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  • BOISVERT à la tête du MPCE : 10 mois pour réaliser l’impossible

    Ce jeudi 15 avril, Monsieur Michel Patrick BOISVERT, Ministre de l’Economie et des Finances est installé à la tête du Ministère de la planification et de la coopération extérieure (MPCE). A l’occasion de son installation à la tête du Ministère, Monsieur BOISVERT parle d’actions ambitieuses qui font la base de sa feuille de route dans un contexte d’incertitude politique, et d’insécurité publique et alimentaire.

    L’un des ministres les plus importants du gouvernement haïtien, a été créé à l’origine pour développer, diversifier et augmenter la production nationale, le MPCE a pour mission aujourd’hui de concevoir, de piloter, d’animer la planification du développement et de coordonner le soutien externe à l’effort national de développement, y compris la planification économique et sociale, l’investissement public, l’aménagement du territoire et la coopération extérieure. Ces éléments sont d’une importance vitale pour le bien-être du peuple haïtien et le développement du pays.

    Entre autres, le nouveau titulaire du MPCE a ressuscité le Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH). Ce plan a été élaboré après le tremblement de terre de 2010 en mai 2012 sous l’administration de Michel Joseph Martelly. Le plan élabore un développement à long terme pour le pays avec la vision de faire d’Haïti un pays émergent d’ici 2030. Selon le ministre, le PSDH reste le seul cadre pour la planification du développement en Haïti et les efforts continus pour le mettre à jour devront être soutenus et renforcés.

    Par ailleurs, sans mesures claires, M. Boisvert a fait référence au plan de relance économique post-COVID, qui est un cadre pour la mise en œuvre d’actions stratégiques et urgentes visant à remettre rapidement l’économie sur la voie de la croissance, à rétablir la confiance du public et à apporter des réponses structurées aux besoins sociaux, et à fournir une approche transitoire en attendant la révision du PSDH.

    De plus, sans aucune réalisation précise, le ministre mentionne l’importance de souligner les efforts continus déployés pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et répondre aux besoins pressants exprimés par la population.

    If faut se rappeler que les objectifs de développement durable, également appelés objectifs globaux, constituent un appel universel à l’action visant à éliminer la pauvreté, à protéger la planète et à garantir à tous les peuples la paix et la prospérité. Ce sont aussi les objectifs de l’ONU en Haïti.

    En matière de réforme des finances publiques, M. Boisvert a évoqué l’opérationnalisation de la chaine PPBSE qui est le manuel de procédure d’implémentation de la chaîne de Planification, de programmation, de budgétisation et de suivi-évaluation. Axé sur les résultats, le PPBSE a pour objectif d’établir les normes d’intervention des différents acteurs et d’améliorer l’efficacité et la cohérence de leurs actions sur l’ensemble de la chaîne depuis la prospective jusqu’à la phase de suivi et évaluation.

    En plus d’être vague, M. BOISVERT à la tête du MPCE n’a que moins de 10 mois pour atteindre les objectifs du MPCE tout en respectant la feuille de route du Président qui lui est confiée dans un contexte d’incertitude politique et d’insécurité publique et alimentaire.

  • Manque d’infrastructures logistiques : un obstacle au développement économique d’Haïti

    La mondialisation a apporté d’énormes opportunités économiques aux pays du monde entier. Pour cette raison, les gouvernements ont jugé nécessaire d’investir massivement dans la construction de plusieurs infrastructures de transport et de logistique telles que les ports maritimes, les aéroports, les chemins de fer et les routes pour intégrer efficacement la chaîne d’approvisionnement mondiale. Ces infrastructures logistiques sont toutes importantes pour un pays en termes d’investissement et d’affaires. Elles sont également essentielles pour une entreprise quand il est temps de décider où investir, construire une usine, et établir un bureau régional. Ces infrastructures jouent également un rôle important dans la performance logistique qui est le processus de planification et d’exécution du transport et du stockage efficaces des biens et des ressources du point d’origine aux endroits où ils sont nécessaires. Les performances d’Haïti en matière d’infrastructure et de logistique ne rivalisent qu’avec celles des pays déchirés par la guerre.

    Selon le dernier rapport 2018 de la Banque mondiale sur l’Indice de performance logistique (IPL), Haïti se classe au 153e rang sur 160 pays. Cet indice analyse six aspects différents qui influencent la performance logistique de différents pays. Ces six indicateurs sont basés sur deux grandes catégories importantes. Il s’adresse aux domaines de l’environnement réglementaire, indiquant les principaux intrants de la chaîne d’approvisionnement, contenant trois indicateurs : la performance douanière, la qualité de l’infrastructure nationale et les résultats de performance de la prestation de la qualité des services logistiques internes; étant les trois autres indicateurs : la ponctualité des opérations, la compétitivité des prix des expéditions internationales et la facilité de suivi et de traçabilité.

