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  • L’industrie cimentière d’Haïti et sa dépendance vis-à-vis du ciment dominicain

    L’industrie du ciment d’Haïti a longtemps été caractérisée par sa capacité de production limitée et sa forte dépendance aux importations, en particulier en provenance de la République dominicaine. Cette dynamique a créé une dépendance qui a des implications significatives pour le développement des infrastructures et la stabilité économique d’Haïti.

    Fait notable, Cemex, une entreprise mondiale de matériaux de construction, a annoncé sa décision de vendre ses opérations en République dominicaine pour environ 950 millions de dollars. Cette transaction inclut des entreprises d’exportation vers Haïti, qui constitue un marché crucial pour le ciment dominicain. La vente souligne la nature imbriquée des industries du ciment dans les deux pays et met en évidence la dépendance d’Haïti à l’égard des capacités de production de son voisin.

    La seule cimenterie d’Haïti, créée en 1952 sous le nom de Ciment d’Haïti SAM, avait initialement une capacité installée de 0,1 tonne par an. Une expansion en 1973 a porté cette capacité à 0,3 tonne par an. Cependant, les opérations de l’usine ont été interrompues en 1992 en raison de conditions économiques défavorables suite à un embargo commercial en 1991 qui a gravement affecté l’économie haïtienne.

    L’usine est restée inactive pendant cinq ans jusqu’à ce qu’elle soit relancée en 1997 en vertu de la loi de modernisation des entreprises publiques de 1996. Une nouvelle entité, la Cimenterie Nationale, a repris et modernisé l’usine, qui a rouvert ses portes en 2001 avec une capacité de 0,5 tonne par an. Malgré ces efforts, la production de ciment d’Haïti reste modeste par rapport aux normes régionales.

    La région des Caraïbes abrite de nombreuses usines de broyage et terminaux de ciment, la République dominicaine émergeant comme un acteur important. Les grandes cimenteries intégrées exploitées par des sociétés comme Cementos Cibao, Cemex Dominicaine et Domicem renforcent la position de la République dominicaine sur le marché régional. Notamment, Domicem exploitait même une installation de stockage de ciment à Port-au-Prince, en Haïti, soulignant ainsi son influence sur le marché haïtien.

    Le tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti a accru les besoins du pays en ciment, augmentant encore davantage sa dépendance à l’égard des importations en provenance de la République dominicaine. Cependant, en 2015, Haïti a interdit l’importation de 23 produits dominicains, dont le ciment, par voie terrestre. Cette mesure visait à améliorer la collecte des taxes et le contrôle de la qualité, mais a perturbé le flux de ciment dominicain vers Haïti.

    L’interdiction a eu un impact significatif sur les exportateurs dominicains. Cementos Andino, par exemple, a signalé des coûts supplémentaires de 44 189 dollars par mois en raison du passage au transport maritime, qui impliquait des services de déchargement et de manutention dans les ports. Malgré ces défis, le ciment dominicain a continué à dominer le marché haïtien.

    En 2017, le gouvernement haïtien a engagé une société d’ingénierie belge pour élaborer les plans d’une nouvelle cimenterie à La Pierre, aux Gonaïves. L’usine proposée, d’un coût de 300 millions de dollars et d’une capacité de 2 millions de tonnes/an, devrait stimuler considérablement la production locale et créer environ 2 200 emplois. Une centrale électrique de 35 mégawatts était également prévue pour assurer un approvisionnement stable en électricité à la cimenterie et à la zone résidentielle environnante. Malgré ces projets ambitieux, le projet ne s’est pas encore concrétisé.

    En 2022, la République dominicaine a exporté pour 82,7 millions de dollars de ciment, se classant au 42e rang mondial des exportateurs de ciment. Haïti était la principale destination, recevant 55,1 millions de dollars de ciment. Il s’agit d’une augmentation notable par rapport à l’année précédente, Haïti devenant le marché à la croissance la plus rapide pour les exportations de ciment dominicain.

    À l’inverse, l’industrie cimentière d’Haïti a enregistré des résultats d’exportation modestes en 2022, le pays n’exportant que 26 400 dollars de ciment, principalement vers les Bahamas. Cela a positionné Haïti au 131e rang mondial des exportateurs de ciment, le ciment étant le 156e produit le plus exporté du pays.

    Toutefois, Haïti reste un important importateur de ciment, avec des importations d’une valeur de 95 millions de dollars en 2022, ce qui en fait le 33e importateur mondial de ciment. Le ciment se classe au 9e rang des produits les plus importés en Haïti, la majorité provenant de la République dominicaine (55,1 millions de dollars) et de Turquie (37,8 millions de dollars), aux côtés des importations du Panama, de la Colombie et des États-Unis.

    Malgré l’abondance de calcaire naturel, le manque de capacité de production et la médiocrité des infrastructures d’Haïti entravent la production nationale de ciment. Les futurs projets de cimenteries pourraient être retardés en raison de questions plus prioritaires, telles que l’amélioration de la sécurité nationale et l’établissement d’un gouvernement stable. Pendant ce temps, l’industrie haïtienne de la construction continue de dépendre fortement du ciment importé, en particulier de la République dominicaine, ce qui souligne la nécessité d’investissements stratégiques pour renforcer les capacités de production locales.

