les délits militaires parvenus à sa connaissance et surveille les commissaires de guerre et officiers de santé.

    Article 42.

    Les ministres sont responsables de tous les délits par eux commis contre la sûreté publique et la Constitution, de tout attentat à la propriété et à la liberté individuelle, de toute dissipation de deniers à eux confiés ; ils sont tenus de présenter, tous les trois mois, à l’empereur, l’aperçu des dépenses à faire, de rendre compte de l’emploi des sommes qui ont été mises à leur disposition, et d’indiquer les abus qui auraient pu se glisser dans les diverses branches de l’administration.

    Article 43.

    Aucun ministre en place ou hors de place ne peut être poursuivi en matière criminelle, pour fait de son administration, sans l’adhésion personnelle de l’empereur.

    Article 44.

    Du secrétaire d’État : Le secrétaire d’État est chargé de l’impression, de l’enregistrement et de l’envoi des lois, arrêtés, proclamations et instructions de l’empereur ; il travaille directement avec l’empereur pour les relations étrangères, correspond avec les ministres, reçoit de ceux-ci les requêtes, pétitions et autres demandes qu’il soumet à l’empereur, de même que les questions qui lui sont proposées par les tribunaux ; il renvoie aux ministres les jugements et les pièces sur lesquels l’empereur a statué.

    Des tribunaux.

    Article 45.

    Nul ne peut porter atteinte au droit qu’a chaque individu de se faire juger à l’amiable par des arbitres à son choix. Leurs décisions seront reconnues légales.

    Article 46.

    Il y aura un juge de paix dans chaque commune ; il ne pourra connaître d’une affaire s’élevant au delà de cent gourdes, et lorsque les parties ne pourront se concilier à son tribunal, elles se pourvoiront par-devant les tribunaux de leur ressort respectif.

    Article 47.

    Il y aura six tribunaux séant dans les villes ci-après désignées : A Saint-Marc, au Cap, au Port-au-Prince, aux Cayes, à l’Anse-à-Veau et au Port-de-Paix. L’Empereur détermine leur organisation, leur nombre, leur compétence et le territoire formant le ressort de chacun. Ces tribunaux connaissent de toutes les affaires purement civiles.

    Article 48.

    Les délits militaires sont soumis à des conseils spéciaux et à des formes particulières de jugement. L’organisation de ces conseils appartient à l’empereur, qui prononcera sur les demandes en cassation contre les jugements rendus par lesdits conseils spéciaux.

    Article 49.

    Des lois particulières seront faites pour le notariat et à l’égard des officiers de l’état civil.

    Du culte.

    Article 50.

    La loi n’admet pas de religion dominante.

    Article 51.

    La liberté des cultes est tolérée.

    Article 52.

    L’État ne pourvoit à l’entretien d’aucun culte ni d’aucun ministre.

    De l’administration.

    Article 53.

    Il y aura, dans chaque division militaire, une administration principale, dont l’organisation, la surveillance appartiennent essentiellement au ministre des finances.


    Dispositions générales.

    Article premier.

    A l’empereur et à l’impératrice appartiennent le choix, le traitement et l’entretien des personnes qui composent leur cour.

    Article 2.

    Après le décès de l’empereur régnant, lorsque la révision de la Constitution aura été jugée nécessaire, le Conseil d’État s’assemblera à cet effet et sera présidé par le doyen d’âge.

    Article 3.

    Les crimes de haute trahison, les délits commis par les ministres et les généraux, seront jugés par un conseil spécial nommé et présidé par l’empereur.

    Article 4.

    La force armée est essentiellement obéissante, nul corps armé ne peut délibérer.

    Article 5.

    Nul ne pourra être jugé sans avoir été légalement entendu.

    Article 6.

    La maison de tout citoyen est un asile inviolable.

    Article 7.

    On peut y entrer en cas d’incendie, d’inondation, de réclamation partant de l’intérieur, ou en vertu d’un ordre émané de l’empereur ou de toute autre autorité légalement constituée.

    Article 8.

    Celui-là mérite la mort qui la donne à son semblable.

    Article 9.

    Tout jugement portant peine de mort ou peine afflictive, ne pourra recevoir son exécution, s’il n’a été confirmé par l’empereur.

    Article 10.

    Le vol est puni en raison des circonstances qui l’auront précédé, accompagné ou suivi.

    Article 11.

    Tout étranger habitant le territoire d’Hayiti sera, ainsi que les Hayitiens, soumis aux lois correctionnelles
    et criminelles du pays.

    Article 12.

    Toute propriété qui aura ci-devant appartenu à un blanc français est incontestablement et de droit confisquée au profit de l’État.

    Article 13.

    Tout Hayitien qui, ayant acquis une propriété d’un blanc français, n’aura payé qu’une partie du prix stipulé par l’acte de vente, sera responsable, envers les domaines de l’État, du reliquat de la somme due.

    Article 14.

    Le mariage est un acte purement civil et autorisé par le gouvernement.

    Article 15.

    La loi autorise le divorce dans les cas qu’elle a prévus et déterminés.