    Les infrastructures se réfèrent aux installations et systèmes fondamentaux desservant un pays, une ville ou une région. Elles comprennent les services et les installations nécessaires au fonctionnement de l’économie et au maintien d’un niveau de vie adéquat pour ses citoyens. Ces services et installations comprennent les routes et les ponts, les tunnels, les rails, les ports, les pipelines, les bâtiments publics, y compris les écoles et les hôpitaux, les réseaux électriques, les télécommunications, les drainages, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et les eaux usées. Outre ces composantes physiques, il existe également des infrastructures souples, y compris les institutions nécessaires pour maintenir l’économie, la santé, la culture et les normes sociales d’un pays. Il s’agit notamment des organismes financiers, éducatifs, sociaux, gouvernementaux et d’application de la loi.

    Il existe un lien étroit entre la logistique, le commerce et la croissance. Selon les experts, le développement des infrastructures logistiques, comme la construction de services de base, est crucial pour stimuler la croissance économique et améliorer la qualité de vie. La plupart des économies avancées ont connu des périodes de construction intensive d’infrastructures qui ont amélioré leur compétitivité. Sans écarter l’importance des autres infrastructures, cet article met l’accent sur les infrastructures portuaires et les infrastructures routières affectant la circulation des biens et des personnes parce que, sur le plan macroéconomique, elles jouent un rôle essentiel dans l’attraction des investissements, l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts. Ils sont également un élément clé de la performance logistique du pays qui pourrait avoir un impact majeur sur la performance économique du pays dans son ensemble.

    Selon les résultats publiés dans le rapport de l’IPL, les 10 pays en bas du classement sont pour la plupart des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure en Afrique ou dans des régions isolées. Il s’agit soit d’économies fragiles touchées par des conflits armés, de catastrophes naturelles et de troubles politiques, soit de pays naturellement confrontés à des difficultés géographiques pour se connecter aux chaînes d’approvisionnement mondiales. En ce qui concerne Haïti, le pays gagne 3 places par rapport au classement 2016, mais reste l’un des moins performants au monde. Haïti est en avance sur seulement 7 pays ; qui sont actuellement ou ont été en guerre ces dernières années. C’est le résultat d’un sous-investissement lié à la corruption, aux troubles politiques et aux catastrophes naturelles.

    Certaines infrastructures dans les secteurs routier et maritime nécessitent des travaux d’expansion et de modernisation. Pour rappel, Le réseau routier d’Haïti totalise un peu plus de 4 000 km, dont la plupart ne sont pas pavées.  En ce qui concerne le chemin de fer, le pays avait un total de 40 km de voie unique qui avait été fermée dans les années 90.

    Quant aux ports, les ports les plus importants d’Haïti sont dans les grandes villes comme Port-au-Prince, Laffiteau, Cap-Haïtien, Gonaïves, Miragoane, Saint-Marc, Jacmel, Jérémie, Les Cayes et Port-de-Paix. Trois d’entre eux, Port-au-Prince, Laffiteau et Cap Haitien, ont les principaux ports maritimes internationaux. Toutefois, leurs capacités sont faibles par rapport à d’autres pays de la région.

    Avec une longueur totale de chargement des postes d’amarrage de 1250 mètres, le port de Port-au-Prince a la plus grande capacité de déchargement et de chargement. En ce qui concerne le stockage, Port Laffiteau est le plus grand avec 130000 mètres carrés de cour à conteneurs. Le port de Port-au-Prince arrive en deuxième position avec 120 000 verges de conteneurs. Le port de Cap Haïtien, d’autre part a 72.000 m² de surface ouverte, y compris 45.000 mètres carrés pour les conteneurs. Selon les données de la Banque mondiale, en 2019, près de 170 000 unités équivalentes de vingt pieds (EVP) de conteneurs ont été manutentionnées dans les ports haïtiens. Les ports dominicains, cependant, ont traité près de 8 fois ce montant, soit plus de 1 333 000 EVP la même année.