  • L’économie haïtienne se contracte pour la sixième année consécutive en 2024

    Selon les dernières perspectives économiques du Fonds Monétaire International (FMI), la croissance mondiale tombera à 3,2 % cette année contre 3,3 % en 2023. Quant à Haïti, le Fonds s’attend à ce que l’économie haïtienne se contracte pour la sixième année consécutive en 2024. L’économie haïtienne est en territoire négatif depuis 2019 et devrait décliner de 3 % cette année.

    Dans un contexte d’instabilité sociopolitique, d’aggravation de l’insécurité et d’exode massif de population, l’économie haïtienne n’avait pas réussi à renouer avec la croissance au cours de l’exercice 2022-2023, poursuivant sa récession pour la sixième année consécutive.

    L’Indicateur d’activité économique à court terme (ICAE), publié par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), indique une nette contraction de l’économie au cours du premier trimestre de l’exercice budgétaire 2023-2024. L’indice global a chuté de 3,8 %, reflétant la sous-performance des principaux secteurs de l’économie.

    Par ailleurs, l’économie mondiale reste dans un état précaire, selon les Perspectives économiques de juillet 2024. L’inflation des services entrave les efforts de désinflation, compliquant ainsi la normalisation de la politique monétaire. Selon la Banque mondiale, l’augmentation des risques d’inflation pourrait conduire à des taux d’intérêt élevés et prolongés dans un contexte de tensions commerciales croissantes et d’incertitude politique.

    L’inflation en Haïti (Juillet 2021)

    Croissance du PIB réel (Variation annuelle en pourcentage)


    Sources: Fonds Monétaire International (FMI) , Institut haïtien de la statistique et de l’informatique (IHSI)


    Perspectives régionales :

    Amérique latine et Caraïbes : La croissance en Amérique latine et dans les Caraïbes devrait ralentir à 1,9 % en 2024 avant de remonter à 2,7 % en 2025.

    Afrique subsaharienne : La croissance devrait légèrement augmenter pour atteindre 3,7 % en 2024, avant de grimper à 4,1 % en 2025.

    Marchés émergents et économies en développement : La croissance devrait légèrement ralentir à 4,3 % en 2024 contre 4,4 en 2023 et restera inchangée % en 2025.

    Économies avancées : Les projections de croissance pour les économies, dont les États-Unis, resteront inchangées à 1,7 % en 2024 par rapport à 2023, avec une légère augmentation à 1,8 % attendue en 2025.

  • Le Kenya fait face à une anxiété croissante des investisseurs dans un contexte de crise financière

    Le Kenya a récemment rejoint les rangs des pays aux prises avec l’anxiété croissante des investisseurs, intensifiant ainsi sa crise financière. Selon Bloomberg, les swaps sur défaut de crédit (CDS) du Kenya ont considérablement augmenté, ce qui en fait le deuxième plus élevé au monde après l’Argentine. Cette hausse reflète une perte de confiance des investisseurs suite aux manifestations contre le dernier projet de loi de finances de Ruto.

    Les swaps sur défaut de crédit agissent comme une assurance pour les investisseurs, les protégeant en cas de défaut de paiement d’un emprunteur sur ses dettes. Le coût de l’assurance de la dette du Kenya a fortement augmenté, passant de 387 points de base le mois dernier à 551 points de base. Lorsque les taux des CDS sont élevés, cela indique que les investisseurs voient un risque de défaut important, ce qui entraîne des coûts d’emprunt plus élevés, les prêteurs exigeant des rendements plus élevés pour un risque accru.

    La situation au Kenya, où les taux des CDS ont atteint des niveaux similaires à ceux de l’Argentine, souligne de sérieuses inquiétudes quant à la stabilité économique du pays et à sa capacité à rembourser sa dette. Les spreads élevés des CDS mettent en évidence le sentiment négatif des investisseurs et le manque de confiance dans la stabilité financière du Kenya. Cela peut entraîner des sorties de capitaux et une réduction des investissements étrangers, exacerbant les défis économiques et rendant plus difficile pour le pays le financement des dépenses publiques et des initiatives économiques, ce qui pourrait conduire à des mesures d’austérité et à un ralentissement de la croissance économique.

    En janvier 2023, la dette totale publique et garantie par l’État du Kenya s’élevait à 73,82 milliards de dollars, soit 63,2 % de son PIB. En août 2023, la dette extérieure du pays était passée à 38,6 milliards de dollars, contre 24,4 milliards de dollars en octobre 2022, avec 69,3 % de cette dette libellée en dollars. Cette exposition importante au risque de change, notamment lié au dollar, pose un défi majeur à la gestion de la dette du Kenya.

    Ayant du mal à honorer ses remboursements de dette, le Kenya s’est tourné vers le FMI, prêteur en dernier ressort, pour obtenir les fonds nécessaires, éviter un défaut de paiement, stabiliser son économie et restaurer la confiance des investisseurs. Le projet de loi de finances, qui a été rejeté par les Kenyans, prévoyait des augmentations d’impôts cruciales pour les réformes politiques convenues entre le Kenya et le FMI dans le cadre d’un programme de prêt de 3,6 milliards de dollars.

