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  • L’inflation annuelle en Haïti atteint un seuil inédit depuis 2 décennies en juin

    L’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) rapporte que l’inflation annuelle en Haïti a atteint un niveau record. En juin, les prix ont augmenté de 29 % en glissement annuel, l’expansion la plus importante depuis la fin de 2003, l’inflation ayant atteint 38,4 % en décembre.

    Les principaux moteurs de cette inflation sont la hausse des prix de l’alimentation et des boissons non alcoolisées, qui ont atteint 30,7 % en juin 2022. Il est important de noter que cette composante du panier de consommation représente plus de la moitié du budget des ménages en Haïti. Ainsi, la population haïtienne a de plus en plus de difficultés à se nourrir.

    Évolution de l’inflation en Haïti

    Évolution de l’inflation en Haïti

    Variation annuelle


    Institut haïtien de la statistique et de l’informatique (IHSI)


    Haïti traverse une grave crise socio-économique, exacerbée par une violence accrue alimentée par des gangs lourdement armés et le coût élevé des importations, principalement des produits pétroliers et des produits de première nécessité.

    Alors que les produits locaux ont augmenté de 21,8 % en juin 2022 par rapport à juin 2021, les produits importés ont affiché une augmentation colossale de 41,7 %. Le pétrole est un intrant économique important. Ainsi, une hausse du prix des produits pétroliers pousse l’inflation vers le ciel. Le coût réel du pétrole a atteint un sommet en sept ans au milieu de la guerre russo-ukrainienne.

    Selon les dernières données, le Grand Sud est le plus touché par la flambée des prix. Cette région du Sud composée des départements du Sud, de la Grande-Anse et des Nippes et coupée de la grande aire métropolitaine de Port-au-Prince depuis plus d’un an a enregistré une inflation de 31,4 %.

    La flambée des prix touche la plupart des pays et des zones économiques du monde, des pays en développement aux pays avancés. Ils luttent tous contre la hausse des prix après que la pandémie de COVID-19 a plongé les chaînes d’approvisionnement mondiales dans le chaos et que la guerre en Ukraine a poussé les prix des aliments et du carburant à de nouveaux sommets.

    Partout dans le monde, les gouvernements prennent des mesures pour maîtriser l’inflation et atténuer son impact sur leurs citoyens. En Haïti, les autorités ne font aucun effort pour gérer l’inflation qui contribue à la misère de la population, de même que leur inaction contre la violence des gangs qui rend le pays invivable.

  • Biden : « Cela ne ressemble pas à une récession pour moi »

    Le département américain du Commerce a annoncé jeudi que le produit intérieur brut (PIB) avait diminué à un taux annuel de 0,9 % au deuxième trimestre 2022, après une baisse de 1,6 % au premier trimestre. Alors que beaucoup soutiennent que les États-Unis sont techniquement en récession, le président Biden ne le pense pas en raison du faible taux de chômage et des investissements importants des entreprises dans le pays. « Cela ne ressemble pas à une récession pour moi », a déclaré Biden.

    La contraction du deuxième trimestre d’avril à juin respecte une règle empirique largement acceptée pour la définition technique d’une récession. Les économistes définissent traditionnellement une récession comme deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Néanmoins, il y a des débats sur la question de savoir si l’économie américaine actuelle est en récession en raison de certains facteurs anormaux, notamment le faible taux de chômage, un indicateur économique essentiel.

    Selon le département américain du Travail, « une croissance forte et régulière de l’emploi est une description appropriée du deuxième trimestre du marché du travail américain ». Au cours des trois derniers mois, l’économie a créé en moyenne 375 000 emplois par mois. Par ailleurs, les données du Bureau of Labor Statistics des États-Unis montre que le taux de chômage national est resté à 3,6 %, mais était inférieur de 2,3 points de pourcentage à celui de juin 2021.

    Un rapport du Département du travail a également montré que les licenciements restent élevés. Les demandes initiales de chômage ont totalisé 256 000 pour la semaine terminée le 23 juillet, soit une baisse de 5 000 par rapport au niveau révisé à la hausse de la semaine précédente, mais plus élevée que certaines estimations d’analystes.