    Dans son livre Women And Children’s Tribulation In Haiti, René Chery décrit les infrastructures publiques et communautaires d’Haïti comme ayant atteint un stade critique de décomposition. « Bon nombre des régions qui étaient auparavant accessibles par le réseau routier depuis la capitale sont maintenant en dehors du réseau routier national. Certaines régions, par exemple, ont perdu les avantages qu’ils avaient acquis dans le passé, comme la capacité de recevoir des services médicaux du personnel qualifié ou d’avoir accès à des débouchés pour leur production. Ce capital productif et collectif, si essentiel au développement des secteurs les plus pauvres des zones rurales, a été réduit de manière pénible et doit être revitalisé afin d’éviter d’exclure une partie importante de la population rurale de participer aux efforts de développement et d’améliorer leurs conditions de vie. »

    Le développement des infrastructures logistiques est crucial pour la croissance économique d’Haïti. Il s’agit notamment de la construction de services de base tels que les transports, l’énergie, les infrastructures sociales, la communication, entre autres, afin de stimuler la croissance économique et d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Le manque de routes, de ports, de communications, d’électricité et d’autres infrastructures caractérise la plupart des régions d’Haïti. Cela est visible même dans les régions de la capitale haïtienne et d’autres grandes villes du pays.

    Le Ministère des travaux publics, des transports et des communications (MTPTC) est l’organisme central dont la mission est de concevoir, définir et mettre en œuvre la politique du pouvoir exécutif dans les domaines des travaux publics, des transports, des communications, de l’eau potable, de l’énergie et d’autres domaines liés aux infrastructures. Les antécédents de l’institution n’ont pas été ceux dont les Haïtiens peuvent être fiers. Cela se reflète dans le classement d’Haïti dans l’Indice de performance logistique, qui mesure, entre autres choses, la qualité de l’infrastructure nationale.

    La capacité d’un pays à déplacer efficacement des marchandises et à connecter les fabricants et les consommateurs à l’intérieur du pays et avec les marchés internationaux est cruciale pour le développement économique. Ainsi, le manque d’infrastructures logistiques pour faciliter le commerce, y compris non seulement le transport et les communications, mais aussi l’existence de services publics de qualité, de services bancaires et de canaux de distribution de détail entrave le développement de nombreuses régions d’Haïti et de son économie dans son ensemble.

    Selon la Banque mondiale, pour chaque pays, la performance logistique est essentielle à leur croissance économique et à leur compétitivité. Une logistique inefficace augmente le coût des affaires et réduit le potentiel d’intégration avec les chaînes de valeur mondiales. Le bilan peut être particulièrement lourd pour les pays en développement qui tentent de soutenir la concurrence sur le marché mondial.

    Avec moins de 10 milliards de dollars de PIB annuel, les ressources pour le développement des infrastructures logistiques sont rares en Haïti. Néanmoins, pour parvenir à une croissance rapide, de sérieux investissements doivent être faits dans le développement des infrastructures du pays. Les principaux défis auxquels Haïti est confronté sont la corruption et le sabotage politique, et l’incapacité du pays à trouver des financements adéquats dans le contexte d’une économie en déclin. La transparence des marchés publics est un instrument essentiel pour lutter contre la corruption, accroître la responsabilité vis-à-vis du public et la performance dans le développement des infrastructures en Haïti.

    Top 10 des économies selon l’IPV, 2018

    2018201620142012
    économieclassement Scoreclassement Scoreclassement Scoreclassement Score
    Allemagne14.2014.2314.1244.03
    Suède24.0534.2063.96133.85
    Belgique34.0464.1134.0473.98
    Autriche44.0374.10223.65113.89
    Japon54.03123.97103.9183.93
    Pays-Bas64.0244.1924.0554.02
    Singapour74.0054.1454.0014.13
    Danemark83.99173.82173.7864.02
    Royaume-Uni93.9984.0744.01103.90
    Finlande103.97153.92243.6234.05

    Les 10 dernières économies selon l’IPV, 2018

    2018201620142012
    économieclassement Scoreclassement Scoreclassement Scoreclassement Score
    Afghanistan1601.951502.141582.071352.30
    Angola1592.051392.241122.541382.28
    Burundi1582.061072.511072.571551.61
    Niger1572.071002.561302.39872.69
    Sierra Leone1562.081552.03nana1502.08
    Érythrée1552.091442.171562.081472.11
    Libye1542.111372.261182.501372.28
    Haïti1532.111591.721442.271532.03
    Zimbabwe1522.121512.081372.341032.55
    République centrafricaine1512.15nana1342.36982.57
  • La corruption à grande échelle en Haïti

    La corruption à grande échelle en Haïti

    Si deux ou plusieurs personnes se réunissent et commencent à parler de la société actuelle d’Haïti, ils arrivent rapidement à la conclusion que la corruption étend ses tentacules dans tous les secteurs de la vie publique. La corruption va du vol des budgets publics utilisés pour construire des hôpitaux et des écoles à la construction de structures inférieures à cause du sous-financement causé par des acteurs corrompus où l’influence politique permet aux individus d’aider à façonner le droit public qui profite à quelques-uns au détriment de la majorité. La corruption est devenue si courante que les gens sont maintenant opposés à penser à la vie publique sans ce phénomène.