    Suite au retrait du projet de loi en raison de l’opposition du public, le président William Ruto s’est entretenu avec la chef du FMI, Kristalina Georgieva. Un porte-parole du FMI a souligné l’inquiétude et le dialogue permanents avec les autorités kenyanes. Les principaux donateurs ont exhorté le FMI à faire preuve de flexibilité quant aux objectifs du programme du Kenya, tandis que le gouvernement kenyan devrait réduire les dépenses inutiles, lutter contre la corruption et accroître la responsabilité. Un porte-parole du FMI a souligné l’inquiétude et le dialogue permanents avec les autorités kenyanes.

  • 1,1 milliard de dollars : le FMI et le Kenya sont parvenus à un accord

    Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un accord avec le Kenya qui pourrait débloquer 976 millions de dollars de fonds, en attendant l’approbation du conseil d’administration du FMI. Une fois approuvé, Un montant supplémentaire de 120 millions de dollars pourrait être déboursé immédiatement dans le cadre d’un mécanisme dit de résilience et de durabilité, indique-t-il.

    Le Kenya est confronté à de graves défis économiques, notamment une forte baisse de sa monnaie et une dette extérieure croissante. Sous l’administration Ruto, le gouvernement manque de liquidités pour faire face à ses obligations financières urgentes, notamment une euro-obligation de 2 milliards de dollars arrivant à échéance ce mois-ci.

    Le Kenya, également l’un des plus gros débiteurs du FMI, avec un encours total de 2,6 milliards de DTS (droits de tirage spéciaux), soit 3,4 milliards de dollars, est confronté à des problèmes de liquidité persistants.

    En janvier 2023, la dette totale publique et garantie par l’État du Kenya s’élevait à 73,82 milliards de dollars, soit 63,2 % de son PIB. En août 2023, la dette extérieure du Kenya était passée à 38,6 milliards de dollars, contre 24,4 milliards de dollars en octobre 2022, avec 69,3 % de cette dette libellée en dollars. Ce risque de change important, notamment lié au dollar, pose un défi majeur à la situation de la dette du Kenya.

    Toutefois, le Kenya a récemment levé 1,5 milliard de dollars via une euro-obligation pour gérer sa dette, atténuant ainsi les craintes des investisseurs concernant un éventuel défaut de paiement et rétablissant la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie de l’Afrique de l’Est. Cette émission a également entraîné un renforcement du shilling par rapport au dollar. Malgré ces évolutions positives, une détérioration du solde budgétaire primaire en 2023-24 et un déficit de recouvrement des impôts devraient maintenir des besoins d’emprunt extérieurs élevés.

    Dans un effort pour atteindre les objectifs de recettes fiscales, les législateurs kenyans ont approuvé des augmentations d’impôts l’année dernière, déclenchant de nombreuses protestations. Le paquet fiscal, qui prévoyait un doublement de la taxe sur les produits pétroliers, a même suscité la colère de certains partisans du président, qui avaient précédemment promis de réduire le coût de la vie.

  • La Corée du Sud, à la recherche de minerais, s’engage à approfondir ses liens avec l’Afrique

    Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et les dirigeants africains ont lancé mardi un dialogue crucial sur les minéraux, visant le développement durable des ressources du continent lors du tout premier sommet jamais organisé avec des représentants de 48 pays africains. Ils ont convenu d’approfondir leur coopération commerciale, alors que la Corée du Sud cherche à exploiter les riches ressources minérales et le potentiel de l’Afrique en tant que vaste marché d’exportation.

    Reconnaissant l’importance du partenariat avec l’Afrique, la Corée du Sud, un acheteur majeur d’énergie et abritant les principaux producteurs de semi-conducteurs et constructeurs automobiles, vise à travailler avec l’Afrique pour sécuriser les minéraux clés et favoriser la transformation numérique. « Nous chercherons des moyens durables de travailler ensemble sur des questions directement liées à la croissance future », a expliqué le président Yoon.

    L’Afrique, qui détient 30 % des réserves mondiales de minéraux critiques, est en train de devenir un acteur incontournable de l’économie mondiale. L’exploitation minière alimente la technologie actuelle en fournissant des matières premières essentielles telles que le lithium, le cobalt, le nickel et les éléments de terres rares, qui sont essentiels aux batteries des véhicules électriques et électroniques. De plus, le silicium est vital pour les semi-conducteurs, tandis que le cuivre et l’aluminium sont cruciaux pour le câblage et les composants électriques.

    Au cours du sommet, près de 50 accords ont été signés pour renforcer la coopération dans les domaines minier, énergétique et manufacturier. Hyosung Corp. a notamment obtenu un contrat de 30 millions de dollars pour fournir des transformateurs électriques au Mozambique. Des accords ont également été conclus avec Madagascar et la Tanzanie pour garantir des minéraux essentiels à des industries telles que la production de batteries.

    Malgré le vaste potentiel de l’Afrique, celle-ci ne représente actuellement que 1 à 2 % du commerce et des investissements de la Corée du Sud. Le président Yoon a exprimé l’espoir d’une coopération élargie en matière de ressources et a annoncé une augmentation de l’aide au développement de 10 milliards de dollars et 14 milliards de dollars de financement des exportations pour l’Afrique au cours des six prochaines années.

  • Des législateurs exhortent Biden à s’attaquer aux armes américaines qui alimentent la violence en Haïti

    Dans une lettre adressée à l’administration Biden, les membres du Comité de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis ont exprimé leur inquiétude quant au trafic d’armes à feu américaines à l’étranger, alimentant la violence des gangs en Haïti.