    Article 16.

    Une loi particulière sera rendue concernant les enfants nés hors mariage.

    Article 17.

    Le respect pour ses chefs, la subordination et la discipline sont rigoureusement nécessaires.

    Article 18.

    Un code pénal sera publié et sévèrement observé.

    Article 19.

    Dans chaque division militaire, une école publique sera établie pour l’instruction de la jeunesse.

    Article 20.

    Les couleurs nationales sont noires et rouges.

    Article 21.

    L’agriculture, comme le premier, le plus noble et le plus utile de tous les arts, sera honorée et protégée.

    Article 22.

    Le commerce, seconde source de la prospérité des États, ne veut et ne connaît point d’entraves.
    Il doit être favorisé et spécialement protégé.

    Article 23.

    Dans chaque division militaire, un tribunal de commerce sera formé, dont les membres seront choisis par l’empereur, et tirés de la classe des négociants.

    Article 24.

    La bonne foi, la loyauté dans les opérations commerciales seront religieusement observées.

    Article 25.

    Le gouvernement assure sûreté et protection aux nations neutres et amies qui viendront entretenir avec cette île des rapports commerciaux, à la charge par elles de se conformer aux règlements, us et coutumes de ce pays.

    Article 26.

    Les comptoirs, les marchandises des étrangers seront sous la sauvegarde et la garantie de l’État.

    Article 27.

    Il y aura des fêtes nationales pour célébrer l’Indépendance, la fête de l’empereur et de son auguste Épouse, celle de l’Agriculture et de la Constitution.

    Article 28.

    Au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et la nation est debout.

    ***


    Nous, mandataires soussignés, mettons sous la sauvegarde des magistrats, des pères et mères de famille, des citoyens et de l’armée, le pacte explicite et solennel des droits sacrés de l’homme et des devoirs du citoyen ;

    La recommandons à nos neveux, et en faisons hommage aux amis de la liberté, aux philanthropes de tous les pays, comme un gage signalé de la bonté divine, qui, par suite de ses décrets immortels, nous a procuré l’occasion de briser nos fers et de nous constituer en peuple libre, civilisé et indépendant.

    Et avons signé, tant en notre nom privé qu’en celui de nos commettants.

    Signé : H. Christophe, Clervaux, Vernet, Gabart, Pétion, Geffrard, Toussaint-Brave, Raphaël, Lalondrie, Romain, Capoix, Magny, Cangé, Daut, Magloire Ambroise, Yayou, Jean-Louis François, Gérin, Moreau, Férou, Bazelais, Martial Besse.

    Présentée à la signature de l’Empereur, la Constitution de l’Empire fut sanctionnée par lui.

    Vu la présente Constitution,

    Nous, Jacques Dessalines, Empereur Ier d’Hayiti et chef suprême de l’armée, par la grâce de Dieu et la loi constitutionnelle de l’État,

    L’acceptons dans tout son contenu, et la sanctionnons, pour recevoir, sous le plus bref délai, sa pleine et entière exécution dans toute l’étendue de notre empire ;

    Et jurons de la maintenir et de la faire observer dans son intégrité jusqu’au dernier soupir de notre vie.

    Au Palais impérial de Dessalines, le 20 mai 1805, an II de l’Indépendance d’Hayiti, et de notre règne le premier.

    Signé : Dessalines.

    Par l’Empereur :
    Le Secrétaire général,
    Signé : Juste Chanlatte.

  • L’ULCC demande à la justice haïtienne de poursuivre sept anciens sénateurs

    Ce vendredi 3 mars 2023, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) a transmis des demandes de poursuites judiciaires contre sept anciens sénateurs. À travers neuf rapports transmis aux commissaires du gouvernement, l’ULCC a exposé à quel point la corruption est répandue dans l’administration publique. Qu’il s’agisse du parlement, des collectivités territoriales, des organes de sécurité publique, de l’assistance sociale, des universités et établissements scolaires publics, des entreprises publiques, des organes autonomes et des ministères, aucune institution publique n’est touchée par une corruption grave et généralisée.

    L’ULCC a rapporté que d’anciens élus influents du Sénat de la République d’Haïti n’avaient pas fait leur déclaration de patrimoine à l’entrée et à la sortie de leurs fonctions. Il s’agit notamment de Nawoom Marcelus, Dieudonné Étienne Luma, Jacques Sauveur Jean, Jean-Marie Junior Salomon, Richard Lenine Hervé Fourcand, Wilfrid Gélin et Willot Joseph.

    La corruption est l’un des principaux obstacles au développement économique et à la stabilité politique d’Haïti. Créées en 2004 par décret, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et sa Cellule de renseignement financier (UCREF) sont les deux entités gouvernementales chargées d’enquêter sur la corruption et ses manifestations au sein de l’administration publique.

    Cependant, année après année, Haïti se classe parmi les nations les plus corrompues au monde. L’ULCC et la justice haïtienne échouent à mettre derrière les barreaux des politiciens ou des membres influents du secteur privé haïtien soupçonnés de corruption.