    Haïti se classe 157e sur 180 pays sondés

    Selon Transparency International, l’indice de perception de la corruption mesure les niveaux perçus de corruption du secteur public dans les pays du monde entier. Dans leur dernier rapport publié en février 2018, Haïti se classe 157e sur 180 pays sondés. Haïti est aussi le plus corrompu des Amériques après le Venezuela.

    Indice de perception de la corruption

    L’indice de perception de la corruption (IPC) s’appuie sur 13 sources de données, y compris :

    • Le versement de pots-de-vin
    • Le détournement de fonds publics
    • L’utilisation de la fonction publique à des fins privées
    • Le népotisme dans la fonction publique, et
    • La captation de l’État

    Certaines sources examinent également les mécanismes disponibles pour prévenir la corruption dans un pays, tels que :

    • La capacité du gouvernement à faire appliquer des mécanismes d’intégrité
    • La poursuite en justice efficace des fonctionnaires corrompus
    • La paperasserie et le fardeau bureaucratique excessif
    • L’existence de lois adéquates sur la divulgation financière
    • La prévention des conflits d’intérêts et l’accès à l’information
    • La protection juridique pour des lanceurs d’alerte, les journalistes et les enquêteurs

    La corruption n’est pas uniquement un phénomène Haïtien

    La corruption n’est pas uniquement un phénomène Haïtien ; on en voit partout dans le monde. En 2017, l’indice a révélé que plus des deux tiers des pays obtiennent un score inférieur à 50. Avec un score de 89 sur 100, la Nouvelle-Zélande est le pays le moins corrompu du monde, alors que la Somalie est la plus corrompue, n’obtenant que 9 sur 100.

    L’indice de perception de la corruption (IPC) 2017: Moyenne régionale

    Region IPC Score 2017
    OCDE 68
    Europe de l’Ouest 66
    G20 54
    Asie et Pacifique 44
    Amériques 44
    BRICS 38
    Moyen-Orient et Afrique du Nord 38
    Europe de l’Est et Asie centrale 34
    États arabes 33
    Union africaine 32
    Afrique sub-saharienne 32
    Haiti 22

    La Grande corruption

    L’administration actuelle du pays a promis de s’engager dans la lutte contre la corruption comme un moyen d’améliorer le développement social et économique du pays, car depuis quelque temps, Haïti est en proie à ce que les experts appellent «la grande corruption ». Grande Corruption selon Transparency International est l’abus de pouvoir de haut niveau qui profite à quelques-uns au détriment de la majorité, et qui cause des dommages graves et étendus aux individus et à la société.

    Beaucoup soutiennent que la Grande corruption devrait être désignée comme un crime international. Les pays pourraient exercer une compétence universelle, semblable au traitement des crimes de guerre, car les autorités nationales sont souvent incapables ou réticentes à traduire en justice les grands corrompus. Dans ces cas, la communauté internationale a l’obligation d’agir, collectivement et par l’action des États individuels.

    Tous les domaines d’intervention du gouvernement, tels que la conception de politiques, l’octroi de licences, les franchises douanières, la réglementation, les monopoles naturels, l’application de la loi et la participation commerciale, présentent des risques majeurs de corruption. Selon l’OCDE, les services publics et les infrastructures, la santé et l’éducation, et les industries extractives sont particulièrement vulnérables à la corruption.

    Les services publics et les infrastructures

    L’OCDE a expliqué que l’une des caractéristiques qui rend le secteur des services publics et des infrastructures particulièrement vulnérables à la corruption est la situation de monopole fréquente, dans laquelle ceux qui contrôlent les entités perçoivent des rentes élevées.

    Les gouvernements allouent une part importante des ressources (ou intrants de la production) aux entreprises à la recherche de rente pour la production de l’énergie, la construction, le transport, l’exploitation minière, les communications et le développement.

    Un comportement de recherche de rente est une compétition pour un prix artificiel ou un avantage créé soit par a) prendre de l’argent aux contribuables et essayer de « le donner» soit b) une restriction de concurrence qui permet une augmentation artificielle des prix des produits vendus. C’est aussi le processus de lobbying auprès du gouvernement pour obtenir des profits économiques substantiellement plus élevés que les profits normaux obtenus par la concurrence sur le marché économique. La recherche de rente n’ajoute aucune valeur nationale. C’est un commerce forcé et ne profite qu’à un côté.