    Le trafic illégal d’armes en provenance des États-Unis alimente considérablement la violence des gangs en Haïti, comme le souligne une lettre du 5 juin 2024 du Comité de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis. La lettre détaille comment la majorité des armes à feu utilisées par les gangs haïtiens sont acquises via des achats de paille dans des États où les lois sur les armes à feu sont laxistes, notamment en Floride. Ces armes à feu sont ensuite passées en contrebande via des ports majeurs comme Miami-Dade et distribuées en Haïti via les pays voisins. Une fois en Haïti, ces armes sont vendues à des prix gonflés, permettant aux gangs d’amasser des arsenaux plus importants que ceux des forces de l’ordre locales.

    L’impact de ce commerce illicite d’armes est profond. Les gangs haïtiens ont pris le contrôle de 80 à 90 % de Port-au-Prince, la capitale, entraînant des niveaux de violence sans précédent et une escalade rapide de la crise humanitaire. Depuis 2019, Haïti a enregistré plus de 11 000 homicides, avec une augmentation stupéfiante de 119 % du nombre d’homicides rien qu’en 2023. Entre janvier et mars 2024, plus de 2 500 Haïtiens ont été tués ou blessés, soit une augmentation de 50 % par rapport à la même période de l’année précédente. La disponibilité des armes à feu américaines a permis aux gangs de terroriser la population et de défier le contrôle gouvernemental, exacerbant ainsi la crise.

    Ce problème s’étend au-delà d’Haïti. Dans les Caraïbes et en Amérique centrale, les armes à feu d’origine américaine sont utilisées par des gangs et des organisations criminelles, provoquant des violences meurtrières et contribuant à l’instabilité régionale. En 2022, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) a signalé qu’un nombre important d’armes à feu récupérées dans les Caraïbes provenaient des États-Unis. Les experts estiment que 90 % des armes du crime dans les Caraïbes sont achetées par des acheteurs de paille aux États-Unis. et introduits clandestinement à l’étranger. De même, au Mexique, 70 % des armes illégales proviennent des États-Unis, ce qui aide les cartels criminels à exercer leur contrôle sur de vastes territoires et exacerbe la violence le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

    Malgré les efforts de l’administration Biden-Harris, notamment la promulgation de la loi bipartite pour des communautés plus sûres et l’intensification de la répression de la contrebande par les enquêtes de sécurité intérieure, la persistance de lois laxistes sur les armes à feu dans des États comme la Floride continue de faciliter ce commerce illégal. La commission appelle à de nouvelles mesures législatives pour empêcher les trafiquants d’armes américains de devenir une source principale pour les trafiquants internationaux.

    Le Comité de surveillance et de responsabilité a demandé une réunion d’information d’ici le 20 juin 2024 pour discuter de solutions législatives potentielles pour soutenir les efforts fédéraux visant à bloquer le flux d’armes à feu américaines vers les organisations criminelles en Haïti et dans d’autres régions. L’objectif est de réduire la violence et de protéger les populations civiles des effets dévastateurs des conflits armés alimentés par les armes de fabrication américaine.

  • Difficultés économiques cubaines : inflation, pénurie et sanctions américaines

    De nombreux résidents cubains ont du mal à se procurer des produits de première nécessité comme le lait et les œufs et ont du mal à accéder à l’argent liquide de leur compte bancaire. Les longues files d’attente devant les banques et les magasins publics sont fréquentes, sans aucune garantie de réussir à retirer des pesos ou à obtenir de la nourriture. Le gouvernement cubain accuse les États-Unis d’être responsables de la crise économique, invoquant les sanctions persistantes depuis 1962.

    Malgré les efforts du gouvernement pour promouvoir les transactions en ligne, les espèces restent la principale monnaie, ce qui entraîne une pénurie. Les banques limitent souvent les retraits d’espèces. L’économie, déjà fragile, s’est détériorée avec une inflation supérieure à 30 % en décembre 2023.

    Le plus gros billet émis par le gouvernement est un billet de 1 000 pesos, ce qui, sur la base du taux de change officiel, équivaut à 40 dollars. Cependant, sa valeur sur le marché informel n’est que d’environ 3 dollars. Les banques publiques ont cessé d’autoriser les entreprises étrangères à retirer des dollars ou des euros en raison du manque de liquidités.

    En mars dernier, le pays a connu sa plus grande manifestation antigouvernementale depuis 2021. Des centaines de personnes sont descendues dans la rue, furieuses du manque de nourriture et d’électricité. Le gouvernement cubain a dû pour la première fois demander l’aide du programme alimentaire des Nations Unies alors que les pénuries alimentaires sur l’île s’aggravaient.

    Le gouvernement imputerait la crise économique du pays à un stratagème grossier du gouvernement américain visant à aggraver encore davantage l’inflation record et les pénuries, dans un contexte de sanctions paralysantes en vigueur depuis plus de 60 ans.

    En novembre dernier, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté à une écrasante majorité et a appelé pour la 31e fois les États-Unis à mettre fin à leur embargo commercial contre Cuba depuis des décennies. Cependant, les États-Unis maintiennent leur blocage de l’économie cubaine.