    Par ailleurs, les récents indicateurs de dépenses et de production se sont adoucis », indique un communiqué du Federal Open Market Committee (FOMC), un groupe de 12 responsables de la Fed qui définit la politique monétaire des États-Unis. « Néanmoins, la création d’emplois a été robuste ces derniers mois et le taux de chômage est resté faible. L’inflation reste élevée, reflétant les déséquilibres de l’offre et de la demande liés à la pandémie [de coronavirus], la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et des pressions plus larges sur les prix. »

    Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré mercredi que l’économie américaine fonctionnait « trop ​​bien » pour décliner. « Je ne pense pas que les États-Unis reculent actuellement. Et la raison en est que trop de secteurs de l’économie fonctionnent, vous savez, trop bien », a déclaré Powell mercredi.

  • Inflation aux États-Unis : réunion de juillet de la Réserve fédérale

    L’inflation aux États-Unis, mesurée par l’indice des prix à la consommation, a atteint 9,1 % en juin, un sommet en 41 ans, le coût du carburant et de la nourriture faisant grimper les autres prix. En réponse, la Réserve fédérale, la banque centrale la plus puissante du monde devrait augmenter les taux d’intérêt de trois quarts de point de pourcentage ce mois-ci. Une telle décision ralentira l’économie et pourrait même provoquer une récession.

    Mardi et mercredi de la semaine prochaine, des responsables de la Réserve fédérale américaine se réuniront pour assister à la réunion de deux jours du Federal Open Market Committee (FOMC) en juillet. On s’attend à ce que la banque centrale du pays relève son taux directeur des fonds fédéraux d’au moins 75 points de base pour maîtriser une inflation élevée et persistante.

    L’augmentation des taux d’intérêt devrait ralentir l’économie pour faire baisser l’inflation, car les particuliers et les entreprises seraient confrontés à des coûts d’emprunt plus élevés, leurs dépenses diminueraient et les entreprises verraient leurs revenus chuter.

    Le président de la Fed, Jerome Powell, admet ouvertement que l’économie doit être refroidie pour lutter contre l’inflation. Le mois dernier, Powell avait déclaré qu’il n’y avait « aucune garantie » que la banque centrale puisse maîtriser l’inflation galopante sans nuire au marché du travail.

    Depuis mars, la Réserve fédérale a relevé son taux de référence de 150 points de base cumulés à une fourchette actuelle de 1,5 à 1,75 %, procédant plus récemment à une hausse de taux de 75 points de base lors de sa réunion de juin. Les décideurs de la Fed prévoient désormais un taux des fonds fédéraux de fin d’année de 3,25 à 3,5 %, avec une hausse supplémentaire des taux attendue en septembre.

    La politique monétaire est censée mettre du temps à opérer sa magie. Mais le changement brutal des banquiers centraux dans la lutte contre l’inflation a gravement resserré les conditions financières aux États-Unis en 2022. Les investisseurs se débarrassent désormais des actifs risqués, ce qui entraîne la baisse du marché boursier.

    Alors que la Réserve fédérale américaine, l’entité qui contrôle la masse monétaire des États-Unis, doit nuire à l’économie avant qu’elle ne puisse s’améliorer, les investisseurs et les banquiers du monde entier sont restés sur leurs gardes avant la réunion de la banque centrale américaine.

  • Resesyon Ozetazini : enpak li sou sektè ki pi enpòtan an Ayiti

    Pandan enflasyon ap koupe pòch konsomatè yo, kwasans depans Ameriken yo ap ralanti. Ki fè, chans pou Etazini, pi gwo ekonomi nan mond lan ak pi gwo patnè komèsyal Ayiti tonbe nan resesyon disi ane pwochèn ogmante. Enpak yon resesyon nan peyi Tonton Sam ka rive menm an Ayiti.

    Yon resesyon se yon bès enpòtan nan aktivite ekonomik ki dire plizyè mwa e menm plizyè ane. Ekspè yo deklare ke lè gen yon resesyon ekonomik, pwodwi domestik brit (PDB) yon nasyon tonbe nan negatif, nivo chomaj la monte, lavant detayan yo bese, revni yo kontrakte, epi manifakti yo bese pou yon peryòd tan pwolonje. Ki fè, si gen yon resesyon Ozetazini, ki se pi gwo patnè komèsyal Ayiti, sektè ki expòte pwodwi nan peyi sa ap afekte.

    Youn nan prensipal sektè ke resesyon ameriken an ap fwape se endistri manifakti Ayisyen an, sitou sila yo ki nan domèn fabrikasyon rad. Pa egzanp, S&H Global, yon gwo konpayi manifakti rad nan Pak Endistriyèl Caracol an Ayiti, pral elimine 4000 anplwa akòz demann ki bese, sitou nan peyi Etazini.