    En outre, en raison de la nécessité d’une intervention constante du gouvernement dans le secteur des services publics et des infrastructures, il existe de nombreuses possibilités d’abus de pouvoir et de demandes de pots-de-vin, d’échec systématique de la planification, et de dépassement des coûts.

    Santé et éducation

    Investir dans la santé augmente la croissance du PIB d’un pays à long terme. Mais les abus tels que la corruption dans les achats, l’abus de postes de haut niveau, la fraude et le détournement de médicaments et de matériel médical faussent ce secteur. Les principales préoccupations concernant la corruption systémique ont également contribué à la réticence des donateurs internationaux à canaliser les fonds par l’intermédiaire du gouvernement. Une telle pratique affaiblit davantage les institutions nationales car les aides sont en train d’être acheminées par le biais des opérations des ONG.

    Des études macro-économiques ont démontré une relation positive entre les dépenses publiques d’éducation et la croissance économique. La corruption dans ce secteur fausse les investissements, les allocations budgétaires, la localisation et la construction des écoles, la gestion des ressources humaines, l’achat et la distribution d’équipements (manuels, matériels et nourriture), l’inscription scolaire et universitaire, etc. Selon un rapport de l’OCDE, les distorsions les plus graves sont liées aux fuites de fonds publics, aux écoles fantômes et aux enseignants, ainsi qu’à l’absentéisme généralisé.

    Les conséquences de la corruption dans ce secteur pour la société comprennent moins de personnes formées, moins de qualifications, moins de productivité des travailleurs, plus d’inégalités sociales et une diminution de la capacité du pays à bénéficier des investissements directs étrangers ou à développer des industries compétitives.

    Les Industries Extractives

    Les pays riches en ressources doivent lutter contre la corruption dans les industries extractives. Le département du Commerce des États-Unis a rapporté que le territoire d’Haïti pourrait contenir d’importants gisements d’argent, de cuivre et d’or qui pourraient valoir des milliards de dollars. Néanmoins, le secteur minier haïtien est en sommeil et est resté sous-développé pendant de nombreuses années. Récemment, le gouvernement haïtien a désigné le développement des ressources minières comme l’un des secteurs prioritaires susceptibles de contribuer au développement économique d’Haïti.

    Pour revitaliser le secteur, le Gouvernement haïtien, avec l’assistance du Mécanisme consultatif technique sur les industries extractives de la Banque mondiale, avait lancé une nouvelle législation visant à réformer la loi minière (système de convention) datant de 1976. Dans le projet de loi actuel, permis d’exploration et projets miniers ne nécessitera plus l’approbation du Parlement haïtien, mais seulement une autorisation du Premier ministre avec le ministre des Finances et le Bureau des mines.

    Pour l’instant, cependant, l’exploitation minière en Haïti est en attente. Alarmé par l’absence de dialogue public sur l’exploitation minière et ce qu’il considérait comme des irrégularités dans l’octroi de permis miniers, le Sénat haïtien a adopté en 2013 une résolution demandant un moratoire sur l’activité minière.

    Les compagnies minières en Haïti ont placé leurs activités sur le statut de soin et d’entretien, peut-être en réponse aux risques politiques perçus et aux fluctuations des prix des matières premières. Mais ce statu temporaire pourrait prendre fin à tout moment ; la résolution du Sénat n’a pas force de loi. Bien que le projet de loi minière n’ait pas encore été présenté au Parlement, l’exécutif pourrait adopter le projet de loi par décret (Human Rights and Environmental Risks of Gold Mining In Haiti – 2015).

    Conclusion

    Avec un score de 22 sur 100. Haïti est le pays le plus corrompu des Amériques après le Venezuela. La corruption à grande échelle (grande corruption) réduit la capacité de l’Etat à promouvoir le développement. Le pouvoir public est exercé à des fins privées, y compris les formes mineures et majeures de corruption, ainsi que dans la «capture» de l’État par les élites et les intérêts privés. Les industries extractives, les services publics et les infrastructures, la santé et l’éducation sont particulièrement vulnérables à la corruption. Les institutions haïtiennes “doivent être considérablement renforcées pour s’assurer que la mauvaise gouvernance et la corruption”, qui restent des “défis critiques” pour le développement, “ne font pas obstacle à la réalisation des objectifs d’Haïti” (Banque Mondiale). Le népotisme, le vol et le gaspillage des biens publics, et la négligence du devoir ont des conséquences majeures pour le développement économique du pays. Robert Klitgaard, un professeur de développement international et de sécurité a affirmé que la corruption prospère quand quelqu’un a le pouvoir de monopole sur un bien ou un service, a le pouvoir discrétionnaire de décider ce que vous obtenez ou pas, et où la responsabilité est faible. Les incitations positives et négatives affectent la corruption. Ainsi, les combattants de la corruption doivent réduire le monopole, limiter et clarifier la discrétion, et augmenter la transparence.