  • Déni stratégique : les réserves de pétrole d’Haïti et leur importance géopolitique

    Haïti, située sur l’île géologiquement active d’Hispaniola, est située à la convergence des plaques tectoniques nord-américaine, sud-américaine et caribéenne, ce qui la rend vulnérable à l’activité sismique et potentiellement abondante en pétrole et en gaz. Des documents historiques, tels que le Oil Trade Journal de 1919, indiquent la présence de pétrole de longue date en Haïti, avec des fuites naturelles observées par les habitants et environ 3 millions de barils découverts dans des formations offshore peu profondes. Malgré cette connaissance, les ressources pétrolières d’Haïti sont historiquement restées inexploitées pour des raisons géostratégiques.

    Il convient de noter que les « raisons géostratégiques » font référence aux considérations et décisions stratégiques influencées par des facteurs géographiques. Ces raisons sont souvent liées à l’emplacement, aux ressources naturelles et à l’importance géopolitique d’une région. Les pays et les organisations prennent en compte des raisons géostratégiques lorsqu’ils planifient des actions militaires, des politiques économiques, des relations diplomatiques et d’autres initiatives stratégiques pour obtenir un avantage ou protéger leurs intérêts dans une zone géographique spécifique.

    Le célèbre analyste géopolitique, auteur et professeur William Engdahl affirme que le sous-développement des ressources d’Haïti peut être attribué à des raisons stratégiques, suggérant que les États-Unis et leurs compagnies pétrolières préfèrent contrôler les approvisionnements mondiaux en pétrole pour un effet de levier géopolitique plutôt que pour des raisons purement économiques. Cette perspective s’étend à l’importance géopolitique du pétrole haïtien, en particulier à la lumière des relations entre les pays des Caraïbes et le Venezuela.

    Le contrôle des réserves mondiales de pétrole par les États-Unis a toujours été justifié par des motivations géopolitiques plutôt que par des intérêts purement économiques. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le pétrole est un outil essentiel pour la projection de la puissance américaine, notamment en contrôlant les approvisionnements du Moyen-Orient. Ce contrôle a permis aux États-Unis d’influencer les économies et les dynamiques politiques mondiales, y compris pendant la guerre froide.

    Les réserves potentielles de pétrole d’Haïti n’ont pas été exploitées en partie parce que le monde est déjà abondant en pétrole, et que les compagnies pétrolières américaines, ainsi que le gouvernement, préfèrent maintenir ces réserves sous-exploitées. Cette stratégie, visant à refuser aux autres acteurs l’accès à ces ressources, se reflète également dans leur réaction aux découvertes de pétrole dans la région voisine de Cuba. La vérité cachée sur le potentiel des réserves pétrolières d’Haïti peut être qualifiée de « déni stratégique » selon l’analyse de M. Engdahl.

    Des découvertes récentes rapportées par l’Atlas mondial suggèrent qu’Haïti pourrait posséder d’importantes réserves de pétrole. On estime que la région des Grandes Antilles, qui englobe Porto Rico, Cuba, la République dominicaine et Haïti, abrite 159 milliards de pieds cubes de gaz naturel et 142 millions de barils de pétrole. Les réserves non découvertes dans la région pourraient potentiellement contenir jusqu’à 941 millions de barils de pétrole brut et 1200 milliards de pieds cubes de gaz naturel. Les zones riches en pétrole d’Haïti comprennent le Plateau Central, la Baie de Port-au-Prince, Thomonde et la Plaine du Cul-de-sac. Aujourd’hui, ces zones sont en proie à des gangs qui terrorisent la population et déplacent la plupart des habitants.

    Vingt sites de forage potentiels ont été identifiés, dont cinq jugés critiques. Les scientifiques estiment que la convergence des plaques tectoniques dans la région indique une riche présence d’hydrocarbures. Le tremblement de terre de 2010 a peut-être facilité l’infiltration de pétrole dans les lignes de faille, ce qui a incité diverses entreprises à mener des études plus approfondies dans ces zones. Le scientifique haïtien, le Dr Daniel Mathurin, décédé en 2013 des suites de ses blessures à la suite d’un accident de la route survenu en République dominicaine, a comparé la richesse pétrolière potentielle d’Haïti à une piscine et au verre d’eau du Venezuela.

    La découverte et l’exploitation de nouvelles réserves pétrolières, comme celles d’Haïti, peuvent avoir un impact significatif sur les marchés pétroliers et les principaux producteurs de diverses manières, notamment économiques et géopolitiques. Cela pourrait entraîner une augmentation de l’offre, ce qui pourrait faire baisser les prix et affecter les revenus et la dynamique du marché des principaux producteurs. Des prix plus bas peuvent empêcher les producteurs aux coûts plus élevés de rester rentables. Les nouveaux entrants disposant d’importantes réserves peuvent également modifier le paysage concurrentiel. Les producteurs établis pourraient être confrontés à une concurrence plus rude, surtout si les nouvelles réserves de pétrole sont moins chères à extraire.

    L’exploitation des réserves pétrolières d’Haïti peut entraîner des avantages économiques importants, notamment une augmentation des revenus, une amélioration des balances commerciales et une croissance économique. Cependant, Haïti pourrait également être confronté à des défis tels que la « malédiction des ressources » s’ils ne sont pas gérés correctement. Les pays disposant de grandes réserves de pétrole acquièrent souvent une influence géopolitique. De nouvelles découvertes peuvent modifier la dynamique du pouvoir géopolitique, réduisant potentiellement l’influence des puissances pétrolières traditionnelles comme les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie.