    Endistri rad la se youn nan pi gwo anplwayè an Ayiti. Li jwe yon wòl enpòtan nan sipòte ekspòtasyon Ayisyen yo. Sektè sa responsab pou plis pase 80% ekspòtasyon peyi a. Anplis, 83% nan ekspòtasyon sa yo ale nan peyi Tonton Sam. Pou soliye enpòtans endistri teksil ak rad la and Ayiti, n’ap raple ke nan lane 2020, plis pase 850 milyon dola sou yon revni total 1.03 milya dola ekspòtasyon peyi a soti nan sektè sa ki reprezante yo pati enpòtan nan PDB peyi a (apeprè 10%).

    Ozetazini se pi gwo patnè komèsyal Ayiti, endistri rad ayisyen an jwi anpil kondisyon favorab anba yon lwa Ameriken, ki se HOPE II. Gras a lejislasyon sila, konpayi manifakti ayisyen yo gen aksè favorab sou mache Ameriken an paske yo pa peye dwan, sa ki pèmèt volim total ekspòtasyon pwodwi rad ki soti Ayiti pou ale nan peyi Etazini rive prèske 1 milya dola ameriken, ki reprezante plis ke 3 ka nan ekspòtasyon Ayisyen yo.

  • Shinzo Abe : ex-dirigeant du Japon assassiné le 8 juillet

    Shinzo Abe, 67 ans, ancien Premier ministre japonais et dirigeant ayant les plus longs états de service du pays, a été abattu alors qu’il prononçait un discours de campagne. De nouvelles images terrifiantes montrent les gardes du corps de Shinzo Abe essayant de dévier les balles de l’assassin avec des mallettes alors que l’ancien Premier ministre se fige lorsque le premier coup de feu est tiré… puis tombe lorsque la deuxième et fatale balle l’atteint.

    Abe, qui était le Premier ministre japonais ayant exercé le plus long mandat, a occupé ses fonctions en 2006 pendant un an, puis de 2012 à 2020, avant de démissionner pour des raisons de santé.

    Pendant qu’il était en fonction, il a opté pour une politique économique connue sous le nom d’« Abenomics », fondée sur l’assouplissement monétaire, la relance budgétaire et les réformes structurelles. Il a également poussé des politiques plus affirmées en matière de défense et de politique étrangère et a longtemps cherché à amender la constitution pacifiste d’après-guerre du Japon.

    Le tireur de 41 ans, Tetsuya Yamagami, avait un arsenal d’armes artisanales, ainsi qu’un certain nombre d’explosifs qui ont été emportés pour être détruits. Yamagami a été plaqué au sol et arrêté, la police affirmant qu’il avait avoué. Il voulait tuer Abe parce qu’il était membre d’une « organisation spécifique » avec laquelle il n’était pas d’accord.

    Les gardes se précipitent aux côtés de M. Abe, et des images ultérieures montrent comment ils ont commencé des compressions thoraciques dans une vaine tentative de le ranimer. Il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital d’une perte de sang massive.

    Les dirigeants du monde entier ont exprimé leur choc après l’assassinat de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe.

    Le président Joe Biden a partagé ses condoléances sur Twitter, se disant « stupéfait, indigné et profondément attristé » par l’assassinat et a qualifié Abe de « champion de l’amitié entre notre peuple ».

    Le président russe Vladimir Poutine, dans un communiqué, a déclaré que la mort d’Abe était une « perte irréparable » et l’a qualifié d’« homme d’État exceptionnel » dans un télégramme envoyé à sa famille.

    Le Premier ministre indien Narendra Modi, qui avait noué des liens personnels étroits avec Abe, s’est dit « choqué et attristé au-delà des mots » et a déclaré samedi une journée de deuil national en Inde en l’honneur de l’ancien Premier ministre japonais.

  • Le Congrès américain a adopté un projet de loi bipartite sur le contrôle des armes à feu

    Poussé à l’action par une fusillade de masse qui a tué 19 enfants et deux enseignants dans une école primaire au Texas, le Sénat a adopté un projet de loi bipartite sur le contrôle des armes à feu, brisant près de trois décennies d’inaction sur une législation substantielle sur les armes à feu.

    Lors d’un vote (64-33), le Sénat a adopté la mesure avec 15 républicains, dont le sénateur Mitch McConnell du Kentucky, le chef de la minorité, rompant les rangs pour se ranger du côté des démocrates soutenant l’effort.