  • Forum sur la Compétitivité et l’Investissement

    Forum sur la Compétitivité et l’Investissement

    Port-au-Prince, le 20 septembre 2017 — Organisé sous le leadership du chef de l’État, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, le Forum sur la Compétitivité et l’Investissement (FCI) a été officiellement lancé par le Premier ministre, Jack Guy Lafontant, le mercredi 20 septembre 2017, au Centre de Convention de la Banque de la République d’Haïti en présence de nombreux membres du secteur privé des affaires.

    Le chef du gouvernement a profité de ce grand rendez-vous économique, pour appeler tous les acteurs à contribuer, à travers des engagements concrets, au développement socio-économique du pays. Des engagements devant permettre d’améliorer, notamment le cadre des affaires et d’assurer la stabilité nécessaire pour attirer de nouveaux investissements.

    Le Premier ministre Jack Guy Lafontant, soulignant également les problèmes qui affectent le système haïtien des affaires, s’est dit prêt à collaborer avec tous les acteurs pour supporter les efforts en vue de relancer définitivement l’économie du pays. Aussi s’est-il dit déterminé à instaurer un dialogue public-privé, lequel constitue un processus incontournable dans la perspective d’apporter des solutions efficaces et concertées aux problèmes de la population.

    « Une collaboration franche et sincère pour apporter plus de service à la population, tout en relançant la croissance à travers la dynamisation des secteurs porteurs de l’économie comme l’agriculture, l’industrie de construction », ont été parmi les autres priorités de l’administration du Président Jovenel Moïse, abordées, à ce forum, par le Premier ministre Lafontant qui a aussi fait le point sur des lois soumises au parlement pour améliorer le cadre juridique des affaires et pour rendre l’Économie haïtienne plus attractive et plus compétitive.

    Intervenant également à ce forum, la Directrice générale du Centre de Facilitation des Investissements (CFI), Mme Tessa Jacques, a mis l’emphase sur les objectifs fixés dans le cadre de cette activité appelée à jouer un rôle fondamental dans la redynamisation et la compétitivité de l’économie haïtienne. Il s’agira, pour les acteurs, dans un premier temps, de contribuer à l’élaboration d’une stratégie de développement des entreprises.

    Dans un second temps, les réflexions produites par les différents participants et autres intervenants au FCI devront contribuer à mettre en place un plan d’action sur le développement de la compétitivité ainsi qu’un secrétariat devant faciliter l’implémentation dudit plan. À cet effet, les commentaires recueillis, durant les débats, serviront à alimenter les matrices de plans d’action en fonction des priorités des acteurs.

    Ce Forum sur la Compétitivité et l’Investissement qui bénéficie de la plus grande attention et du support inconditionnel du Président de la République, Jovenel Moïse, témoigne à clair de sa volonté de redresser l’économie afin d’améliorer le sort des plus vulnérables, tout en jetant les bases pour placer Haïti définitivement sur la voie du progrès et du développement durable.

  • Pourquoi y a-t-il plus de pauvreté en Haïti qu’en République dominicaine

    Pourquoi y a-t-il plus de pauvreté en Haïti qu’en République dominicaine

    La République dominicaine et la République d’Haïti partagent l’île d’Hispaniola et sont largement similaires en termes de géographie et d’institutions historiques, mais leur performance de croissance a considérablement divergé. Les économistes Laura Jaramillo et Cemile Sancak explorent certaines des raisons.

    En 1960, la République dominicaine et Haïti avaient le même PIB réel par habitant à un peu moins de 800 dollars américains. En 2015, la République dominicaine a augmenté son PIB par habitant de huit fois, alors que le PIB par habitant d’Haïti reste plat. Haïti a été freiné par des instabilités politiques et macroéconomiques, ainsi que par des investissements plus bas dans les infrastructures et le capital humain, en plus de la détérioration de l’environnement.

    La République dominicaine et Haïti ont été aux extrémités opposées du spectre en Amérique latine et dans les Caraïbes en termes de taux de croissance au cours des 45 dernières années, la République dominicaine atteignant l’un des taux de croissance du PIB réel les plus élevés au plus haut 5% et Haïti le plus bas à environ 1%.