    Toutefois, la gestion des ressources pétrolières d’Haïti dépendra des dirigeants politiques et économiques du pays, dont beaucoup sont considérés comme apatrides en raison de leur comportement destructeur envers le pays. Depuis l’assassinat de Dessalines en 1806, Haïti est sous le contrôle de l’élite économique, qui manipule le gouvernement pour servir ses intérêts. En conséquence, l’exploitation des réserves potentielles de pétrole et de gaz d’Haïti n’entraînerait aucun bénéfice économique ni aucune amélioration dans la vie des Haïtiens ordinaires.

    Historiquement, avec le soutien des États-Unis, un petit groupe de familles domine l’économie haïtienne comme s’il s’agissait de leur plantation personnelle. L’élite économique exerce un contrôle sur toutes les facettes du gouvernement et de ses institutions. Cette domination les place dans une position de pouvoir important, leur permettant de façonner les politiques économiques, les réglementations, les décisions législatives et les contrats gouvernementaux du pays. De plus, ils exercent une influence sur les médias et la société civile, utilisant ces plateformes pour promouvoir leurs propres intérêts.

    De plus, Engdahl exprime son inquiétude quant à la présence militaire américaine en Haïti après le tremblement de terre, faisant allusion à des motivations stratégiques allant au-delà de l’aide humanitaire, étant donné les modèles historiques d’intérêt américain pour les régions riches en pétrole.

    Un important projet de cartographie géologique, initié en 2005 et dirigé par l’Université du Texas et financé par de grandes compagnies pétrolières, visait à explorer les ressources d’Haïti. Cet intérêt croissant pour la richesse géologique d’Haïti coïncide avec les manœuvres géopolitiques stratégiques des États-Unis, de la France et du Canada, soulevant des inquiétudes quant à une éventuelle exploitation étrangère sous couvert d’assistance.

    Aujourd’hui, Le chaos qui règne a encore aggravé la situation. Les dirigeants actuels d’Haïti ont été installés avec le soutien des États-Unis à travers la CARICOM. Pour accéder au pouvoir, ces hommes politiques ont dû consentir à une intervention étrangère permise par les États-Unis, avec une présence militaire majoritairement kenyane sur le terrain, avec pour objectif affiché d’arrêter les gangs en Haïti. Selon l’ONU, la plupart des armes à feu utilisées par ces gangs proviennent clandestinement des États-Unis, ce qui suscite des inquiétudes quant à la souveraineté compromise d’Haïti. On craint que les élites politiques et économiques haïtiennes soient redevables aux intérêts étrangers, ce qui conduit à un scepticisme quant à la capacité du gouvernement à agir dans le meilleur intérêt du citoyen haïtien moyen.

    La possibilité d’exploiter d’autres ressources naturelles, comme l’or en Haïti, suscite également des inquiétudes dans un contexte de hausse des prix due à une forte demande, alimentée par des tensions géopolitiques accrues. Parmi les autres facteurs contribuant à la demande de métaux précieux figurent la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine dans un contexte d’inflation et d’affaiblissement du dollar américain, une récession mondiale, une baisse de la demande de cryptomonnaie et la poursuite des achats d’or par les banques centrales. Les gisements d’or d’Haïti, d’une valeur potentielle de plus de 20 milliards de dollars, notamment dans les montagnes du nord d’Haïti, ont attiré diverses sociétés étrangères. Même si aucune entreprise ne s’est encore engagée dans l’exploitation minière, des pressions ont été exercées pendant des années pour obtenir des allégements fiscaux.

    Historiquement, la richesse d’Haïti a été exploitée par des puissances étrangères. Même si de nouvelles activités d’exploration pourraient stimuler l’économie haïtienne, en créant potentiellement des emplois et des recettes fiscales, on craint que le gouvernement ne négocie pas efficacement. D’où le risque de bénéfices minimes pour le pays alors qu’aujourd’hui la souveraineté du pays est compromise. Une nouvelle convention aurait été envisagée pour permettre une exploration approfondie, mais ne limite pas les pertes de revenus, ce qui pourrait réduire les avantages fiscaux d’Haïti. L’ancien ministre des Mines, Dieuseul Anglade, s’est opposé à ces conditions et a été démis de ses fonctions.

    Néanmoins, la position faible du gouvernement a fait craindre une surveillance inadéquate et des dommages environnementaux. Les lois minières obsolètes d’Haïti compliquent les progrès, et l’on craint que la modernisation ne favorise les entreprises au détriment des intérêts nationaux. Les habitants exigent de meilleures conditions d’emploi et de meilleurs avantages sociaux, craignant que les bénéfices profitent principalement aux entités étrangères.

    La richesse potentielle d’Haïti a toujours été sous-utilisée, en partie à cause de l’instabilité politique et de l’intervention étrangère, y compris des coups d’État controversés, des assassinats et la déstabilisation des gouvernements qui envisageaient de développer les ressources d’Haïti au profit de sa population. La présence militaire américaine et le contrôle des infrastructures haïtiennes après le séisme ont alimenté les spéculations sur un programme multinational visant à accéder aux richesses minières et d’hydrocarbures d’Haïti au détriment des Haïtiens.