    Alors que de nombreux républicains à la Chambre des représentants s’étaient opposés au projet de loi, il a été approuvé avec 234 voix pour et 193 contre.

    Pendant ce temps, la Cour suprême a invalidé jeudi une loi de l’État de New York exigeant que les candidats à une licence pour porter une arme à feu à l’extérieur de leur domicile aient une « bonne raison » de le faire, affirmant qu’elle violait le deuxième amendement de la Constitution américaine.

    Maintenant que les deux chambres du Congrès américain ont adopté le projet de loi sur les armes à feu, il sera envoyé au président Biden pour signature et mettra fin à près de trois décennies d’inaction du Congrès sur la politique des armes à feu aux États-Unis.

  • Désharmonisation entre le secteur bancaire et le secteur réel en Haïti: quand la finance boude la production

    « Les banques sont les meilleurs moteurs jamais inventés pour stimuler la croissance économique » Alexander Hamilton (1781).

    La littérature sur la relation existant entre la finance et la croissance de la production de biens et services est légion. Ross Levine, en 2005, a publié une étude classique (Finance and Growth: Theory, Evidence, and Mechanisms) qui compte près de 300 références ; plus de 100 documents ont été rédigés après 2005. La plupart de ces recherches, de Walter Bagehot (1873) à Marco Pagano (2013), ont abouti à la conclusion que le développement financier (mesuré, entre autres, par le ratio crédit privé/ produit intérieur brut) est une condition sine qua non au développement économique. Notamment, au travers de son impact sur l’investissement, l’innovation technologique, la productivité des facteurs de production et donc, sur la croissance économique.

    Levine (1997) définit la fonction essentiellement d’un système financier comme la facilitation de l’allocation des ressources à travers le temps et l’espace. Pour John Maynard Keynes, la monnaie est indissociable de la production marchande ; ce sont les deux éléments constitutifs du fonctionnement de l’économie. La monnaie est créée à partir du financement de l’activité économique. Tandis que, du côté des classiques, c’est la dichotomie. Selon David Ricardo, la monnaie ne participe pas à la formation de l’équilibre économique ; elle ne détermine que le niveau absolu des prix. Ce dernier est déterminé indépendamment de l’échange réel par la quantité de monnaie en circulation.

    Après cette entrée en matière, on peut se demander comment la situation se présente-t-elle en Haïti.

    L’économie haïtienne est caractérisée par cette dichotomie dont parlent les classiques dans la mesure où on observe ce que la Banque de la République d’Haïti (BRH) désigne comme la « non-intégration des sphères financières et réelles ». D’un côté, nous avons un système bancaire considéré comme performant, sain et solide. Alors que, de l’autre côté, le secteur réel est enfermé dans une trappe à faible croissance. Pour Edouard Francisque (PhD), ce secteur souffre de « nanisme économique ». La non-intégration du secteur bancaire dans le tissu de production a été dénoncée par Marc Louis Bazin (Le Nouvelliste, 2008) :

                Le secteur bancaire ne finance pas le développement. Pratiquement 50 % des prêts des banques commerciales vont au commerce et à la consommation. Les prêts à l’investissement productif, à l’agriculture et aux transports ne représentent que 10 % du total des prêts que consent le secteur bancaire. La part du crédit qu’accordent les banques est la plus faible de la Caraïbe (11 %). 

    En effet, à partir des données de la BRH, on constate que, de 1994 à 2019, le volume des actifs du secteur bancaire haïtien, composés de bons BRH et autres placements, des immobilisations, des disponibilités et du portefeuille de crédit net, n’a cessé de croître pour atteindre 401.95 milliards de gourdes en 2019 ; avec une croissance moyenne annuelle de 17.03 %. Il est à noter que la variation à la hausse du taux de change augmente la valeur nominale des actifs libellés en dollars lorsque ces derniers sont convertis en gourdes. Les dépôts captés auprès des clients ont atteint une valeur d’environ de 324.5 milliards de gourdes et ils ont augmenté à un taux de croissance moyen, sur la période, de 17.43 %. Les dépôts à vue, les dépôts d’épargne et les dépôts à terme croissent en moyenne au rythme de, respectivement, 19.3 %, 14.2 % et 18 %. Cependant en termes d’intermédiation, l’activité des banques ne s’est pas intensifiée. Le ratio des prêts nets accordés par les banques sur les dépôts recueillis est en moyenne de 39.48 % sur cette période. Il est passé de 53.2 % en 1997 à 38.4 % en 2019.