    Compte tenu des conditions initiales, à savoir la géographie et les institutions historiques, de grandes similitudes ont été observées entre la République dominicaine et Haïti, ce qui implique que les conditions initiales ne peuvent expliquer leur divergence dans les revenus réels par habitant. En outre, la déforestation du côté haïtien peut être considérée comme un phénomène plus récent car, même en 1960, la quantité de terres arables dans les deux pays était comparable à environ 20 hectares par personne. 

    Les décisions politiques depuis 1960 ont joué un rôle central. En particulier, la République dominicaine a toujours surclassé Haïti et le reste de l’Amérique latine en termes de mesures structurelles et de politiques de stabilisation, alors qu’Haïti a subi de nombreux chocs politiques qui ont gravement affecté sa croissance.

    Mats Lundahl (Suède – Professeur d’économie du développement) (Essais de 2001 sur le sous-développement haïtien) soutient qu’Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental en raison de l’interaction entre la croissance de la population et la destruction des terres arables. Il explique que l’augmentation de la main-d’œuvre rurale a entraîné une expansion des cultures vivrières de subsistance au détriment des cultures d’exportation, dans le contexte de la baisse des prix internationaux des produits alimentaires.

    Manifestation anti-gouvernementale exigeant la démission de Michel Martelly
    Manifestation anti-gouvernementale exigeant la démission de Michel Martelly

    D’autres études ont révélé que la performance économique en République dominicaine a été favorisée par la stabilité politique et macroéconomique. Bulmer-Thomas (Angleterre – Professeur spécialisé en Amérique latine et Caraïbes, 2001) constate que, pour les Caraïbes en général, les améliorations du PIB par habitant sont liées à l’augmentation des exportations par habitant, à la qualité des institutions et à la stabilité macroéconomique. La Banque mondiale (2006) soutient également que la République dominicaine a connu un environnement plus propice à l’investissement privé qu’Haïti en raison de la stabilité politique et des conditions macroéconomiques stables sur des périodes prolongées qui lui ont permis de suivre une stratégie de croissance plus diversifiée et orientée vers l’extérieur.

    En outre, le FMI (2001) soutient que la croissance de la République dominicaine au cours des années 1990 était basée sur la formation de capital et sur une forte croissance de la productivité, tandis que la libéralisation du commerce a encouragé l’investissement privé et la croissance de la production. En Haïti, toutefois, on observe une destruction continue des capitales en raison de la violence politique et des catastrophes naturelles, entraînant une baisse considérable des investissements privés.

    Les institutions historiques de la République dominicaine et d’Haïti étaient très similaires, ce qui implique que cela ne peut pas expliquer pleinement la divergence de croissance. En ce qui concerne l’impact du pouvoir colonial, la littérature ne témoigne pas de différences significatives entre les dominations coloniales espagnoles et françaises.

    La qualité des institutions était médiocre dans les deux pays jusqu’au début du XXe siècle jusqu’au moment de l’occupation militaire des États-Unis – avec une plus grande instabilité politique en République dominicaine. Entre l’indépendance de 1804 et l’occupation militaire des États-Unis en 1915, Haïti compte 33 chefs d’État d’une durée moyenne de 3,4 ans. Entre l’indépendance de 1844 et l’occupation militaire américaine de 1916, la République dominicaine comptait 61 chefs d’État, pour un mandat moyen de seulement 1,2 an.

    En termes généraux, les résultats de l’intervention des États-Unis dans les deux pays étaient semblables : l’ordre a été largement restauré ; les budgets des pays étaient équilibrés et la dette diminuée ; et l’infrastructure a été développée, y compris les nouvelles routes, les connexions téléphoniques, les installations portuaires et les services de santé publique et d’éducation. Cependant, les gouvernements qui ont suivi en Haïti n’ont pratiqué que des comportements de recherche de « rentes » sans effort pour maintenir l’infrastructure publique et les services sociaux, tandis que le régime de Trujillo en République dominicaine a favorisé l’agriculture, l’industrie et les travaux publics.

    La richesse dans une économie de rente dépend généralement du financement des contribuables. Il s’agit d’un commerce contraint qui ne profite qu’à une partie (entreprises à la recherche de rente) et n’ajoute aucune valeur nationale.

    Ministère du tourisme de la République dominicaine - Santo Domingo
    Ministère du tourisme de la République dominicaine – Santo Domingo

    La République dominicaine avait des tendances de croissance favorables entre 1960 et 2000, principalement alimentées par des gains de productivité et l’accumulation de capital. En revanche, la performance économique en Haïti a été sombre, avec une productivité du facteur total négative en quatre décennies. La croissance réelle dans les années 1970, la seule période durant laquelle Haïti a eu une croissance positive du PIB par habitant a été réalisée grâce à de solides efforts d’investissement.

