Tag: Migration

  • Plus de migrants haïtiens au camp frontalier de Del Rio

    Il n’y a plus de migrants haïtiens dans le camp situé sous le pont international de Del Rio au Texas, a déclaré vendredi à la presse le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.

    Lundi, M. Mayorkas est devenu le plus haut responsable de l’administration Biden à visiter la ville frontalière reculée du Texas. Des milliers de migrants, Haïtiens pour la plupart, s’y sont installés sous un pont dans l’espoir de demander l’asile.

    En vertu de cet ordre, connu sous le nom de Title 42, le département de la sécurité intérieure américain (US Department of Homeland Security: DHS) a transporté environ 2 000 migrants sur 17 vols vers Haïti, a déclaré Mayorkas. Environ 8 000 personnes ont décidé de retourner volontairement au Mexique, a-t-il déclaré.

    Environ 12 400 migrants qui se trouvaient dans le camp verront leur cas examiné par des juges de l’immigration afin de déterminer s’ils peuvent rester aux États-Unis.

    Plus de 5 000 cas sont toujours en cours de traitement par le DHS pour déterminer si elles doivent être expulsées immédiatement ou si leurs cas doivent être traités par des juges de l’immigration.

  • Daniel Foote démissionne suite aux expulsions des haïtiens

    L’envoyé spécial des États-Unis pour Haïti, Daniel Foote, a remis sa démission au secrétaire d’État Anthony Blinken. M. Foote dans une lettre a déclaré qu’il « ne sera pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens et d’immigrants illégaux vers Haïti » de la frontière américaine.

    M. Foot est un membre du Service diplomatique des États-Unis, nommé par l’administration Biden pour servir d’envoyé spécial pour Haïti. Sa mission était de dialoguer avec les partenaires haïtiens et internationaux pour faciliter la paix et la stabilité à long terme et soutenir les efforts visant à organiser des élections présidentielles et législatives libres et équitables en Haïti qui est actuellement confronté à de sérieux défis humanitaires et sécuritaires.

    Le pays est au bord de l’effondrement en raison de l’instabilité politique et des catastrophes naturelles depuis plusieurs années. Les émeutes, les manifestations de rue et la violence des gangs ont mis l’économie du pays à genoux. Le PIB a diminué trois années de suite. De nombreux Haïtiens trouvent le pays invivable et risquent leur vie pour atteindre les États-Unis.

    Quelque 13 000 personnes fuyant la pauvreté et la violence se sont réfugiées sous un pont à Del Rio, à la frontière mexicaine des États-Unis. L’administration Biden agit rapidement pour expulser les migrants en utilisant le « Title 42 » ; une politique controversée de l’ère Trump mise en place au début de la pandémie de COVID-19 pour accélérer les expulsions de migrants.

    Daniel Foote, a déclaré que l’approche politique des États-Unis à l’égard du pays est profondément erronée et que les Haïtiens ne devraient pas être renvoyés dans « un pays où les responsables américains sont confinés à des complexes sécurisés en raison du danger que représentent les gangs armés contrôlant la vie quotidienne ».

    Par ailleurs, l’administration Biden a déclaré qu’elle chercherait à admettre jusqu’à 125 000 réfugiés au cours de l’exercice prochain, qui commence en octobre. C’est le double du plafond actuel, bien que moins de 8 000 aient été acceptés au cours de cet exercice, le moins depuis des décennies. Les États-Unis prévoient également d’accueillir environ 95 000 Afghans fuyant les talibans, sans compter le plafond de réfugiés.

    « Le peuple Haïtien, embourbé dans la pauvreté, otage de la terreur, des enlèvements, des vols et des massacres de gangs armés et souffrant sous un gouvernement corrompu avec des alliances de gangs, ne peut tout simplement pas soutenir l’injection de force de milliers de migrants de retour manquant de nourriture, d’abri et de l’argent sans tragédie humaine supplémentaire et évitable », a ajouté le diplomate Américain.

  • Un juge fédéral bloque les expulsions, Biden fait appel

    Les autorités américaines prévoient de mettre les Haïtiens à Del Rio sur des vols de retour vers Haïti en vertu d’une loi sur la santé publique connue sous le nom de Title 42. Le programme permet à la patrouille frontalière des États-Unis et aux douanes américaines d’interdire l’entrée de personnes qui présentent potentiellement un risque pour la santé. Un tel risque peut être dû soit au fait d’être soumis à des restrictions de voyage annoncées précédemment, soit au fait qu’ils sont entrés illégalement dans le pays pour contourner les mesures de dépistage sanitaire.

    Un juge fédéral américain a décidé que le programme n’était plus applicable aux familles. Des groupes promigrants et certains démocrates ont critiqué le Title 42, la politique des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis (CDC), coupant l’accès légal à l’asile.