    En ce qui a trait au poids de certains secteurs dans la répartition du crédit total accordé par le secteur bancaire haïtien, on constate que, de 2000 à 2019, dans le souci de réduire les risques liés à l’octroi de crédit, le secteur agricole (agriculture, sylviculture et pêche), l’industrie alimentaire et l’hôtellerie ont reçu respectivement 0.31 %, 4 % et 1.98 % de l’enveloppe des prêts bancaires. Alors que, les activités de commerce de gros et de commerce de détail dominent la distribution du crédit en recevant respectivement 14.84 % et 13.81 % sur la même période. Les crédits à la consommation représentent 10.74 % de l’ensemble des crédits accordés au cours de ces vingt années.

    De 1994 à 2019, on voit que les revenus et les bénéfices nets des banques ont une tendance haussière sur toute la période, mais elle a été interrompue par les fortes turbulences politiques au cours de l’année 2018. Cependant, on remarque que les autres revenus croissent plus vite que les revenus d’intermédiation. Les autres revenus, comme les gains de changes et les commissions, ont dépassé les revenus d’intermédiation à partir de 2010. Les revenus nets d’intérêt ont un taux de croissance moyen de 18.22 % alors que les autres revenus augmentent à un rythme de 19.89 %. En effet, ces dernières années, les banques utilisent plus de ressources pour la réalisation des opérations de change (achat et vente de devises).

    Qu’en est-il du secteur réel ?

    Le rachitisme de l’économie haïtienne peut être observé à travers l’évolution de son produit intérieur brut (PIB réel), exprimé en milliards de gourdes réelles, ou encore son taux de croissance. Les seules années où le pays a dégagé un taux de croissance économique de plus de 5 % sont 1995 et 2011, respectivement, 9.9 % et 5.5 %. Deux années de reprise économique qui ont succédé les chocs du début des années 90 et de 2010. De 1990 à 2019, le taux moyen de croissance économique est de 0.88 % alors que la taille de la population a crû au rythme de 1.6 % sur la période. Ce qui implique que le taux de croissance de l’économie haïtienne ne suffit pas à améliorer significativement le niveau de vie de la population mesuré par le revenu national brut par habitant, qui est, en moyenne, de 734 dollars US constants. En plus, le taux de chômage, en pourcentage de la population totale, est de 11.63 % sur la période. 

    De nos jours, le concept de pays en voie de développement est plus utilisé que celui de pays sous- développé. Mais, selon l’économiste Frtiz Jean Jacques, Haïti ne mérite pas l’appellation de pays en développement, car nous sommes trop loin derrière. Pour lui : « Une économie sous-développée est reconnaissable par l’importance de son PIB, mais beaucoup plus évidemment par ces caractéristiques réelles » (Jean Jacques, 2015). Nous avons un PIB moyen, en dollars US constants de 2010, de l’ordre de 6.67 milliards de 1990 à 2019 et un PIB par habitant de 756 dollars en 2019. Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental avec un indice de développement humain le classant 169e sur 189 pays en 2019. De plus, l’industrie ne compte pas assez dans la formation du produit intérieur brut. 

    À partir des données en séries temporelles allant de 1990 à 2019, en utilisant des outils statistiques et économétriques, on constate que le coefficient de corrélation simple (qui mesure le degré de liaison entre deux variables) entre les crédits accordés au secteur privé et le taux de croissance du PIB réel est faiblement significatif d’un point de vue économique alors que la corrélation entre les crédits bancaires et le taux d’investissement est statistiquement nulle.

    À l’aide d’un modèle de régression multiple, on trouve qu’une variation positive de 1 % des crédits privés accordés par les banques commerciales haïtiennes, en pourcentage du PIB, fait augmenter le taux de croissance de la production réelle de 10.67 %. En regard au seuil de significativité, on peut dire que l’effet des crédits sur le taux de croissance de l’économie est faiblement considérable. En effet, une hausse de 0.01 des crédits au secteur privé augmente ce taux de croissance de seulement de 0.1 point de pourcentage. Tandis que l’utilisation d’un modèle vectoriel autorégressif, afin de tenir compte du biais de simultanéité, montre que les crédits accordés aux entrepreneurs et consommateurs privés, pour la période étudiée, ne prédisent pas une évolution positive du taux de croissance réel de l’économie haïtienne (pour plus de détails, consultez le lien suivant : https://academia.edu/resource/work/81927243).