    Au cours de cette période, l’infrastructure en République dominicaine a augmenté à un rythme plus rapide que la moyenne de la région. Au-delà de l’expansion des lignes téléphoniques (la mesure utilisée dans la régression), il y a eu une amélioration générale de l’infrastructure dans les années 1990, avec l’expansion de la production d’électricité et la construction dans les zones touristiques (y compris un aéroport international et des routes).

    En général, les politiques structurelles ont été le principal facteur déterminant de la croissance en République dominicaine et en Haïti, suivies par la stabilité politique et les politiques de stabilisation. L’amélioration des taux de croissance en République dominicaine s’explique en grande partie par les progrès réalisés dans les mesures structurelles, en particulier l’éducation et le crédit au secteur privé, et par une stabilité politique accrue.

  • L’ancienne Perle des Antilles parmi les 25 pays les plus pauvres du monde

    L’ancienne Perle des Antilles parmi les 25 pays les plus pauvres du monde

    Basé sur la parité de pouvoir d’achat (PPA), Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde avec un PIB par habitant de 1 863,84 dollars en 2017. Classée 14ème en 2017, le pays a perdu trois places par rapport à 2016, alors qu’il se classait 17e. Ce qui signifie que nous revenons en arrière en termes d’amélioration économique et de réduction de la pauvreté.

    Les grandes organisations internationales évaluent la richesse d’un pays à l’aide de différents facteurs. Un critère couramment utilisé – y compris par la Banque mondiale – est le PIB par habitant basé sur la parité de pouvoir d’achat (PPA). Le PIB en PPA est le produit intérieur brut converti en dollars internationaux courants au moyen des taux de parité des pouvoirs d’achat (PPA). Un dollar international a le même pouvoir d’achat sur le PIB du pays déclarant qu’un dollar américain aux États-Unis.

    Avec 23 pays dans le top 25, le continent africain domine le classement des pays les plus pauvres du monde. Les trois pays non africains sont Haïti en Amérique, l’Afghanistan en Asie et le Kiribati en Océanie. Haïti est l’un des rares pays de la liste à ne pas avoir été infligé par la guerre, mais les progrès ont été interrompus en raison de l’instabilité politique qui a freiné la croissance économique au cours des trois dernières décennies.

    Voir le tableau ci-dessous



    PIB par habitant (USD en PPA à prix courants) 

    Rang

    (2017)

    Continent

    Pays

    2015

    2016

    2017

    1AfriqueRépublique centrafricaine662693726
    2AfriqueBurundi797778771
    3AfriqueLibéria836813826
    4AfriqueCongo, Dem. représentant865868887
    5AfriqueNiger9679891017
    6AfriqueMalawi115911691202
    7AfriqueMozambique119112161247
    8AfriqueSierra Leone140014711526
    9AfriqueLes Comores150515221552
    10AfriqueMadagascar146615061555
    11AfriqueTogo143914971570
    12AfriqueGuinée Bissau154016161700
    13AfriqueGambie, La167016771715
    14AmériqueHaïti175817841815
    15AfriqueOuganda177418191864
    16AfriqueBurkina Faso170017711870
    17AfriqueEthiopie163317341899
    18AfriqueTchad220120261941
    19AsieAfghanistan192619441981
    20AfriqueRwanda184319312036
    Faible revenu196419732073
    21AfriqueZimbabwe203620272086
    22 Océanie Kiribati209521092175
    23AfriqueGuinée187220432195
    24AfriqueMali204421262211
    25AfriqueBénin211621672266
    Pays pauvres très endettés221022792380
    26îles Salomonîles Salomon228923502422
    27AsieYémen245815952456
    28AsieNépal246424782682
    29AfriqueSénégal244325662712
    Pays les moins avancés*254126072740
    30AfriqueTanzanie265327862946
    * classification de l’ONU
    Source: Banque Mondiale

    Haïti a généré un PIB de 8,02 milliards de dollars en 2016. L’ancienne «Perle des Antilles» s’était classée 22ème parmi les pays les plus pauvres du monde en 2016 avec un PIB de 752,2 dollars par habitant. Haïti avait gagné deux places au classement des nations qui produisent le moins de richesses en 2015, éloignée par le Népal et l’Erythrée classés respectivement 23e et 24e.

    Les quatre pays hors du continent africain, l’Afghanistan, Tadjikistan et le Népal en Asie et Haïti en Amérique, se situent tous en dessous de la 10e position du tableau avec des PIB par habitant tous supérieurs à 500 dollars par habitant, soit le double du pays le plus pauvre du monde : le Soudan du Sud (245,9 dollars par personne).