    Vendredi, l’administration Biden a fait appel de la décision du juge, qui aurait été effective dans deux semaines. L’administration avait mis fin à sa pratique d’admettre quotidiennement des migrants demandeurs d’asile jugés particulièrement vulnérables, comme les familles de migrants avec enfants.

    Les démocrates reçoivent mal les expulsions de l’administration Biden des Haïtiens à Capitol Hill. Dans une lettre adressée au département de la Sécurité intérieure et de la Santé et des Services sociaux, plus de 50 législateurs démocrates ont exhorté vendredi l’administration Biden à suspendre les expulsions vers Haïti, invoquant l’instabilité persistante dans le pays.

    Les responsables de la Maison-Blanche affirment que le président Biden poursuit la politique controversée de l’ère Trump qui a accéléré les expulsions de familles de migrants à la frontière sud pour empêcher la propagation du virus.

    Cependant, les responsables de la santé publique rapportent que cette utilisation du Title 42 n’aide pas à contenir le virus et a plutôt aggravé sa propagation. Ils soutiennent que les demandeurs d’asile sont détenus dans des centres de détention surpeuplés et insalubres, ce qui rend impossible la prise de distance et la protection contre le virus.

    En août, l’administration Biden avait officiellement lancé une procédure d’expulsion accélérée pour des familles de demandeurs d’asile dans environ 10 villes. Cela signifie que les familles qui ont demandé l’asile après le 28 mai 2021 ont moins d’un an pour défendre leur droit de rester aux États-Unis. Beaucoup le considèrent comme arbitraire et injuste étant donné que les cas d’asile, même avec un avocat et toutes les ressources imaginables, peuvent prendre des années pour être résolus équitablement.

  • Désignation d’Haïti pour TPS : Enjeux politico-économiques

    Ce vendredi 22 mai, le Secrétaire américain de la sécurité intérieure (Homeland Security dit DHS), Alejandro N. Mayorkas, a annoncé une nouvelle désignation de 18 mois accordant à Haïti le statut de protection temporaire (TPS). Elle permet aux ressortissants haïtiens (et aux personnes sans nationalité ayant résidé pour la dernière fois en Haïti) résidant actuellement aux États-Unis en date du 21 mai 2021 de déposer une première demande de TPS. Il y a deux mois, le DHS a accordé la même protection à des ressortissants Vénézuéliens. Les détenteurs de TPS contribuent à l’économie américaine et de nombreux immigrants haïtiens servent de travailleurs essentiels pendant la pandémie du COVID-19. Cette nouvelle désignation d’Haïti pour TPS aide non seulement Haïti, mais s’harmonise également avec les intérêts nationaux des États-Unis. Cela fait également progresser l’engagement des États-Unis avec la région et le reste de la communauté internationale.

    Cette nouvelle désignation d’Haïti pour TPS aide non seulement Haïti, mais s’harmonise également avec les intérêts américains.

    Les analystes estiment qu’il est dans l’intérêt national et régional de voir la sécurité et la stabilité dans la région. Haïti, qui fait face à une insécurité grave, à une instabilité politique et dont plus de 40% de sa population est confrontée à la crise alimentaire, a été un partenaire essentiel de l’effort international des États-Unis pour faire pression sur le régime de Maduro. Comme Haïti, aujourd’hui, le Venezuela est l’un des pays les plus pauvres de l’hémisphère occidental. Le pays est en proie à une insécurité économique, sanitaire et alimentaire sans précédent.

    Avec plus de 32 500 des quelque 56 400 bénéficiaires du TPS haïtiens vivant en Floride, le sénateur républicain Marco Rubio a plaidé à plusieurs reprises pour une extension de la mesure pour aider les ressortissants haïtiens. Il fait valoir qu’ils ne peuvent pas rentrer chez eux en raison de catastrophes nationales, de troubles politiques et de conditions extraordinaires sur l’île. Le Département d’État a publié un avis de niveau 4 « ne pas voyager », décrit comme « le plus haut niveau de conseil en raison de la plus grande probabilité de risques mortels », en raison de « l’enlèvement, la criminalité, les troubles civils et le COVID-19. »

    Début mars, le comité des affaires étrangères de la Chambre des Représentants américaine a tenu une audition sur les recommandations politiques sur Haïti pour l’administration Biden. Le président et le membre de haut rang du comité ont reconnu l’état fragile actuel d’Haïti. En outre, Dans une lettre ultérieure adressée au secrétaire d’État Anthony Blinken sur la politique américaine à l’égard d’Haïti, 69 membres de la Chambre ont exhorté l’administration à redésigner Haïti pour TPS. Il y a deux mois, le sénateur républicain Marco Rubio a envoyé une lettre bipartite à l’administration appelant à la nouvelle désignation d’Haïti pour TPS.