    Compte tenu des modèles historiques d’intervention étrangère en Haïti, des implications de l’exploitation des ressources naturelles pour l’avenir du pays et du manque actuel de leadership représentatif, il est crucial d’examiner consciencieusement les conditions dans lesquelles les ressources haïtiennes devraient être exploitées. Cela ne devrait être fait que lorsque le peuple haïtien aura confiance dans sa représentation et lorsque des réglementations et des lois seront en place pour protéger efficacement ses intérêts et ceux de la nation.

  • Le marché mondial du gaz devrait croître de 50 % dans un contexte de transformation de l’industrie

    Goldman Sachs Research met en évidence un changement dans le secteur de l’énergie, avec des investissements pétroliers culminant dans les pays non membres de l’OPEP, tandis que les investissements en GNL (gaz naturel liquéfié) devraient augmenter de plus de 50 % d’ici 2029.

    Malgré un environnement de prix favorable, la croissance des investissements pétroliers devrait ralentir à 4 % annuellement de 2023 à 2026, en se concentrant sur des projets à cycle court qui ont réduit de moitié la durée de vie des réserves au cours de la dernière décennie.

    L’évolution de l’industrie vers des projets à cycle court et à courte durée de vie signifie que les investissements sont concentrés sur des projets qui peuvent être développés et mis en production rapidement, mais qui ont une durée de vie productive plus courte.

    En revanche, l’offre mondiale de GNL devrait croître de 80 % d’ici 2030, grâce à de nouveaux projets en Amérique du Nord et au Qatar, positionnant les États-Unis comme le plus grand exportateur de GNL. Ce changement est sur le point d’atténuer la récente crise énergétique en Europe et en Asie, même s’il pourrait exercer une pression sur les approvisionnements pétroliers à long terme et affecter la part de marché de l’OPEP et les prix de l’énergie.

    Les points clés de la recherche de Goldman Sachs comprennent :

    1. Tendances des investissements pétroliers :

       – La croissance des investissements pétroliers hors OPEP atteint un sommet.

       – L’industrie se concentre davantage sur les projets à cycle court, ce qui a réduit la durée de vie des réserves des projets pétroliers de 55 % au cours de la dernière décennie.

       – Les investissements pétroliers mondiaux ont augmenté de 11 % par an de 2020 à 2023, mais devraient ralentir à 4 % par an de 2023 à 2026.

       – L’industrie compte désormais 73 grands projets en développement, soit 30% de plus qu’en 2020, mais 32% de moins qu’en 2014.

       – L’incitation aux coûts pour les nouveaux projets pétroliers a augmenté, les projets rentables exigeant que le prix du pétrole se situe autour de 80 dollars le baril.

    2. Tendances des investissements dans le GNL :

       – Les investissements dans le GNL devraient augmenter de plus de 50 % d’ici 2029.

       – L’offre mondiale de GNL devrait croître de 80 % d’ici 2030, portée par des projets en Amérique du Nord et au Qatar.

       – Les États-Unis sont en passe de devenir le plus grand exportateur de GNL, avec une augmentation significative de la production de gaz de schiste.

       – La capacité américaine d’exportation de GNL devrait doubler au cours des trois à quatre prochaines années.

    3. Dynamique du marché :

       – La production pétrolière hors OPEP devrait culminer cette année, ce qui pourrait permettre à l’OPEP d’augmenter sa part de marché vers la fin de la décennie.

       – Les prix du pétrole devraient se maintenir entre 80 et 90 dollars le baril, offrant des rendements attractifs aux actionnaires des principales sociétés pétrolières et gazières.

       – La croissance de l’offre de GNL, notamment en provenance des États-Unis, devrait atténuer les crises énergétiques en Europe et en Asie et exercer une pression à la baisse sur les prix mondiaux de l’énergie.

    Goldman Sachs Research met en évidence un changement stratégique dans l’allocation du capital au sein du secteur de l’énergie, les investissements dans le GNL étant prêts à connaître une croissance substantielle, tandis que les investissements pétroliers se concentrent sur des projets à plus court terme dans un contexte d’incitations croissantes aux coûts. Ce changement a des implications sur l’approvisionnement énergétique mondial, la dynamique du marché et la rentabilité des grandes sociétés énergétiques.

  • Haïti, la dernière expression de loyauté du Kenya envers Washington

    Le président Joe Biden a accueilli le président kenyan William Ruto pour la première visite d’État officielle d’un dirigeant africain en 15 ans. Cette visite souligne l’engagement des États-Unis envers l’Afrique. Il vise à renforcer les relations entre les États-Unis et le Kenya dans le cadre d’une stratégie plus large visant à contrer les menaces géopolitiques de la Chine et de la Russie. La visite d’État de trois jours de Ruto coïncide également avec les préparatifs du Kenya pour déployer des forces en Haïti, une décision poussée par les États-Unis via l’ONU dans le but déclaré d’essayer de calmer une crise sécuritaire croissante dans ce pays.

    Le dîner d’État de jeudi à la Maison-Blanche, en l’honneur du président kenyan William Ruto, était un grand événement avec environ 500 invités influents, dont des hommes politiques, des chefs d’entreprise et des célébrités, profitant de vues imprenables sur Washington DC et d’un menu mémorable. Le dîner, qui marquait la première fois qu’un dirigeant africain était accueilli par un président américain depuis 2008, comprenait la présence des anciens présidents Obama et Bill Clinton.