    Comment expliquer cette désharmonisation ?

    Plusieurs facteurs peuvent expliquer la non-intégration du système bancaire haïtien dans le tissu de production. Ici, on va tenir de deux facteurs jugés déterminants dans la désintermédiation financière : l’incertitude découlant de l’instabilité chronique en Haïti et le faible revenu moyen des ménages.

    L’incertitude constitue un poison virulent, non seulement pour l’activité économique, mais aussi pour l’activité financière. En effet, lorsque les banques sont pessimistes, elles sont plus réticentes à accorder du crédit et elles endurcissent leurs exigences. Par conséquent, l’accès aux ressources monétaires permettant le financement des investissements devient plus cher donc, plus difficile. L’instabilité chronique en Haïti et l’absence de modernisation du secteur agricole, qui est soumis aux alinéas climatiques (cyclone, sécheresse) sont sources d’incertitude. L’activité productive se déroule dans un environnement caractérisé par l’insécurité, l’instabilité politique, une vulnérabilité face aux catastrophes naturelles et une mauvaise organisation territoriale. Alors, les banques commerciales préfèrent s’orienter vers des activés offrant certaines garanties telles que les opérations de change (achat et vente de devises), l’achat d’obligations et de bons du trésor et les activités commerciales au détriment du financement de la production de biens et services.

    Les banques, en tant qu’entreprises, ont pour objectif principal d’accroître les avoirs des actionnaires en rémunérant leurs capitaux à un taux plus élevé que le coût d’opportunité de ces derniers (Lhermite, 2003), en gérant et en se servant de l’argent des autres. Elles sont donc tenues d’être prudentes et vigilantes quant à l’utilisation des fonds recueillis. Alors, elles cherchent à réduire les risques en finançant, de préférence, les opérations commerciales qui consistent à importer et revendre des biens indispensables à la consommation. Ce qui explique, en partie, que, les activités de commerce de gros et de commerce de détail dominent la distribution du crédit.

    Selon Jesùs Huerta De Soto (Monnaie, banque, crédit bancaire et cycles économiques, 2011), pour accorder des crédits sains (c’est-à-dire moins risqués, ne générant pas l’accroissement démesuré de la masse monétaire), les banques commerciales ont besoin de constituer des réserves correspondantes garanties par les dépôts bancaires.

    En Haïti, le faible niveau du revenu moyen des ménages résultant, entre autres, d’une activité économique en détresse, d’une faible productivité, face à une forte pression de la population consommatrice, inhibe la formation d’une épargne destinée au financement des biens d’investissement (facteur de production). La faiblesse de l’épargne est l’une des causes  fondamentales de la stagnation économique. Les ménages, ne disposant pas assez de revenus, sont obligés de consommer immédiatement leurs ressources monétaires pour satisfaire leurs besoins. Les chiffres ci-dessus montrent que les dépôts à vue croissent plus vites que les dépôts d’épargne et les dépôts à terme. Ce qui peut contrarier l’octroi de crédit à long terme par les banques pour financer l’investissement. En effet, ces dernières accordent plutôt des crédits à court terme seulement à des commerçants ayant un chiffre d’affaires considérable et offrant des garanties très solides.

    Le Dr. Edouard Francisque a raison de dire que « l’absence de flux monétaires continus est un facteur de blocage structurel de l’économie d’Haïti où coexistent deux secteurs juxtaposés mais non intégrés ». Suite à ce constat, il est pertinent de faire quelques suggestions. Ainsi, on recommande :

    • À l’État haïtien de jouer son rôle en travaillant à l’établissement d’un environnement favorable à l’investissement. Notamment, en réduisant les incertitudes liées à l’évolution de l’activité économique et en réaménageant le territoire.
    • Au Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) et au Centre de Facilitation des Investissements (CFI) de travailler conjointement afin de jouer un rôle plus significatif dans la rencontre des entrepreneurs ayant des projets générateurs de croissance économique et des agents à capacité de financement qui désirent investir.
    • À la Banque de la République d’Haïti de revoir ses programmes d’incitation afin de stimuler davantage les banques commerciales à attribuer plus de ressources à l’octroi de crédits que les autres activités de non-intermédiation.
    • Aux autorités économiques et financières de travailler à la création d’une banque de développement afin de combattre l’exclusion financière en octroyant des crédits accompagnés (suivi et contrôle) aux investisseurs avec des projets rentables financièrement et économiquement.