    Le Brookings Institute a rapporté qu’il y avait environ 12 millions d’immigrants sans papiers aux États-Unis. Au cours du 115e Congrès en 2017, les législateurs ont proposé sept projets de loi pour étendre le TPS ou fournir une voie d’accès au statut juridique pour au moins certains pays dont la désignation a pris fin. Ils ne sont allés nulle part en raison de l’environnement politique. L’élection de Biden et l’arrivée des démocrates au Sénat ont changé la dynamique politique à Capitol Hill. L’approche de certaines politiques d’immigration est devenue plus viable. Ces approches incluent l’extension du TPS pour Haïti expirée en juillet 2019 qui est restée dans les limbes jusqu’en décembre 2020, après les élections américaines. Plus récemment, une stratégie plus globale et bipartisane pour aider tous les Vénézuéliens, y compris les 484 450 personnes qui vivent actuellement aux États-Unis, est devenue viable. Depuis le 9 mars 2021, les autorités de l’immigration ont estimé que 323000 Vénézuéliens étaient devenus éligibles.

    Plus de 740 000 ressortissants étrangers, dont des Vénézuéliens, qui viennent d’être ajoutés à la liste, bénéficient du TPS. De nombreux bénéficiaires du TPS résident aux États-Unis depuis plus de 20 ans, dont environ 68 000 sont arrivés enfants de moins de 16 ans. Environ 273 000 enfants citoyens américains ont des parents bénéficiaires du TPS. Sans inclure le Venezuela, la grande majorité des bénéficiaires du TPS, plus de 90%, viennent de trois pays : El Salvador, le Honduras et Haïti. Les bénéficiaires du TPS haïtien sont les parents de 27000 enfants citoyens américains.

    Les titulaires de TPS font partie de la population active américaine, ce qui montre des taux de participation au travail plus élevés que les citoyens américains et d’autres groupes de non-citoyens. Plus des trois quarts des ménages avec des bénéficiaires du TPS avaient des revenus supérieurs au seuil de pauvreté – El Salvador (83%), Honduras (76%), et Haïti (81%). De plus, 11 pour cent des Salvadoriens, des Honduriens et des Haïtiens dans la population active sont des travailleurs indépendants, créant des emplois pour eux-mêmes et probablement pour les autres.

    Avec un revenu médian des ménages de plus de 45 000 dollars, deux aspects de la population haïtienne sont particulièrement remarquables, selon le rapport. Premièrement, presque tous les Haïtiens parlent au moins un peu l’anglais, et les trois quarts parlent bien l’anglais. Deuxièmement, les Haïtiens sont relativement bien éduqués – 71 pour cent sont des diplômés du secondaire et 37 pour cent ont fréquenté au moins un collège.

    La nouvelle désignation d’Haïti pour TPS favorisera la reprise, le développement et la stabilité régionale en préservant et en augmentant le flux des envois de fonds vers Haïti. Les envois de fonds de la diaspora haïtienne représentent plus d’un tiers du produit intérieur brut du pays et s’élevaient à douze fois plus que l’aide étrangère américaine en 2019. Ces fonds permettront de fournir un soutien directement aux adultes, familles et enfants haïtiens pour la nourriture soins de santé, logement, éducation et autres besoins de base qui permettront de répondre aux conditions menant à la migration.

    Par ailleurs, les Vénézuéliens sont très instruits et contribueront à l’économie américaine. Parmi l’ensemble de la population née à l’étranger aux États-Unis, les migrants vénézuéliens ont le plus haut niveau d’éducation: 57% des immigrants vénézuéliens aux États-Unis sont titulaires d’un diplôme universitaire. Fournir des TPS aux Vénézuéliens leur permettrait de rejoindre la population active formelle, ce qui entraînerait une augmentation des cotisations d’assurance-maladie et de sécurité sociale et de l’assiette fiscale nationale. Les Vénézuéliens sont connus pour leur esprit d’entreprise, ouvrant plusieurs entreprises qui fournissent des emplois aux habitants.

    Selon un rapport publié sur le Centre for Migration Studies (CMS), la fin du TPS entraînerait des conséquences négatives majeures. Le document rapporte que les États-Unis perdraient des centaines de milliers de migrants productifs. La plupart d’entre eux sont des contribuables et des résidents respectueux des lois depuis de nombreuses années. Environ 61 000 d’entre eux, dont un quart d’Haïtiens, seraient soudainement menacés. La fin du programme TPS pourrait également forcer des centaines de milliers de résidents américains de longue date, dont 273 200 enfants nés aux États-Unis et 67 800 qui ont été amenés ici comme enfants, à déménager dans un pays qui ne peut pas les réintégrer en toute sécurité et avec succès.