    Cette visite, la première fois qu’un président américain reçoit un dirigeant africain depuis que le président George W. Bush a accueilli le président du Ghana en 2008, souligne l’engagement de Biden à renforcer la coopération avec l’Afrique, un nouveau champ de bataille géopolitique depuis le traité de Berlin, une rencontre internationale visait à réguler la colonisation de l’Afrique par les Européens pendant la période du nouvel impérialisme. L’importance économique mondiale de l’Afrique augmente en raison de ses ressources naturelles abondantes, de sa population jeune et en croissance rapide et de son intégration croissante dans les marchés internationaux.

    Alors que les grandes puissances considèrent l’Afrique comme un élément stratégique de leurs ambitions géopolitiques, Biden vise à forger des relations plus solides avec les principaux dirigeants de la région pour contrer l’influence croissante de la Russie et de la Chine sur le continent. Le renforcement des liens avec le Kenya arrive à un moment crucial pour les États-Unis, alors que leur influence en Afrique diminue. Un rapport Gallup montre que les États-Unis ont perdu l’année dernière leur position de puissance mondiale la plus influente d’Afrique, avec une baisse de leur popularité. Dans le même temps, d’autres pays, notamment la Chine, ont gagné en faveur.

    L’administration Biden a placé de plus en plus le Kenya au cœur de sa politique africaine alors que les relations avec l’Éthiopie et l’Afrique du Sud, auparavant les alliés les plus proches de Washington sur le continent, se sont refroidies. De plus, les juntes militaires de la région cruciale du Sahel ont expulsé les forces américaines. D’un autre côté, le Kenya a démontré un engagement solide envers les intérêts stratégiques américains en Afrique en déployant des troupes en Somalie, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo dans le contexte d’un engagement plus large des États-Unis à réduire ses opérations antiterroristes mondiales.

    Alors que de nombreux pays d’Afrique tentent de briser leurs chaînes, d’autres expriment une loyauté servile inconditionnelle, et Haïti est la dernière expression de loyauté du Kenya envers Washington. Alors que l’administration Biden indique clairement qu’elle n’enverra pas de troupes américaines en Haïti, le président du Kenya a engagé son pays à y diriger une force multinationale. Ces officiers, dont certains ont l’expérience de la lutte contre les groupes insurgés islamistes près de la Somalie, constitueront 1 000 des 2 500 membres des forces de sécurité que les États-Unis soutiennent et financent principalement.

    Le déploiement en Haïti présente des risques importants, et les États-Unis les reconnaissent, car les armes américaines affluent depuis des années en Haïti sans aucun effort pour arrêter le flux. Même si la guerre est une entreprise coûteuse, et lorsque les cercueils des soldats américains arrivent chez eux, le coût est indéniable. Ainsi, l’externalisation devient de plus en plus un élément essentiel des opérations militaires américaines. Cela permet à Washington de continuer à projeter sa puissance militaire à l’étranger tout en minimisant le nombre de morts américaines. Les pays et les entreprises s’approprient les bénéfices du budget de guerre ahurissant des États-Unis grâce à des contrats lucratifs avec le ministère de la Défense, tout en réduisant la présence des soldats américains sur le champ de bataille.

    En 1993, lors d’une mission en Somalie, les forces d’opérations spéciales américaines (SOF) ont été coincées par des militants et des locaux sympathisants, entraînant la mort de 19 soldats américains, la blessure de 73 autres et la capture d’un soldat. L’image brûlante de la débâcle était le spectacle horrible des soldats américains morts traînés dans les rues. Washington ne voudrait pas voir un tel événement se répéter en Haïti. Il est donc logique d’envoyer des troupes kenyanes à la place.

    Dans le but d’obtenir un soutien national pour la mission en Haïti, à plus de 11 000 kilomètres de là, les responsables kenyans ont admis qu’ils le faisaient pour des gains financiers. Il convient également de noter que le Kenya n’a aucun lien historique ni aucune relation diplomatique avec Haïti. Néanmoins, le gouvernement kenyan a signé un document tentant d’établir des relations diplomatiques entre les deux pays avec Ariel Henry, qui n’a aucun droit constitutionnel de le faire.

    Lors de sa visite à Washington, Ruto a rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a remercié le Kenya d’être un partenaire solide dans le projet Haïti. Joe Biden a aussi exprimé sa gratitude en annonçant jeudi son intention d’accorder au Kenya le statut d’allié non membre de l’OTAN. Nairobi rejoindrait 18 autres pays avec cette désignation, dont Israël, le Qatar et les Philippines. Ce label permet au Kenya de recevoir des armes plus sophistiquées des États-Unis et de s’engager dans une coopération plus étroite en matière de sécurité. Cela a également accru l’influence de Washington en Afrique de l’Est, lorsque la Russie et la Chine se disputaient le pouvoir.

    Alors que les États-Unis sont déterminés à envoyer des troupes en Haïti, le moyen le plus pratique d’arrêter les gangs et de mettre efficacement fin à la violence est pour les États-Unis de mieux empêcher la contrebande d’armes américaines en Haïti. Cette approche serait non seulement la solution la plus efficace, mais coûterait également peu ou pas d’argent aux contribuables. Soutenir une garde côtière et un garde-frontière haïtiens serait également d’une aide considérable et confirmerait la sincérité des États-Unis à aider Haïti. Au lieu de financer une autre intervention en Haïti, cette stratégie honorerait véritablement l’engagement des États-Unis à respecter la souveraineté des autres pays, un principe qu’ils prétendent défendre.

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