    Rédigé par Roobens CANGÉ

    Économiste

    Email : roobenscange@gmail.com

    Références Bibliographiques

    FRANCISQUE Edouard, 2014. La Structure Économique et Sociale d’Haïti, un Essai d’Interprétation, C3 Editions, Pétion-Ville, 328 p.

    JEAN JACQUES Fritz, 2015. L’Économie Haïtienne, État et Stratégie de Développement, Editions Oracle, Montréal (Québec), 267 p.

    KEYNES John Maynard, 1936. General Theory of employment, Interest and Money; trad. fr. DE LARGENTAYE Jean, 2017. Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie, Ed. Payot & Rivages, Paris, 489 p.

    LEVINE Ross, 1997. Financial Development and Economic Growth: Views and Agenda, [Journal of Economic Literature, Juin, Vol. 35, p. 688 à 726.

    LEVINE Ross, 2005. Finance and Growth: Theory, Evidence, and Mechanisms, in [Handbook of Economic Growth, Elsevier B.V., ed. by Phillipe Aghion and Steven N. Durlaf, p. 865 à 934.

    LHERMITE François, 2003. Performance et Situation  des Banques dans l’Economie Haïtienne, L’accès, 1ere éd., 364 p.

    PANIZZA Ugo, 2014. Développement Financier et Croissance Economique : les Connus Connus, les  Inconnus Connus et les Inconnus Inconnus, De Boeck Supérieur, Février, Vol. 22, p. 33 à 66.

    Sources de données

    Banque de la République d’Haïti (BRH)

    Banque Mondiale.

  • Une récession américaine est imminente, quel sera son impact le plus notable sur Haïti ?

    Alors que la cote de popularité du président Joe Biden a atteint un nouveau creux, à l’approche des élections de mi-mandat avec le Sénat et la Chambre des représentants en jeu, l’administration doit prendre des mesures décisives pour aider les consommateurs américains. Cependant, ces décisions ne sont pas sans conséquences. Leur impact se répercutera dans le monde entier, y compris en Haïti.

    Le président Biden appelle à une exonération de la taxe fédérale sur l’essence de trois mois pour faire face à la flambée des prix de l’essence. Outre le Congrès, il appelle les États à prendre des mesures législatives pour apporter un soulagement direct aux consommateurs.

    Les économistes suggèrent qu’une exonération de la taxe sur l’essence ne ferait rien pour réparer le choc de l’offre qui fait grimper les prix, y compris les coûts de l’essence, du diesel et du carburéacteur. De plus, une baisse artificielle des prix soutiendrait la demande d’essence. Cela ajouterait à la pression sur le marché.

    La Réserve fédérale, de son côté, augmente les taux d’intérêt de manière agressive alors qu’elle tente de contenir l’inflation la plus élevée depuis des décennies. Ce processus déclenchera un ralentissement économique et potentiellement même une récession douloureuse.

    Sur le marché du logement, un important indicateur économique avancé, les prix ont atteint des niveaux inabordables pour de nombreux acheteurs potentiels. Les taux hypothécaires ont bondi à la suite des hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale et d’une envolée des rendements obligataires. Historiquement, un déclin soutenu du secteur de l’habitation a tendance à ralentir l’économie et à la faire entrer en récession.

    Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré “qu’il est certainement possible” que les taux d’intérêt augmentent à des niveaux qui provoqueront une récession.

    Une récession aux États-Unis, la plus grande économie du monde, est une mauvaise nouvelle pour l’économie mondiale. L’économie haïtienne qui a lutté pendant des années en raison de l’instabilité politique, et la violence des gangs n’est pas exempte, la baisse des envois de fonds étant le facteur le plus critique.

    Les envois de fonds des Haïtiens vivant à l’étranger, en particulier aux États-Unis, ont été le moteur de l’économie haïtienne depuis qu’Haïti est entré dans une nouvelle ère de libéralisation économique. Des rapports de la Banque de la République d’Haïti révèlent que les envois de fonds ont maintenu une tendance à la hausse depuis le début des années 90. Aujourd’hui, l’argent transféré en Haïti depuis sa diaspora représente environ un quart de l’économie, faisant d’Haïti l’un des pays qui dépendent le plus des envois de fonds, dont près de 70 % provenaient des États-Unis en 2021.