    En août dernier, l’ULCC a déposé dix rapports d’enquête sur des affaires de corruption demandant à la branche judiciaire du gouvernement de faire bon usage de l’information. Les dossiers présentaient des faits de détournement de biens publics, de contrats illégaux, de corruption, de mauvaise gestion et d’abus de pouvoir, entre autres, préoccupants. Jusqu’à présent, les citoyens n’ont encore vu aucun résultat concret.

    Selon le directeur général de l’ULCC, il y avait 66 dossiers pour une seule condamnation, cinq acquittements, un non-lieu, et 60 dossiers non traités qui pourrissent dans les tiroirs de la justice haïtienne dans une indifférence totale et révoltante. Ce rapport établit que le cancer appelé corruption se nourrit de l’impunité, a déclaré le chef de l’ULCC.

  • Gwo van ti lapi : Le gouvernement rapporte des recettes douanières exceptionnellement élevées

    L’administration Ariel se vante de recettes douanières exceptionnellement élevées. Cependant, les chiffres en termes réels racontent une histoire différente.

    Ces derniers temps, les douanes en Haïti semblent tourner la page compte tenu du montant exceptionnellement élevé des revenus qu’elles ont collectés. D’autres sources de revenus du gouvernement suivent la même tendance à la hausse, ce qui suggère que les autorités ont fait quelque chose de bien sur le plan fiscal. Néanmoins, les vrais chiffres nous racontent une histoire différente quand on y regarde de plus près.

    Selon la dernière note trimestrielle sur la politique monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH), différentes mesures gouvernementales ont amélioré la performance fiscale du pays. Le rapport souligne également que malgré le climat économique actuel, les recettes totales de l’État ont augmenté de 23,5 % par rapport au trimestre précédent. Quant aux recettes douanières, elles ont presque doublé, selon la note.

    Les derniers chiffres révèlent également une performance exceptionnelle en février 2023, avec des recettes douanières presque le double des recettes de l’année précédente, soit une augmentation de 91 %. Bien que cela soit vrai pour les gourdes nominales, la performance est beaucoup moins impressionnante lorsque vous convertissez ce montant en dollars, que nous avons utilisé comme base dans notre analyse. En dollars, les recettes douanières ont augmenté de 31 % d’une année sur l’autre après une baisse de 18 % l’année précédente.

    Bien que toute augmentation soit une bonne nouvelle compte tenu de l’état de l’économie haïtienne, si l’on considère la baisse du pouvoir d’achat de la gourde, les recettes douanières réelles de février ont augmenté de 61,8 % après une baisse de 26,9 % l’année précédente. Par rapport à il y a cinq ans, les recettes douanières évoluent à peine à 0,3 % alors que les dépenses publiques augmentent et que le problème de déficit budgétaire du pays s’est aggravé. Par conséquent, les recettes douanières exceptionnellement élevées sont « gwo van ti lapli ».

    Perceptions douanières février de 2013 à 2023

    Nous avons utilisé le dollar pour évaluer les revenus du gouvernement en raison de la volatilité de la gourde, alors qu’une partie importante des dépenses du gouvernement est en dollars. De plus, alors que les importations vers Haïti ont atteint des niveaux record, les entreprises privées ainsi que le gouvernement se retrouvent à effectuer davantage de paiements en dollars.

    Sans surprise, le 23 janvier, le FMI a approuvé un décaissement de 105 millions de dollars américains à Haïti, un pays en difficulté, pour aider à répondre à ses besoins urgents en matière de balance des paiements. Nous croyons que l’argent ne sera pas seulement gaspillé ; il servira à graisser la machine à corruption.

    Le problème de sécurité, qui est la préoccupation numéro un des Haïtiens, a drastiquement réduit la circulation des biens et des personnes et limité leurs activités économiques n’est pas abordé. Avec ce paquet du FMI, les ressources budgétaires devraient être allouées aux dépenses des programmes alimentaires et à l’augmentation de l’aide sociale aux plus vulnérables. Cette approche non seulement n’aura pas de résultat durable, mais échouera également à cause de la corruption dans un contexte d’insécurité aiguë.

    Tableau des Perceptions douanières février de 2018 à 2023

    MoisMontants en gdesMontants en dollar EUMontants en gdes (ajustés pour inflation)Variation par rapport à l’année préc.Variation relative par rapport à 2018IPC
    Fév-20182,745,503,04542,865,7332,745,503,045100
    Fév-20191,948,117,81523,639,0511,695,489,831-38.2%-38.2%114.9
    Fév-20202,699,521,84228,787,2231,944,900,46214.7%-29.2%138.8
    Fév-20213,775,728,02651,046,3922,330,696,31219.8%-15.1%162
    Fév-20224,260,347,24741,734,2321,702,776,678-26.9%-38.0%250.2
    Fév-20238,148,104,61454,559,5232,754,599,26161.8%0.3%295.8

    Sources : Le Nouvelliste, Banque de la République d’Haïti (BRH), Institut Haïtien
    de Statistique et d’Informatique (IHSI)