    Si l’économie américaine est en récession, les travailleurs, y compris les Haïtiens, seront confrontés à des difficultés économiques. En conséquence, les migrants haïtiens devront transférer moins d’argent vers Haïti, ce qui aura un impact significatif sur la source la plus cruciale de réserves de change pour le pays avec un grave problème de déficit commercial.

    Ainsi, une récession américaine signifierait également une dépréciation du taux de change réel en Haïti à mesure que les envois de fonds diminuent et que la banque centrale américaine prend des mesures pour renforcer le dollar. Les importations seront plus chères. Le coût de la vie augmentera et davantage de personnes auront plus de mal à se procurer les produits de première nécessité, y compris la nourriture.

  • Les 164 pays de l’OMC ont approuvé un accord commercial « sans précédent »

    Après plus de cinq jours de négociations exténuantes, les 164 membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont approuvé une série d’accords commerciaux qui comprennent des engagements en matière de pêche, de santé et de sécurité alimentaire. Ngozi Okonjo-Iweala, directeur général de l’OMC, a déclaré que cet ensemble sans précédent d’accords commerciaux multilatéraux “fera une différence dans la vie des gens du monde entier”.

    Réunis à Genève depuis dimanche, les délégués ont applaudi après avoir adopté le paquet de six accords juste avant l’aube vendredi – un test de la capacité des nations à conclure des accords commerciaux multilatéraux au milieu des tensions géopolitiques.

    Les règles de l’OMC stipulent que toutes les décisions sont prises par consensus, tout membre pouvant exercer un droit de veto. Néanmoins, plus de 100 ministres du commerce sont parvenus aux accords après cinq jours de négociations lors de la douzième Conférence ministérielle (MC12).

    “L’ensemble d’accords que vous avez conclus va changer la vie des populations du monde entier. Ces résultats démontrent que l’OMC est, de fait, capable de répondre aux urgences de notre époque”, a déclaré la Directrice générale.

    L’un des accords les plus médiatisés en cours d’examen porte sur l’un des principaux moteurs de la surpêche mondiale. L’accord devrait réduire les subventions à la pêche avec le potentiel d’inverser l’effondrement des stocks de poissons.

    « Concernant les subventions à la pêche, Haïti appelle à l’urgence. Elle invite les Membres à conclure dans les plus brefs délais cet accord qui doit mettre fin à la surpêche, à la surcapacité et à la pêche illégale ainsi qu’aux dommages causés aux océans », a déclaré M. Ricardin Saint-Jean , ministre Haïtien du Commerce et de l’industrie.

  • La Commission européenne a recommandé d’accorder le statut de « pays candidat » à l’Ukraine

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie a poussé la Suède et la Finlande vers l’OTAN. Il a peut-être aussi commencé à ouvrir les portes de l’Union européenne à l’Ukraine. Jeudi, la Commission européenne a recommandé au Conseil de confirmer la perspective d’adhésion à l’UE de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie.

    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait officiellement demandé l’adhésion du pays à l’UE quatre jours après l’invasion des forces russes en février, déclarant que l’objectif de l’Ukraine était d’être « avec tous les Européens et d’être égal à eux ».

    La recommandation de la Commission n’est que la première partie d’un long voyage, qui prend normalement plus d’une décennie. La décision définitive sera entre les mains des dirigeants de l’Union européenne qui se réuniront les 23 et 24 juin à Bruxelles pour aborder l’épineuse question.

    Ces avis reposent sur l’évaluation réalisée par la Commission à la lumière des trois séries de critères d’adhésion à l’UE approuvés par le Conseil européen : les critères politiques, les critères économiques et l’aptitude du pays à assumer les obligations découlant de l’adhésion à l’UE (l’acquis de l’UE).

    Selon la Commission européenne, l’Ukraine est bien avancée dans la mise en place d’institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et la stabilité macroéconomique et financière, entre autres. 

    La candidature de l’Ukraine à devenir un candidat officiel à l’UE, première étape sur la voie de l’adhésion à part entière, a remporté le soutien de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. Alors que des alliés de l’Ukraine soutiennent qu’elle mérite une attention particulière, mais d’autres hésitent à assouplir les exigences habituelles.

    La semaine prochaine, les 27 chefs de gouvernement de l’UE se réuniront pour discuter les demandes d’adhésion à l’UE présentées par l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie à la lumière des avis de la Commission. Tous doivent donner le feu vert pour que cela se poursuive.

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